A TOUT VENT par DIDIER DEPRY: Une RTI tribale, dictatoriale et ennuyeuse

Par Notre Voie - Une RTI tribale, dictatoriale et ennuyeuse.

PHOTO: Le Directeur général de la RTI Ahmadou Bakoyoko.

Mes confrères de la presse occidentale principalement ceux de la presse française si prolixes sous Laurent Gbagbo pour qualifier la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI) de tous les noms, même de ceux qui paraissaient injustes et ne reflétaient pas la réalité des faits, sont devenus subitement aphones sous Alassane Dramane Ouattara. Alors que la RTI est aujourd’hui au plus profond de l’abîme. La télévision et la radio « nationales » sous Ouattara sont si indigestes et si réfractaires à la liberté d’expression que Bert Koenders, l’ex-Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, s’en était offusqué publiquement, en des termes peu voilés, au cours d’une rencontre avec des journalistes dans un restaurant d’Abidjan, il y a un peu plus d’un an.
M. Koenders trouvait que « Le Club de la presse » diffusée chaque dimanche à partir de 18h sur la première chaîne de la RTI (baptisée par le nouveau Pouvoir, RTI 1) était l’unique émission, dans la grisaille de la télévision ivoirienne version Ouattara, qui tentait de sauver l’image de la RTI. Le contentement de Koenders fut de courte durée puisque « Le Club de la presse » a été supprimé par la direction de la RTI sur pression, a-t-on appris de sources concordantes, du Palais présidentiel. Au motif que les journalistes invités à cette émission pour décortiquer l’actualité sociopolitique du pays critiquaient rudement la gouvernance Ouattara. Et comme M. Ouattara abhorre la critique, l’émission a été rayée de la grille des programmes.
A la RTI, la démocratie et la liberté d’expression n’ont plus leur place. A preuve, l’opposition n’a aucun temps de parole ni de temps d’antenne sur la télévision « nationale ». Ce qui n’était pas le cas sous Gbagbo. A la RTI, les artistes qui critiquent la gestion de Ouattara ou qui ont une quelconque sympathie pour Gbagbo sont interdits de diffusion. Adama Dahico, Serges Kassy, Aïcha Koné, Gadji Céli, Billy Billy… sont tous black-listés.
Tout est fait et fonctionne à la RTI à la gloire d’Alassane Dramane Ouattara. Le personnel retenu ou recruté l’est à l’aune du « rattrapage ethnique » (la politique ethnique et discriminatoire prônée par Ouattara) et de la coloration politique (Rdr ou Rhdp).Tous les agents de la RTI soupçonnés de sympathie pour Laurent Gbagbo ont été licenciés, en dépit, pour un grand nombre, de leur expertise et leur expérience professionnelle enviables.
Pour chanter les louanges du «maître » et veiller au culte de sa personnalité, la direction de la RTI a été totalement tribalisée. 98 % des responsables de la RTI sont tous des ressortissants du nord dont se réclame Alassane Dramane Ouattara. Le Directeur général se nomme Ahmadou Bakoyoko ; le Directeur de l'information des deux chaînes de télévision RTI 1 et RTI2 est Koné Laciné ; Touré Sanga est le Directeur des chaînes TV y compris RTI Bouaké ; Mariama Da Chagas dirige RTI Publicité ; Cissé Mohamed Lamine est le Directeur de la Production des Magazines et Fictions de RTI1 ; Yéo Adama a été nommé directeur de la future Société de Diffusion de Côte d'Ivoire. Touré Aboubacar (directeur des ressources humaines), Abou Hogo (directeur de la comptabilité), Habiba Dembélé-Sahuet (directrice des reportages), Koné Lanciné (directeur des programmes), Siédou Coulibaly (directeur de la diffusion), Traoré Abou (directeur de l'information) et Saly Silué Konaté (directrice de Radio Côte d'Ivoire).
Conséquence, la RTI est plus que jamais la caisse de résonnance d’une idéologie du culte familiale où Dominique et Alassane Ouattara se livrent une « féroce » concurrence au grand dam du reste de la population ivoirienne.

Par Didier Depry didierdepri@yahoo.fr