Ouattara à l’épreuve de la réalité du pouvoir

Enfin il y est ! Mais que de chemins parcourus. Jamais un homme politique en Afrique n’a fait feu de tout bois et bénéficié d’autant de soutien dans son désir d’être « Président » de son « pays ».

Rébellion, scission du pays en deux, mise sous tutelle, sabotage de l’accord inter-ivoiriens de Ouagadougou notamment en ce qui concerne son volet militaire, coup d’Etat électoral, embargo économique, diplomatique, et embargo sur les produits de base comme les médicaments, etc.

Alassane Ouattara et les Bongos.

Enfin il y est ! Mais que de chemins parcourus. Jamais un homme politique en Afrique n’a fait feu de tout bois et bénéficié d’autant de soutien dans son désir d’être « Président » de son « pays ».

Rébellion, scission du pays en deux, mise sous tutelle, sabotage de l’accord inter-ivoiriens de Ouagadougou notamment en ce qui concerne son volet militaire, coup d’Etat électoral, embargo économique, diplomatique, et embargo sur les produits de base comme les médicaments, etc.

C’est à une guerre totale que la Côte d’Ivoire a eu à faire face : politique, économique, diplomatique, médiatique et militaire. Dans la crise ivoirienne, tous les aspects de la guerre ont été expérimentés. Et tout cela pourquoi ? Pour qu’Alassane Ouattara puisse occuper la magistrature suprême. Incroyable !

A présent qu’il tient les reines de la Côte d’Ivoire, tout le monde y compris ses soutiens occidentaux, vont se rendre à l’évidence qu’Allassane Ouattara est loin d’être l’homme de la solution, mais plus tôt le problème de la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, ils l’ont si bien compris qu’ils ont multiplié les pressions et rencontres de toutes sortes avec les responsables du FPI (encore en liberté) afin qu’ils reviennent sur leur décision de ne pas participer au gouvernement de Soro. Car à l’épreuve de la réalité du pouvoir, les deux premiers mois de Ado à la présidence ne présage rien de bon à l’horizon.

A moins de souffrir d’une myopie congénitale, on est forcé de constater que Ouattara n’a pas d’argent et ne l’aura certainement pas, contrairement à ce qu’il a fait croire aux Ivoiriens. Comment peut-il en être autrement quand son pouvoir ne compte presque exclusivement que sur des soutiens internationaux pour renflouer les caisses de l’Etat. Or sur ce plan, Ado risque de redescendre brutalement de son leurre au regard des difficultés que traversent actuellement les pays de l’Union Européenne. En effet, les récentes actualités nous apprennent que les pays européens sont en crises. Certains d’entre eux comme la Grèce, l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, traversent des zones de turbulence économique. Et c’est tout logiquement que l’UE leur accordera priorité plutôt que de contribuer à renflouer l’économie d’un Etat africain gouverné soit-il par un ami personnel de Sarkozy.

Journalistes enlevés, exécutions sommaires, séquestrations arbitraires, le nouvel homme fort d’Abidjan est en train de s’asseoir sur les libertés. Et lâche les brides de son armée hétéroclite. Ces ex-rebelles dits FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) montrent à quel point ils n’ont de compte à rendre à aucune hiérarchie. Mieux, ADO ne laisse apparaître aucune volonté de les discipliner. Et ce n’est pas Guillaume Ngefa, de la division des droits de l’homme de l’Onuci qui dira autre chose. Lui qui au cours d’une conférence de presse, le 9 juin dernier, s’est dit « particulièrement préoccupée par la multiplication d’incidents violents et d’attaques conduites par des éléments des FRCI contre plusieurs villages ».
Alors que les exactions et autres meurtres gratuits continuent, ADO règne sur un Etat sans Etat. Et reste muet à l'heure où son l’Onu son allié se dit « préoccupé » appelle au « respect des droits de l’homme ». Constat désabusé et tout de même inquiet d’un fonctionnaire onusien à Abidjan : « Laurent Gbagbo a ployé sous le poids du pouvoir. Ado, sous celui de l'impuissance. »
En l’espace de trois semaines, il a lancé deux appels à la fin des exactions et au cantonnement des FRCI qui lui sont revenus en écho. Tant ils n’ont été suivis d’aucun effet. Les chefs rebelles sur le terrain semblent échapper à tout contrôle et autorité de l’appareil politique. Les chefs de guerre ont divisé Abidjan en secteur qu’ils contrôlent, pareilles aux villes des zones CNO conquises et occupées par eux depuis bientôt 10 ans. Ces soldats de fortune qui ne connaissent que la rapine et la violence aveugle sont entrain de prendre le pas sur l’organisation sécuritaire d’un Etat de droit tel que la Côte d’Ivoire l’a toujours connu. Et ce, pour le plus grand malheur des populations.

On pourrait se demander si finalement ADO a peur de désarmer ses ex-rebelles. Où s’il est tout simplement incapable de stopper leurs dérives criminelles. En tout cas, si les français qui le soutiennent ne mettent fin rapidement à ce début d’émergence d’un Etat de non droit, on risque d’assister à la banalisation de l’autorité politique au profit des chefs de guerres que Ouattara traîne à ses pieds comme des boulets de canon.

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Nikitta Kadjoume
knikitta@yahoo.fr