Côte d'Ivoire : les négociations restent au point mort

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 05.01.11 | - Selon les médiateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union africaine (UA), Laurent Gbagbo a accepté de négocier sans condition préalable une issue

Laurent Gbagbo accueillant le Président Sierra léonais, Bai Koroma, le 03 janvier au palais présidentiel d'Abidjan.

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 05.01.11 | - Selon les médiateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union africaine (UA), Laurent Gbagbo a accepté de négocier sans condition préalable une issue

pacifique à la crise politique dans son pays, au lendemain de leur visite en Côte d'Ivoire.
Une offre immédiatement rejetée par le camp d'Alassane Ouattara, par la voix de son conseiller diplomatique, Ali Coulibaly, qui a affirmé que son camp souhaitait seulement que Laurent Gbagbo "s'en aille". M. Coulibaly a par ailleurs démenti l'annonce du premier ministre kényan, Raila Odinga, selon laquelle les deux rivaux avaient "accepté de se rencontrer face à face, mais à certaines conditions". M. Ouattara avait prévenu lundi soir que pour lui les discussions étaient "terminées".
Moins d'une semaine après une première mission infructueuse, les trois chefs d'Etat mandatés par la Cédéao – Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert) – étaient revenus lundi à Abidjan, cette fois accompagnés de l'émissaire de l'UA, le premier ministre kényan, Raila Odinga. Après des rencontres avec les deux rivaux, ils ont quitté le pays, où la crise a déjà fait près de deux cents morts selon l'ONU, sans qu'une avancée soit annoncée.
PAS DE PARTAGE DU POUVOIR POSSIBLE
Charles Blé Goudé, leader des Jeunes patriotes, pro-Gbagbo, a refusé de parler d'échec des négociations. "On ne peut pas dire que les discussions n'ont rien donné puisqu'elles continuent", a-t-il affirmé mardi sur la chaîne de télévision France 24, prônant le "dialogue".
Une "solution kényane" de partage du pouvoir entre rivaux politiques n'est pas envisageable, a pour sa part estimé Raila Odinga. "Cela n'est pas une façon de faire avancer les processus de démocratisation africains. C'est ce que l'équipe a dit à M. Gbagbo", a ajouté le médiateur.
"Aucune solution ne doit prévoir un accord de partage du pouvoir", a martelé Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine, qui a à nouveau appelé Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir "pour l'avenir de la démocratie en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'Ouest".
M. Crowley a confirmé que Washington était "prêt à discuter de la possibilité" que M. Gbagbo s'installe aux Etats-Unis après avoir quitté la Côte d'Ivoire. Il a toutefois ajouté que "tout projet de voyage vers les Etats-Unis devra prendre en compte" les violences qui se sont produites en Côte d'Ivoire depuis un mois.
L'INTERVENTION ARMÉE RESTE UNE OPTION
Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui assure la présidence tournante de la Cédéao, a souligné mardi que la Côte d'Ivoire reste "dans l'impasse". "Nous dialoguons", mais l'alternative pour M. Gbagbo reste la même, a-t-il prévenu après avoir rencontré les émissaires africains : céder la présidence à M. Ouattara, reconnu par la communauté internationale, ou risquer d'être délogé par une force militaire ouest-africaine.
Si l'Afrique de l'Ouest planche sur une éventuelle opération militaire, la France a d'ores et déjà averti qu'elle ne s'y associerait pas. Les neuf cents soldats de l'opération "Licorne" présents en Côte d'Ivoire "n'ont pas vocation à s'ingérer dans les affaires intérieures" du pays, a lancé mardi le président Nicolas Sarkozy.