Mgr Marcellin Yao Kouadio (Evêque de Yamoussoukro) : « Pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix, Ouattara et Gbagbo doivent faire la paix au sommet »

Par Notre Voie - Le premier responsable du diocèse de Yamoussoukro invite le chef de l’Etat à faire la paix avec son prédécesseur pour que le pays retrouve la paix.

La paix et la réconciliation en Côte d’Ivoire étaient au cœur du message livré, samedi dernier, par Monseigneur Marcellin Yao Kouadio, Evêque du diocèse de Yamoussoukro, qui a officié la messe d’action de grâce organisée à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du président Félix Houphouët- Boigny. Pour cet éminent membre du clergé ivoirien, le retour à la paix et à la réconciliation en Côte d’Ivoire passe nécessairement par la paix entre les présidents Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. « Pour que la Côte d’Ivoire renoue avec la paix, je verrais humblement, pour ma part, les présidents Ouattara et Gbagbo faire la paix au sommet. Et une fois réconciliés, qu’ils demandent pardon à leurs militants et aux Ivoiriens qui, à leur tour, feront la paix. En Dieu cela est encore possible pour le bonheur de
tous… », a lancé l’homme de Dieu à la face du chef de l’Etat, présent à la Basilique Notre dame de la Paix de Yamoussoukro et entouré des pontes de son régime dont le président du Pdci, Henri Konan Bédié. Mais avant d’arriver à sa proposition qui rejoint celle du Fpi relative au dialogue au sommet entre Ouattara et Gbagbo, le prélat, s’adressant à la mémoire d’Houphouët, a dit sa peine devant une Côte d’Ivoire malade de plusieurs
maux au nombre desquels la rébellion armée de septembre 2002 dont les victimes sont innombrables.
«Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Oui, depuis le 7 décembre 1993, jour où tu nous as quittés, ton peuple a perdu le vrai bonheur. Et depuis lors, notre mère patrie, s’est asservie aux mensonges, à la violence et aux crimes. La belle Côte d’Ivoire, jadis enviée parce que prospère, est aujourd’hui défigurée et meurtrie par multiples crises militaro-politiques dont les raisons profondes restent encore à élucider. La dernière en date a fait officiellement, semble- t-il, 3.000 morts. La rébellion de 2002 a fait une foule innombrable de victimes… ».
L’Evêque de Yamoussoukro qui entend servir à la fois son pays et l’Eglise à l’image de St
Ambroise, n’a pas pris de gants pour dénoncer la violation des droits de l’Homme, l’impunité, l’injustice et la chute des valeurs dans son pays où le statut d’ex-combattant donne droit à des récompenses.
«Curieusement, Nanan, ceux qui mentent et tuent croient servir ainsi la Côte d’Ivoire.
Les innocents dont les droits sont bafoués sont déclarés coupables - d’où le nouveau concept de la culpabilité collective doublé de la culture de l’impunité où les médiocres sont célébrés - certains de nos jeunes revendiquent fièrement le statut d’ex-combattant afin d’être récompensés». Mgr Marcellin Yao Kouadio déplore également que les ressources du pays soient aux mains des prédateurs. «Et dans cette situation trouble les ressources de notre pays sont livrées en pâture aux prédateurs.
Notre mère patrie, humiliée et meurtrie est traitée comme une fille de joie – oui, la Côte d’Ivoire est traitée, contre sa volonté, comme une péripatéticienne…»

Jean Khalil Sella