Côte d'Ivoire: LE 11 AVRIL 2011, LES MASQUES TOMBENT...Par Raphaël Dagbo

Par Ivoirebusiness - Côte d'Ivoire: LE 11 AVRIL 2011, LES MASQUES TOMBENT...Par Raphaël Dagbo.

Raphaël Dagbo

Dans un de ses discours, le Président Laurent Gbagbo rappelait qu’une
nation libre se construisait, hélas, parfois dans la douleur.

Les évènements du 11 avril 2011 marqués par les bombardements intenses de sa
résidence, entre le 31 mars et son arrestation humiliante, ne sont pas sans
faire écho à cette réflexion prémonitoire. Cette date associe dans nos
esprits trois grandes douleurs.

C’est d’abord la négation de la décision de la plus haute juridiction
(le Conseil constitutionnel) d’une nation à laquelle a été
théoriquement reconnue la "souveraineté" formelle ; une décision
contestée au moyen de la force, celle des bombardements opérés par les
hélicoptères d’une puissance étrangère.

La preuve est ainsi faite que la Côte d’Ivoire, comme tous les autres pays d’Afrique subsaharienne,
ex-colonies françaises, n’est pas encore effectivement admise dans le
cercle des nations dont les peuples peuvent disposer d’eux-mêmes.

Mais le 11 avril 2011 c’est aussi la réponse, sauvage, au Président
Laurent Gbagbo qui, en marge de son discours d’investiture du 4 décembre
2010, a affirmé qu’en sa qualité de Président de la République, il ne
"négocierait" jamais la souveraineté de son pays avec quelque nation que ce
soit. Il s’agissait de faire taire définitivement cette voix discordante
dans une Afrique jusque-là si peu regardante quant au respect de ses
propres droits.

Enfin, le 11 avril 2011, on vit s'exprimer de la façon la plus violemment
spectaculaire toute la haine accumulée contre Laurent Gbagbo ; cet homme qui
a osé théoriser au grand jour la légitimité des pays africains à mettre
enfin un vrai contenu dans leur souveraineté pourtant consubstantielle aux
indépendances octroyées quelques années plus tôt. En cela, Laurent Gbagbo
aura été dans son infortune un révélateur du statut réel des Etats
africains aujourd’hui.

Dans le même temps, il est un symbole vivant pour la jeunesse africaine tout entière qui, par cette "leçon de choses" qu’il
incarne pleinement, sait désormais que sa liberté reste à conquérir.
C’est à elle d’agir pour que chaque pays africain devienne réellement
l’artisan de son destin, sans compromission aucune.

Il y a donc un avant et un après le 11 avril 2011 qui a d’ailleurs
commencé à s’écrire. La bataille démocratique pour s’approprier les
piliers de la souveraineté des Etats africains est en marche. Jamais il
n’a été autant question que les pays africains disposent de leur monnaie
pour avoir la maîtrise réelle de leurs économies.

Ce ne sont pas les discours anachroniques et mensongers d’une certaine élite corrompue qui
endiguera cette lame de fond en action. Jamais dans les réflexions sur la
sécurité des Etats africains il n’a été autant mentionné l’exemple
de quelques pays - notamment anglophones comme le Ghana, pour ne citer que
celui-ci -, par rapport à leur capacité à maîtriser leur sécurité dans
cette zone en proie à de graves menaces d'instabilité qu’est l’Afrique
de l’Ouest.

Ce sont autant d’évolutions perçues par le Président
Laurent Gbagbo et qui lui valent, aujourd’hui encore, d’être acquitté
par la CPI sans que cela ne débouche sur le seul corollaire logique, à
savoir sa liberté totale et son retour en terre ivoirienne.

On le voit, le 11 avril 2011 est certes une date dont on se souvient
douloureusement - y compris maintenant parmi ceux qui en ont été hier les
acteurs les plus zélés -, mais c’est aussi un vrai révélateur agissant,
espérons-le, comme le dernier "baroud d’honneur" d’un système qui
prône hypocritement les droits de l’Homme à géométrie ajustable à ses
intérêts. Le sachant désormais encore un peu plus pour l’avoir vécu,
les Ivoiriens auront à coeur d'avancer ensemble vers la réconciliation,
malgré et en dépit de tous ceux qui font semblant de n'avoir pas compris
que le bonheur ne vaut que lorsqu’il est partagé.

Raphaël DAGBO
Président de l’Association des Amis de Laurent Gbagbo.