Jean Pierre Kutwa (archevêque d’Abidjan) : «La libération des prisonniers est un grand signe d’apaisement»

Publié le mercredi 2 janvier 2013 | Le Nouveau Réveil - Message de fin d'année de Jean Pierre Kutwa (archevêque d’Abidjan).

Le message du Saint Père le Pape Benoît XVI s’adressant cette année aux hommes et aux femmes de notre temps, à l’occasion de la Journée mondiale de la Paix, a servi d’ancrage au message de l’archevêque d’Abidjan, Monseigneur Jean Pierre Kutwa. Qui à l’occasion de cette fin d’année 2012 et la naissance de 2013 en a profité pour donner un message de vérité, d’espoir et de paix aux Ivoiriens mais à l’assemble de la classe politique et au chef de l’Etat dans sa quête d’un avenir prospère pour la Côte d’Ivoire. Message dit à l’occasion de la messe de la paix. Selon Jean Pierre Kutwa, «l’aspiration à la concorde et à la paix, est celle de notre cher pays la Côte d’Ivoire. Oui, nous rêvons d’un pays, véritablement terre d’espérance pour tous ses fils et filles, un pays de vraie fraternité comme inscrit dans notre hymne national. Cela passe inéluctablement par des efforts sans cesse continus de la part de tous». Abordant l’actualité ivoirienne avec la libération de proches de l’ancien régime, acte salué par l’ensemble de la communauté comme geste allant dans le sens de l’apaisement, il a fait savoir que «la mise en liberté provisoire de certains de nos frères emprisonnés à la suite des événements postélectoraux que notre pays a connus. Cela est un grand signe d’apaisement pour nous, tout comme pour les bénéficiaires et les membres de leurs familles. Nous ne pouvons que saluer de telles initiatives qui vont dans le sens de la paix que nous recherchons. Un grand merci au Seigneur et à toutes nos autorités en particulier au président de la République». «Cependant a-t-il ajouté, on ne peut oublier, en cette fin d’année, tous ceux de nos frères et sœurs qui vivent encore en exil ou en prison, en attente de jugement. Ils attendent certainement de nos gouvernants d’autres signes forts, qui les rassurent, leur permettent d’espérer». Selon Monseigneur Kutwa, et critiquant l’attitude de certains : «la paix implique action, compassion, solidarité, courage et persévérance’’. Après la grave crise que nous avons connue, force est de reconnaître que certains parmi nous n’ont pas totalement laissé derrière eux, leurs désirs de vengeance, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, alors que la sagesse nous enseigne qu’il y a un temps pour tout». Et de clamer haut que «C’est notre intérêt à tous que la paix advienne. C’est notre intérêt à tous, de ne pas seulement parler de paix, mais de prendre tous résolument le chemin qui y conduit». Il a, par ailleurs, fait savoir que «Si nous voulons donc la paix, il faut que chacun de nous assume la responsabilité de ses actes». Aussi, a-t-il déploré nos irresponsabilités : «A la moindre difficulté, au moindre problème, les doigts et les regards accusateurs se tournent toujours et de façon presque instantanée, vers les autres que nous accusons de tous nos maux. Les solutions à nos problèmes, nous les attendons toujours et encore des autres, en nous excluant du processus qui nous ramènera la paix». Jetant un regard sur la réconciliation nationale, il a dit : «Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers la Commission Dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) de qui nous attendons beaucoup d’ailleurs. Mais, il nous faut prendre conscience qu’à elle seule, elle ne peut pas nous apporter la paix ! C’est à chacun de nous, qu’il incombe d’avoir des attitudes et des actes qui promeuvent la paix, si nous ne voulons pas que ce vœu, devienne une utopie». le volet social n’a pas échappé au message de Monseigneur Jean Pierre Kutwa «sur le plan social et sans pour autant être pessimiste, il nous faut reconnaître que les effets tant escomptés de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, tardent à profiter au plus grand nombre : les jeunes continuent de s’interroger sur leur avenir ; l’université peine aussi à reprendre son envol malgré les énormes moyens mis à disposition pour la réhabiliter ; le panier de la ménagère est toujours aussi léger, même s’il nous faut avouer que la crise financière et économique mondiale n’a pas encore totalement été jugulée» s’est-il offusqué. Avant d’exhorter chacun à être un artisan de paix.

JEAN PRISCA