TRIBUNE: DÉMISSION DU PAPE BENOÎT XVI ET LA PAIX EN CÔTE D'IVOIRE

Le 11 mars 2013 par Correspondance particulière - BENOÎT XVI ET LA CÔTE D'IVOIRE.

La démission du Pape Benoît XVI, 700 ans après celle du Pape Célestin V
n'est pas étrangère aux crises traversées par les différentes églises du monde dont la
Côte d'Ivoire. Les causes de cette abdication deviennent plus explicites lorsque nous
méditons les différentes recommandations et les précisions du souverain pontife
démissionnaire, soucieux de dissiper nos doutes quant à sa décision qui semble
contredire la vie de son prédécesseur Jean Paul II, resté sur le Trône de Pierre jusqu'à
son dernier souffle, malgré la maladie, parce qu'il refusa de descendre de la croix,
selon les aveux de son secrétaire. Les arguments favorables à la démission du Pape
Benoît XVI auraient été sans fondements bibliques si l'Église s'en tenait à son attitude
pragmatique, empreinte d'humilité; une vertu qui ne suffit pas à faire du croyant un
élu de Dieu, puisque l'homme impie ou l'antichrist, ce loup dont parle les saintes
Écritures se manifestera aux hommes sous les traits d'un agneau. Le Pape théologien
et musicien Benoît XVI a su trouver les paroles justes pour nous réconcilier avec la
théologie de l'espérance et de la croix du Pape Jean Paul II, quand il souligne que sa
démission ne doit pas être interprétée comme un refus de la croix; il se retire pour
consacrer surtout le peu de force qu'il lui reste à la prière pour le bien de l'Église. Il
nous demande, à dessein, avant de se retirer de la vie publique, d'accorder une place
prépondérante à la figure du Christ dans notre vie, et relève la nécessité d'une
nouvelle orientation à imprimer à l'Église catholique. Les priorités relevées par le
saint Père démontrent que le clergé est confronté, au-delà des scandales qui
l'ébranlent, à une crise de foi aiguë, à l'origine de différents courants théologiques
radicalement opposés; ces "vents contraires" à la sainte doctrine héritée de Jésus et
des apôtres. Face à un tableau aussi triste dépeint par le Pape Benoît XVI, il nous
appartient, tout de même, de scruter les saintes Écritures, afin d'apprécier la justesse
de son abdication, son adéquation avec la sainte doctrine. Une telle attitude est
légitime et spirituelle puisque l'apôtre Jean nous invite à ne pas nous fier à tout esprit,
nous nous devons de les éprouver pour voir s'ils viennent de Dieu (cf. 1Jn 4, 1-6).
Satan peut, en effet, se manifester à nous sous les traits d'un ange de lumière. Que le
Pape Benoît XVI souffre donc de nous voir analyser son abdication à la lumière des
saintes Écritures, et de nous poser surtout la question suivante: "Ses problèmes
cardiaques lui permettent-il de renoncer au Trône de Pierre?" Sa sainteté lève luimême
toute équivoque concernant cette demande qui nous taraude l'esprit en
acceptant, contrairement au Pape Célestin V, de se faire appeler Pape émérite, et de
passer le reste de sa vie dans les murs du Vatican, au coeur des scandales, des
intrigues, afin d'oeuvrer, grâce à ses compétences acquises durant ses huit années de
pontificat, à l'unité d'une Église catholique divisée capable d'imploser à sa mort, en
restant après de nombreux conclaves sans Pape. Sa démission ne peut par conséquent
être interprétée comme un refus de porter la croix de Pierre. Voir les forces physiques
du Pape Benoît XVI lui faire défaut sur le chemin du calvaire est une expérience
naturelle partagée par le Christ Jésus lui-même, quand il tomba par trois fois sous le
poids de la croix. Symon de Cyrène fut un apport physique appréciable, il porta ainsi
sa croix jusqu'à Golgotha, où il fut crucifié. Comme Pape émérite, autorité spirituelle
de l'Église catholique, Benoît XVI confirme donc qu'il ne refuse pas de porter la
croix, mais portera à bonne fin sa mission unificatrice et sanctificatrice, grâce à l'aide
du nouveau Pape. Comme Moïse il s'occupera des affaires plus complexes de l'Église,
pendant que le nouveau Pape, à l'image d'Aaron se chargera des affaires courantes et
guidera le peuple en s'inspirant de ses conseils. Toujours comme Moïse sur la
montagne du Sinaï, il recevra l'inspiration divine favorable à une nouvelle orientation
de l'Église catholique pendant que le nouveau Pape comme Aaron guidera le peuple.
Pour la première fois dans l'Église nous aurons un Pape-théologien et prophète
(Benoît XVI) aux cotés d'un Pape-prêtre et roi, à qui reviendra l'anneau de Pierre, à
l'image de David, roi et prophète qui ne pouvait, cependant se passer des conseil du
prophète Natan. La croix est devenue si lourde que la Providence divine offre, de nos
jours, au monde, deux Papes pour imposer au mal des limites, afin que nous entrions
dans l'espérance annoncée par le Pape Jean Paul II; un temps de grâce et de vérité.
Nous en avons grandement besoin en Côte d'Ivoire, car notre nation fut victime de
cette division au sein de l'Église catholique à laquelle le Pape Benoît XVI a choisi
comme grand priant d'apporter des solutions idoines. Lorsque le Cardinal Agré
demanda durant le crise post-électorale de s'en tenir au respect de notre Constitution,
de notre Loi fondamentale comparable à la Bible, au Coran des croyants, d'autres
prélats préférèrent se soumettre aux vents contraires, à l'opinion publique
internationale farouchement opposée à l'application de notre Loi fondamentale.
L'Église catholique choisit alors de défendre la guerre comme solution à un
contentieux électoral, et une justice au service des vainqueurs, des riches. Face à la
proposition du président Laurent Gbagbo de recompter les voies pour résoudre la
crise postélectorale, les prélats furent de nouveau divisés sur une solution pourtant
pacifique. L'Église catholique de Côte d'Ivoire, notre Église n'est donc pas étrangère
aux crimes contre l'humanité commis dans notre pays, sur Elle coule aussi le sang des
innocents.
Nos prières vous accompagnent Très saint Père puisque votre démission
qui ne doit pas être interprétée comme une fuite de responsabilité, un refus de porter
la croix du Prince des apôtres créera les conditions favorables à l'unité de l'Église, à
sa sanctification, et à la Paix en Côte d'Ivoire. L'Église étant, avant tout, témoin de la
vérité, nous sommes invités, comme disciples du Christ Jésus, à reconnaître que le
président Laurent Gbagbo qui, grâce à une amnistie, a réconcilié les Ivoiriens après le
coup d' État de 2002, et a proposé une solution pacifique au contentieux électoral de
son pays ne peut être tenu pour responsable des 3000 morts. Intercédez pour nous
Saint Père auprès du Père céleste, des anges et de notre Sainte Mère qui combattent
avec nous les forces de la division et du mal. Gloire à Dieu au plus haut des Cieux,
Paix sur terre aux hommes de bonne volonté. Communion dans la prière Saint Père
Benoît XVI, nous restons unis à vous sur le chemin des justes, dans le silence et la
prière constante.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)