Côte d'Ivoire : Le Président Gbagbo réquisitionne la Bicici et la Sgbci, deux filiales de banques françaises

Le 18 février 2011 par IvoireBusiness – La décision de réquisition des banques frondeuses a été prise hier en Conseil des ministres, au

Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement ivoirien.

Le 18 février 2011 par IvoireBusiness – La décision de réquisition des banques frondeuses a été prise hier en Conseil des ministres, au

Palais présidentiel d’Abidjan Plateau.
En effet, le Président ivoirien Laurent Gbagbo a décidé jeudi 17 février de 'prendre le contrôle' de banques qui ont fermé cette semaine en Côte d’Ivoire, ces dernières n’ayant pas respecté les règles de fonctionnement en vigueur.
Il s’agit notamment de la Bicici et de la Sgbci, filiales des banques françaises BNP Paribas et Société générale.
C’est par décrets pris en Conseil des ministres que le Président de la République, Laurent Gbagbo, a pris le contrôle de ces banques par une prise de participation totale et complète dans le capital de celles-ci, indique un communiqué lu par le porte-parole de son gouvernement, Ahoua Don Mello, sur la télévision publique RTI.
Par cette prise de contrôle de ces banques, l’Etat de Côte d’Ivoire entend 'préserver les emplois et assurer l'accès des Ivoiriens et des opérateurs économiques à leurs avoirs' dans 'les plus brefs délais', a ajouté M. Don Mello.
Il ne s’agit pas, comme le glose une certaine presse étrangère, pour le Président Gbagbo d’assurer le paiement des fonctionnaires et militaires, dont la fidélité lui est vitale, mais de garantir un fonctionnement régulier des institutions de la République, sinon c’est la porte ouverte à l’anarchie.
Il s’agit aussi de rappeler fermement aux banques étrangères présentent en Côte d’Ivoire, qu’elles ne peuvent pas prendre leurs ordres de l’étranger et mépriser les institutions de l’Etat souverain de Côte d’Ivoire.
Depuis lundi, moins cinq banques, françaises et américaines notamment, ont suspendu leur activité en Côte d'Ivoire, créant un séisme financier et social dans le pays qui, malgré une décennie de crise politico-militaire, reste de loin l'économie la plus puissante de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA, huit pays), avec près de 40% de son PIB.
Le but avoué de ce séisme bancaire, provoqué par Alassane Ouattara, est de provoquer un soulèvement populaire contre le régime du Président Gbagbo, et d’obtenir ainsi la chute de son régime.
Pour l’instant, résultats escomptés par le camp Ouattara ne sont pas au rendez-vous. On assiste plus à une indignation populaire et une incompréhension.
A terme, un retour de manivelle ou effet Boomerang contre Alassane Ouattara est à prévoir.
Tout est parti de la rupture en janvier entre Abidjan et la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BECEAO), institut d'émission de l'UEMOA qui reconnaît Alassane Ouattara comme le président élu de la Côte d'Ivoire, malgré l'indignation de Laurent Gbagbo, Président élu de Côte d'Ivoire reconnu par le Conseil constitutionnel, instance législative suprême du pays.
Depuis lors, le régime Gbagbo, qu'on tente d'isoler financièrement pour le priver du robinet à francs CFA, s'est efforcé de monter un système bancaire viable à l'échelle ivoirienne. Y compris, selon plusieurs sources bancaires, en mettant 'une pression énorme' sur les filiales des grandes banques étrangères, pour qu'elles jouent le jeu

Le gouvernement français, comme fallait s'yn attendre, s’est réjoui hier de ces fermetures bancaires provisoires, des "mesures appropriées", y voyant "la conséquence du refus de Laurent Gbagbo" de partir et de céder le pouvoir à Alassane Ouattara qu'il soutient.

Pour le Premier ministre de Ouattara, Guillaume Soro, en visite à Dakar auprès du Président Wade, "c'est Gbagbo qui a occasionné la fermeture des banques". Il prône la "révolution" pour le faire céder, "comme en Egypte et en Tunisie", et cela dès le 21 février prochain jour de l’arrivée des Chefs d’Etat de l’UA membres du panel sur la crise postélectorale.
Nous y reviendrons.
Christian Vabé