RDC - La rébellion armée contre Kabila en déroute: l'armée défait les rebelles du M23, une victoire historique

Bunagana (RD Congo) (AFP) - l'armée défait les rebelles du M23. Ces derniers déposent les armes.

Des soldats congolais poursuivent leur offensive contre les rebelles du M23, le 4 novembre 2013 près de Rutshuru, dans l'est de la RDC.
afp.com - Junior D. Kannah.

Le Mouvement du M23 a annoncé mardi "mettre un terme à sa rébellion" quelques heures après avoir été chassé par les armes des dernières positions qu'il occupait depuis plus d'un an dans l'Est de la République démocratique du Congo.
L'armée congolaise a vaincu mardi la rébellion du M23 dans l'Est de la République démocratique du Congo, obtenant une victoire militaire historique pour la première fois en cinquante ans.

Les derniers combattants du M23 ont été chassés pendant la nuit des deux dernières positions qu'ils occupaient dans les montagnes du Nord-Kivu, frontalières du Rwanda et de l'Ouganda.

Cette province de l'Est du pays, riche en ressources naturelles, est un foyer historique de multiples rébellions qui ont destabilisé la RDC depuis une vingtaine d'années.

C'est de là qu'était parti en 1996 l'AFDL de Lauret-Désiré Kabila (père de l'actuel président Joseph Kabila) qui, avec l'aide du Rwanda voisin, allait renverser l'année suivante la dictature de Mobutu Sese Seko et prendre le pouvoir à Kinshasa.

Le Nord-Kivu a ensuite été l'épicentre de la grande guerre africaine de 1998 à 2003, impliquant une une dizaines de pays sur tout le territoire congolais.

Depuis lors, plusieurs groupes rebelles n'ont cessé d'agiter l'Est de la RDC et de menacer la stabilité régionale. Ces mouvements, essentiellement composés de Tutsis congolais, se sont toujours constitués en rempart contre les ex-génocidaires hutus rwandais des FDLR présents dans la région depuis 1994.

Défait sur le terrain, le M23 a annoncé mardi matin qu'il mettait "un terme à sa rébellion".

Le gouvernement congolais a proclamé de son côté une "victoire totale" contre un dernier carré de 200 à 300 rebelles - selon les estimations - qui s'étaient retranchés sur les collines de Mbuzi, Chanzu et Runyonyi, à environ 80 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu.

"Chacun pour soi et Dieu pour tous"

En une dizaine de jours, au terme d'une offensive sur deux axes et soutenue par les casques bleus de la Monusco, l'armée loyaliste a repris l'intégralité du territoire qu'occupait le M23 depuis dix-huit mois.

Les derniers rebelles ont "fui pour la plupart vers le Rwanda", a affirmé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.

"Ils ont brûlé 42 véhicules et leurs dépôts de munitions; ils se sont dispersés dans tous les sens. Chacun pour soi et Dieu pour tous", s'est réjoui un officier des Forces armées de la RDC (FARDC). Selon un autre officier, une cinquantaine de combattants rebelles se sont rendus.

Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a affirmé que le chef militaire du M23 Sultani Makenga avait "fui vers le Rwanda", où de nombreux rebelles ont également pu trouver refuge, ainsi qu'en Ouganda.

Au faîte de sa puissance, le Mouvement du 23 Mars (M23) avait occupé Goma pendant quelques jours en novembre 2012, avant de se replier à quelques kilomètres sous la pression de la communauté internationale.

Ce mouvement, s'appuyant sur les populations rwandophones locales, était né d'une mutinerie d'anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée trois ans plus tôt après un accord de paix.

Le M23 semble avoir été lâché par le Rwanda et l'Ouganda, les deux pays accusés par les Nations unies de le soutenir, et qui ont fait l'objet d'intenses pressions diplomatiques, notamment américaines, pour que cela cesse.

Soutenue logistiquement par la Monusco, l'armée a combattu seule contre le M23 depuis le 25 octobre... jusqu'à lundi où elle a reçu un appui des Casques bleus après la mort de six civils tués par des obus de mortiers à Bunagana, localité à la frontière ougandaise. Deux hélicoptères sud-africains sont alors intervenus pour "tirer sur le centre de commandement identifié du M23, cela les a désorganisés [...] et ils ont compris que, militairement, avec ou sans nous, ils avaient perdu", selon une source au sein de la Monusco.

La défaite du M23 marque la première victoire de l'armée congolaise contre une rébellion majeure depuis la fin de la sécession du Katanga en 1963. A l'époque, c'est l'intervention de troupes étrangères qui avait été décisive pour ramener dans le giron congolais cette riche province du Sud-Est du pays qui s'était séparée en 1960 au moment ou l'ancien Congo belge devenait indépendant.

Ces dernières années, l'armée gouvernementale était surtout réputée pour son indiscipline, ses pillages contre les populations et son inefficacité.

Dans sa déclaration de "fin de rébellion" publié après sa défaite, le M23 indique qu'il "compte poursuivre, par des moyens purement politiques, le recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création".

La communauté internationale a encouragé lundi les deux parties à parvenir à un "accord final", et les voisins de la RDC, réunis a Pretoria, ont demandé au gouvernement de Kinshasa d'accepter "publiquement" l'annonce du démantèlement de la rébellion pour permettre la signature d'un accord formel "cinq jours après".

Cet accord se ferait sur la base des discussions que deux parties entretiennent bon an mal an à Kampala, sous l'égide de l'Ouganda, depuis décembre, et qui achoppent depuis plusieurs semaines sur plusieurs points, notamment l'amnistie dont pourraient bénéficier les rebelle.

AFP
NB: Le titre est de la rédaction.