Scandale/ Le Rhdp et la carte de la fraude : Certains domiciles de cadres du RHDP érigés en centre d’enrôlement

Par Aujourd'hui - Scandale. Le Rhdp et la carte de la fraude. Certains domiciles de cadres du RHDP érigés en centre d’enrôlement.

De nouvelles crispations sont nées ces dernières semaines en Côte d’Ivoire où une élection présidentielle doit être organisée le 31 octobre prochain. Mais à trois mois de ce scrutin, l’enrôlement des électeurs et plus spécifiquement des nouveaux majeurs est devenu un nouveau nœud gordien de ce processus qui n’inspirait déjà pas confiance à l’opposition qui, en bloc, refuse toujours d’adouber la commission électorale indépendante en raison de sa composition.

L’opposition redoute notamment des fraudes massives contre ses candidats avec la bienveillante attention de la CEI qui est totalement inféodée au RHDP, le parti au pouvoir et n’inspire, de ce fait, pas confiance à la majorité des Ivoiriens.

Et ça repart ! À quelques mois seulement de la présidentielle prévue en octobre prochain, de nouvelles crispations sont apparues ces dernières semaines en Côte d’Ivoire où l’opposition souhaite la poursuite des opérations d’enrôlement parce que le déroulement de celles-ci ont été émaillées par de nombreuses péripéties telles que la prescription de mesures barrières, notamment l’interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes, et plus récemment par les inondations.

Mais le gouvernement s’en est tenu aux deux petites prorogations demandées par la commission électorale indépendante et a fixé la fin de l’enrôlement sur les listes électorales au dimanche 5 juillet prochain, délai de rigueur.

Plusieurs personnalités de l’opposition avaient pourtant écrit à la commission pour quérir un délai supplémentaire d’au moins quinze jours. Mais sans leur répondre, la CEI a coupé la poire en deux en demandant six jours au gouvernement et en demandant six nouveaux jours en raison des inondations qui ont fait flotter la ville d’Abidjan pendant plusieurs jours et empêché du coup l’opération.

Or en dehors des politiques, des associations de nouveaux majeurs, ces jeunes qui doivent voter pour la première fois, avaient aussi demandé un délai supplémentaire d’un mois minimum parce qu’ils sont 4,5 millions à être dans la même situation et que l’inscription d’une seule personne prend parfois jusqu’à trente minutes.

On a pourtant cru, à la faveur d’une grande campagne de communication qui a ciblé majoritairement l’enrôlement des jeunes que le gouvernement était prêt à des concessions raisonnables. Mais, visiblement, les délais sont trop courts et ne permettent pas d’enrôler le maximum de jeunes. Au demeurant, le gouvernement est même devenu sourd aux préoccupations de ceux qui demandent une prolongation satisfaisante du délai.

Cette crispation qui s’installe peu à peu s’ajoute ainsi aux soupçons que la CEI inspire à l’opposition depuis sa mise en place. Dans un tel contexte, l’autoritarisme de la commission qui n’a pas daigné associer la classe politique à ces dernières décisions ne peut que renforcer la méfiance.

C’est en effet comme si le seul partenaire viable qui compte est le gouvernement et donc le RHDP qui est aussi le parti au pouvoir avec lequel la CEI semble du coup vouloir s’entendre et avec personne d’autre. Et cette situation met sur la défensive l’opposition puisque la part du RHDP dans la commission centrale de la CEI est de 95%. Celle-ci rase les 100% dans les structures décentralisées, attisant ainsi les craintes d’une opposition que ni la commission et encore moins le gouvernement ne veulent écouter.

Des fraudes déguisées en irrégularités

De nombreuses irrégularités qui peuvent également s’analyser comme des fraudes déguisées ont pourtant émaillé toute la durée de l’opération. Il s’agit de l’insuffisance du matériel d’enrôlement. Les 2000 unités mobiles promises par le gouvernement ne sont en effet jamais arrivées et le matériel était soit défectueux soit régulièrement en panne. Ce qui a pénalisé aussi bien à Abidjan que dans les zones rurales où il faut se déplacer vers les villes qui sont les centres d’enrôlement.

A cela, il faut ajouter le manque d’imprimés dans certaines localités et le temps imparti pour l’actualisation de la liste électorale. Celui-ci s’est révélé insuffisant sur le terrain en raison du surplus de travail pour les sous-préfets et les magistrats totalement débordés par les demandes à traiter. De sorte que dans plusieurs localités, ils ont eu des difficultés à respecter les délais pour la délivrance des pièces administratives.

Ainsi, des milliers de pétitionnaires n’ont pas encore obtenu leurs pièces administratives alors que l’opération s’achève le dimanche prochain. Soit en raison des lenteurs administratives, soit à cause de leur incapacité à se déplacer en raison de l’isolement du Grand Abidjan ;

La lenteur des opérateurs dans les lieux d’enrôlement

Sur certains sites, on peut prendre quinze à trente minutes pour l’enrôlement d’une seule personne. Quant aux nouveaux majeurs, des milliers d’entre eux ont eu des difficultés dans l’obtention des pièces de base.
D’ailleurs en milieu urbain, les agents de la justice continuent de faire payer plus de 500 F aux jeunes gens, contrairement aux consignes gouvernementales ; ce qui a retardé l’obtention des pièces. De sorte qu’il a fallu une semaine voire plus à ceux qui n’ont que les 500 F. Bref, toutes ses situations ont largement compromis l’inscription de milliers de nouveaux majeurs.

Des domiciles pour recenser les militants du RHDP

Certains domiciles de cadres du RHDP ont ainsi été érigés en centre d’enrôlement contre tout bon sens. Evidemment, une telle forfaiture n’est pas fortuite puisqu’elle vise à favoriser la fraude au profit du parti de celui qui offre le gîte et glisse certainement aussi quelques billets de banque. Malgré tout, le principal nœud gordien reste l’enrôlement frauduleux des ressortissants de la CEDEAO. Plusieurs témoignages font en effet état de l’enrôlement des étrangers. D’ailleurs, ce sont généralement ceux qui refusent de se prêter à ce jeu qui s’en ouvrent à leur entourage.

D’ailleurs Zéphirin Dabiré, un opposant burkinabé a clairement déconseillé aux ressortissants de son pays vivant en Côte d’Ivoire de se mêler des élections ivoiriennes. Ce qui est d’une certaine façon un aveu que de telles pratiques sont courantes dans le cadre de cette procédure d’enrôlement.
En effet, comment ne pas y croire lorsque le porte-parole du RHDP, Adjoumani Kobenan n’hésite pas à reconnaître que les dirigeants de cette coalition n’avaient pas honte d’enrôler des étrangers sur leurs fichiers électoraux.

A tous ces manquements qui sont également autant de techniques de fraude s’ajoute un fait nouveau d’une gravité incroyable. Il consiste à faire changer de lieu de vote à des électeurs qui ne l’ont pas demandé. Par exemple, un électeur inscrit dans un bureau de vote à Abidjan, voit son nom dans un bureau de vote à l’intérieur du pays ou parfois même à l’extérieur du pays. Le secrétaire exécutif du PDCI, lui, a évoqué des noms d’Ivoiriens de la diaspora russe qui se retrouvent sur la liste électorale de Duékoué et de Bangolo.

Ces mouvements de déplacements massifs d’électeurs visent en réalité à ne pas faire voter des milliers d’électeurs. Et cela, avec la complicité de la CEI.

SEVERINE BLE