A un mois de l’audience de confirmation ou non des charges: Réunions multiples à l’Elysée sur le cas de Gbagbo

Par Aujourd'hui - Réunions multiples à l’Elysée sur le cas de Gbagbo

Si l’on s’en tient au dernier calendrier publié par les juges de la chambre préliminaire 1 de la Cour pénale internationale (CPI), c’est à la mi- juin prochain que se tiendra l’au-dience de confirmation ou non des charges du bureau du procureur contre le président Laurent Gbagbo. Dans l’intervalle, l’on assiste depuis quelques jours, à une passe d’armes entre l’Accusation et la Défense qui, par le bu- reau du greffe interposé, échangent les écritures et tentent de ruiner les arguments l’un de l’autre. C’est à qui démontera et affaiblira son adversaire avant le jour-J.
ça, c’est la face visible de l’iceberg. Mais dans l’ombre se joue également une bataille toute aussi terrible. Il s’agit des influences politiques qui depuis le début, se sont invitées dans l’affaire « le procureur contre M. Laurent Gbagbo ». De sources proches du dossier, elles sont principalement du fait des autorités françaises qui sont depuis lors, à la manœuvre. Objectif, ne pas perdre la face devant le président Laurent Gbagbo, déterminé à faire éclater la vérité sur son arrestation et sa présence à la Haye. Dans ce sens, on indique de sources diplomatiques, que ces dernières semaines, François Hollande, sur proposition de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a tenu à deux reprises, une rencontre élargie aux membres de la cellule africaine de l’Elysée, sur le cas Laurent Gbagbo. Selon notre interlocuteur, il s’est agi de faire le point sur l’évolution du dossier du dirigeant ivoirien à la CPI et mieux, de dégager une posture nouvelle pour Paris. Faut-il encourager les juges de la chambre préliminaire 1, à confirmer les charges dans un mois et ouvrir ainsi la route à un procès de Gbagbo ou au contraire laisser les juges prononcer un non-lieu vu que la procureure Fatou Bensouda ne dispose jusque-là pas d’arguments imparables? Difficile de trancher parce que dans un cas comme dans l’autre, auraient souligné des participants au conclave, l’image de la France ne manquera pas de prendre un coup. Comme arguments, ils indiquent que la tenue effective d’un procès sera l’occasion pour Gbagbo de faire le grand déballage sur l’implication de Paris dans la crise ivoirienne et de livrer bien de secrets bien enfouis jusque-là. Echaudées par le récent show de Blé Goudé lors de sa comparution initiale, les autorités françaises, glisse la source, n’auraient aucunement l’envie d’offrir pareille tribune à un tribun du calibre de Laurent Gbagbo. D’autre part, un non-lieu mettrait à nu le complot franco-onusien contre l’ex-chef de l’Etat ivoirien. Une perspective effrayante pour Paris, vu que celle- ci pourrait ruiner tous les plans de la Hollandie à Abidjan en menaçant et le pouvoir Ouattara et les intérêts français dans le pays. Face à ces deux situations inconfortables, il aurait donc été convenu d’explorer une troisième voie : Celle qui consiste à conclure un deal avec Gbagbo en termes de liberté provisoire à lui accorder et en retour le dirigeant ivoirien accepterait de ne pas gêner la gouvernance Ouattara, jusqu’à ce que l’Elysée revoie ses plans en Côte d’Ivoire, quitte à inclure Gbagbo ou l’un de ses proches dans les solutions à trouver. Hollande aurait demandé selon nos sources, à ses homme d’être le plus persuasif possible sur ce schéma car en cas d’échec, il sera difficile pour la France de continuer à maintenir la ligne du ni oui ni non observée depuis bientôt un an par la CPI sur le cas Gbagbo. Parce que l’opinion internationale comprendrait mal que l’ex-n°1 ivoirien continue d’être ainsi pris en otage à la CPI alors que le procureur peine à trouver des charges suffisantes contre Laurent Gbagbo. Quelle sera la réponse du « Woody » de Mama à la proposition française ? Nul ne le sait pour l’heure. Mais en attendant, Paris mettrait en ce moment, toutes les chances de son côté en envoyant discrètement des émissaires au contact des lobbyistes parisiens du président Laurent Gbagbo. Les deux groupes dit-on se sont déjà rencontrés et ont promis de remettre le couvert dans les prochains jours. La grande confiance exprimée par la direction actuelle du FPI quant à la libération imminente de Laurent Gbagbo tient- elle de ces négociations souterraines ? Cela n’est pas impossible. ▄

Géraldine Diomandé