Réaménagement technique du gouvernement: Les dessous de la nomination de Bacongo à la Fonction publique

Par Le Quotidien d’Abidjan - Réaménagement technique du gouvernement: Les dessous de la nomination de Bacongo à la Fonction publique.

Depuis mercredi dernier, Gnamien Konan n’est plus ministre de la Fonction publique. Il occupe désormais le fauteuil de l’Enseignement supérieur en remplacement de Cissé Bacongo qui prend celui de la Fonction publique. Ainsi en a décidé le conseil des ministres présidé ce jour-là par Alassane Ouattara lui-même. A la base de ce réaménagement technique, selon le gouvernement, les événements survenus récemment à l’université suite à la descente musclée de la police universitaire sur le campus pour bastonner les étudiants. Evénements qui, de l’avis du gouvernement, aurait été mal géré par Ibrahim Cissé Bacongo, le ministre de tutelle. Il fallait donc le faire partir pour ramener la paix dans le temple du savoir où les professeurs avaient commencé à rentrer dans la danse. Et l’homme providentiel pour prendre sa place, de l’avis des gouvernants, est Gnamien Konan. Considéré comme un travailleur rigoureux et ayant une parfaite maîtrise de la gestion administrative, le chef de l’Etat l’aurait vu comme l’oiseau providentiel qui pourrait apporter son expertise là où son prédécesseur a lamentablement échoué. Mais les analystes politiques ont une autre lecture de la permutation qui vient d’être opérée à la tête des deux ministères. Une lecture politique qui révèle les dessous de ce réaménagement technique. La vérité, c’est que le parachutage de Cissé Bacongo à la tête du ministère de la Fonction publique s’inscrit dans une stratégie politicienne bien ficelée visant à régler les problèmes d’emploi des frustrés du RDR et le recrutement massif des ex-combattants à la fonction publique. Cela est d’autant plus vrai que Gnamien Konan a toujours constitué un obstacle à cette politique qui encourage et célèbre la médiocrité. Situation que Ouattara ne pouvait plus supporter et tolérer longtemps, vu que l’on avance progressivement vers la présidentielle de 2015. Une échéance assez capitale pour le chef de l’Etat qui pense qu’il est temps de faire face aux problèmes des frustrés en vue de ramener la cohésion au sein de son parti. Pour réussir ce pari, dans les calculs du chef de l’Etat, il faut un cacique du RDR à la tête du ministère de la Fonction publique pour caser les militants avant l’échéance de 2015. Et là Cissé Bacongo a une carte importante à jouer parce qu’il a désormais les coudées franches pour faire entrer qui il veut à l’ENA, au CAFOP et aux autres secteurs de l’administration publique sous sa coupole. Ce qui va faire pousser à Ouattara un soupir de soulagement parce qu’il n’aura plus à faire face aux mouvements d’humeur des ex-combattants dont Gnamien Konan s’est opposé de façon polie au recrutement massif dans l’administration pénitentiaire. Une lettre confidentielle qu’il a adressée en son temps au garde des Sceaux, ministre de la justice, en est la parfaite illustration. Dans ce courrier qui date du 5 avril 2013 et ayant pour ré- férence le numéro 007 MFPRA/CAB/ce-kasj, l’ancien ministre de la Fonction publique exige les dossiers et les di- plômes des 443 ex-combattants que son collègue de la Justice lui demandait d’introduire dans les fichiers de l’administration pénitentiaire en leur octroyant des numéros matricules. « Par lettre numéro 034/MJDHLP/CAB/ckn en date du 26 mars 2013, vous avez bien voulu me transmettre la correspondance de Madame le Ministre auprès du Premier ministre, chargé de l’Economie et des Finances relative à la nomination, à titre exceptionnel de 443 ex-combattants dans l’emploi d’Agent d’Encadrement des Etablissements Pénitentiaires, grade A3.Vous sollicitez une immatriculation rapide de ces agents ».Voici ce que répond Gnamien Konan : « En réponse, j’ai l’honneur de vous faire connaître que dans le cadre des nouvelles mesures définies pour une meilleure gestion des fonctionnaires et agents de l’Etat, l’immatriculation n’intervient désormais qu’après l’affectation et la prise de service du concerné. Cette prise de fonction est renseignée dans le Système Intégré de Gestion des Fonctionnaires et Agents de l’Etat (SIGFAE) par le chef de service de l’intéressé », écrira-t-il. Plus loin dans sa conclusion, voici ce qu’il exige. «Aussi voudrais-je vous inviter à transmettre à mon département, les dossiers administratifs des 443 ex-combattants susvisés. Pour rappel, chaque dossier devra comporter les dossiers suivants : une carte nationale d’identité, un Certificat de Nationalité, un Casier judiciaire, un certificat de visite contre visite, le dernier diplôme académique». C’est donc sûr qu’avec la nomination de Bacongo à la tête du département de la Fonction publique, c’est une étape qui sera désormais reléguée au second plan. Et bonjour le bordel avec les recrutements massifs des militants du RDR.

Gobson Zago