Sénégal: les acteurs politiques à la recherche d’une nouvelle date pour la Présidentielle

Par APA- Au Sénégal, les acteurs politiques à la recherche d’une nouvelle date pour la Présidentielle.

Les consultations du président Macky Sall pour aboutir à une date consensuelle pour l’élection présidentielle de 2024 devraient durer deux jours, selon des sources médiatiques.

Au Sénégal, des réactions contrastées fusent après que le Conseil constitutionnel a invalidé le report de la Présidentielle et retoqué le décret de Macky Sall convoquant le corps électoral pour le 25 février. Des partisans de la tenue du scrutin avant le 2 avril 2024, date limite du mandat du président sénégalais sortant, font face à des acteurs qui souhaitent que les cartes soient rabattues, avec une nouvelle liste de candidats contre les vingt officiellement retenus pour le moment.

Face à ces camps opposés, le président Sall a décidé de s’en tenir à la ligne fixée par le Conseil constitutionnel, entamant le début de semaine par des consultations devant mener à la définition de nouvelles dates pour la campagne électorale et la présidentielle.

« Le chef de l’Etat a décidé de mener officiellement ses consultations aujourd’hui (lundi) et demain (mardi), à la suite de la décision du Conseil constitutionnel ayant annulé le décret abrogeant celui convoquant le collège électoral pour le 25 février 2024 et la loi constitutionnelle reportant la Présidentielle au 15 décembre 2024. Ainsi, les acteurs vont défiler individuellement devant le Président Macky Sall pour échanger avec ce dernier sur les éléments devant constituer le nouveau processus électoral (temps de la campagne électorale, dates des scrutins (1er et 2ème tours) », explique le journal sénégalais Le Quotidien dans sa parution de ce lundi 19 février.

Alors que des voix s’élèvent depuis la semaine dernière pour indiquer que Macky Sall doit s’entretenir exclusivement avec les vingt candidats retenus par le Conseil constitutionnel, le chef de l’Etat tiendra ces tête-à-tête avec « différents acteurs », précise le journal. A l’issue, il « fixera les nouvelles dates du processus électoral : la durée de la campagne et la date du premier tour de l’élection présidentielle, et celle du second tour, si éventuellement celui-ci a lieu ».

Samedi dernier, des organisations de la société civile soutenues par des partisans de l’opposition, ont organisé à Dakar « une marche silencieuse et pacifique » pour exprimer leur désaccord à tout report de la présidentielle ou le prolongement du mandat du président de la République. Des milliers de Sénégalais ont assisté à la manifestation, certains d’entre eux affirmant même leur préférence pour « la date du 3 ou 10 du mars 2024 » pour l’organisation du scrutin présidentiel.

« Dans les meilleurs délais », une ambigüité ?

Face à la presse hier dimanche, le candidat El Hadji Malick Gakou a indiqué que le premier tour du scrutin peut valablement se tenir « le 3 mars 2024 », première étape du calendrier qu’il a proposé pour permettre à Macky Sall de passer la main à son successeur le 2 avril prochain. « S’il y a second tour, il intervient le deuxième dimanche suivant le prononcé de la décision du Conseil constitutionnel, ce qui pourrait être le dimanche 31 mars », a souligné l’un des six candidats à la présidentielle de la principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi (libérer le peuple), dont sont membres l’opposant incarcéré Ousmane Sonko et son candidat, également en prison, Bassirou Diomaye Faye.

En effet, plusieurs ambiguïtés, entretenues par des figures du pouvoir et de l’opposition, portent sur l’expression « dans les meilleurs délais » employée par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 15 février dernier et par laquelle il demande la tenue de la présidentielle sans préciser de date. Ils estiment que cette formule n’est pas claire et donnent la latitude au président sortant d’organiser le scrutin au moment qu’il veut.

Regroupés dans le Front démocratique pour une élection inclusive (FDPEI), les candidats recalés par le conseil dont celui du Parti démocratique sénégalais (PDS), l’opposant en exil Karim Wade, disent comprendre par la décision de la haute juridiction l’acte de « la reprise intégrale du processus électoral ». « Cette reprise intégrale du processus, en termes clairs, postule que toutes les décisions prises concernant l’élection présidentielle du 25 février 2024 sont caduques. Ainsi les candidats spoliés, les candidats validés, tout comme le candidat injustement écarté pour prétendue binationalité (Karim Wade), sont aujourd’hui tous logés à la même enseigne », indique le FDPEI.

En réponse, quinze des vingt candidats officiels soulignent que le Conseil a réaffirmé par sa décision « l’intégrité du processus électoral en cours et l’intangibilité de la liste des candidats retenus pour participer à l’élection présidentielle ». Dans un communiqué conjoint non signé par le candidat du pouvoir Amadou Ba, les opposants Idrissa Seck, Boubacar Camara, Mahammed Boun Abdallah Dionne et Rose Wardini, les quinze observent que le scrutin ne peut être « reporté au-delà de la durée du mandat présidentiel », c’est-à-dire le 2 avril 2024.

Interrogé par APA, le Mauritanien Moussa Diaw, spécialiste en sciences politiques, n’est pas loin de cette position. « En utilisant les concepts +meilleurs délais+, le Conseil constitutionnel laisse le soin à l’Exécutif de reprendre la main pour des concertations afin de choisir une date consensuelle afin d’organiser une élection qui soit conforme aux dispositions de la constitution. Évidemment, en tenant compte de la date limite du mandat du président sortant (Macky Sall), c’est-à-dire le 2 avril 2024 », a précisé l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord).

ODL/ac/APA