Revirement procès de Simone Gbagbo/ Les avocats commis d’office annoncent leur retrait: "Lundi, on ne sera pas à la barre"

Par IvoireBusiness - Revirement procès de Simone Gbagbo – Les 3 avocats commis d’office annoncent leur retrait du procès "Lundi, on ne sera pas à la barre".«Nous sommes devant une grave et intolérable dérive totalitaire et une négation des droits de la défense».

Mme Simone Gbagbo à son procès aux assises d'Abidjan. Image d'archives.

Les trois avocats commis d'office de l'ex-première dame de Côte d'Ivoire, Madame Simone Ehivet Gbagbo, jugée aux assises d'Abidjan, ont annoncé vendredi au cours d'une conférence de presse à Abidjan, qu'ils n'assisteront pas à la phase finale du procès prévue à partir de lundi, dénonçant l'absence de documents dans le dossier d'accusation, le remplacement d'un assesseur par un autre en cours de procédure, et réclamé une nouvelle fois une reprise totale du procès.

"Lundi, on ne sera pas à la barre", a résumé vendredi Me Amany Koumé, un des trois avocats commis d'office.

Pour Me Patrick Georges Vieira, "la justice a le devoir de retrouver les 10.000 pièces manquantes" au dossier d'accusation. Il s'agit d'une "situation ubuesque, qui est une atteinte aux droits de la défense. Le caractère équitable (du procès) est indiscutablement remis en cause", a-t-il martelé.
"La Cour s'est présentée dans une composition inédite le 10 janvier 2017 (un magistrat a été muté et remplacé par un autre, ndlr) (...) 7 mois après le début du procès", a ajouté Me Amany Koumé, pour qui la "seule alternative" est une reprise du procès depuis le début.
"Il s'agit d'élémentaires exigences légales (...) La Cour a décidé de passer outre. Nous sommes devant une grave et intolérable dérive totalitaire
(...) et une négation des droits de la défense", a jugé de son côté Me Claude Mentenon.
Entrecoupé de nombreuses suspensions depuis son ouverture le 31 mai 2016, le procès est quasiment à l'arrêt depuis le retrait fin novembre des avocats de Mme Gbagbo, allant de report en report après des discussions de procédure.
Lundi, les parties civiles devraient plaider, avant que le procureur ne prononce son réquisitoire. Mme Gbagbo, qui risque une peine de prison à vie et dont la dernière apparition au tribunal remonte à fin novembre 2016, ne devrait pas être présente.

Simone Gbagbo est jugée pour son implication présumée dans des tirs d'obus sur le marché d'Abobo, un quartier d'Abidjan, dont elle était la Députée tout en étant Première Dame de Côte d'Ivoire.
Elle n'a jamais reconnue les faits. Même le Général Edouard Kassaraté, lors de son audition à la Cour pénale internationale, a confirmé que Mme Gbagbo était une femme de paix qui s'est toujours souciée du sort des populations d'Abobo lors des bombardements qu'il a imputé au commando invisible d'IB, un ancien garde du corps d'Alassane Ouattara, tué par les éléments de Cherif Ousmane après la capture du Président Laurent Gbagbo par les forces françaises Licorne et l'ONUCI.

Les crimes du commando invisible à Abobo et dans plusieurs quartiers d'Abidjan, ont été commis lors de la crise post-électorale qui a fait plus de 3.000 morts
en cinq mois dans le pays, après le refus d'Alassane Ouattara de reconnaître la victoire électorale du Président Laurent Gbagbo, confirmée par le Conseil constitutionnel, la plus haute instance judiciaire du pays, dont les délibérations ne souffrent aucune contestation.

Eric Lassale