Hommage unanime et international à Mandela

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | Hommage unanime et international à Mandela

Photo: Le stade FNB de Soweto mardi 10 décembre 2013. Par AP Ben Curtis.

Même dans la mort, Nelson Mandela a réussi à « unir » des dirigeants aux opinions différentes, a souligné mardi 10 décembre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors de l'hommage à l'ancien président sud-africain.
Une centaine de chefs d'Etat, dont François Hollande, ont rejoint peu avant 10 heures des milliers de Sud-Africains anonymes pour une gigantesque célébration au Soccer City Stadium de Johannesburg. C'est dans cette enceinte que le militant anti-apartheid et Prix Nobel de la paix avait fait sa dernière apparition en public, avant la finale de la Coupe du monde en 2010.
Dans un discours plus étendu que le bref temps de parole laissé à chaque intervenant, Barack Obama a salué Nelson Mandela comme un « géant de la justice », estimant que trop de dirigeants dans le monde se disaient solidaires de son combat pour la liberté mais ne toléraient pas la moindre opposition de leur propre peuple.
Quelques minutes plus tard, il échangeait une poignée de main historique avec son homologue cubain, Raul Castro. Les Etats-Unis maintiennent un embargo contre Cuba depuis plus de cinquante ans.
• Jacob Zuma hué
Peu après, une scène difficilement compréhensible pour les téléspectateurs étrangers a eu lieu : une partie du public a commencé à quitter le stade quand le président sud-africain, Jacob Zuma, rigide et hésitant, a pris la parole. M. Zuma avait déjà été hué à plusieurs reprises durant la cérémonie.

M. Zuma est crédité de 5 % des intentions de vote au scrutin qui doit se tenir en octobre 2014, selon les analystes. La télévision sud-africaine a montré dans l'assistance des groupes de partisans des « Economic Freedom Fighters », le nouveau parti très anti-Zuma de l'ancien président des jeunes de l'ANC Julius Malema, qui recrute essentiellement dans les masses de chômeurs et dont les troupes sont souvent indisciplinées.
La journée n'étant pas chômée, le Soccer City (80 000 places) était rempli seulement aux deux tiers en début de cérémonie et les trois stades de Johannesburg ouverts au public pour la projection de la cérémonie sur grand écran étaient quasiment vides.
Lire notre reportage en Afrique du Sud au lendemain de sa mort : « Un grand chef est mort, mes frères »
• Hollande et Sarkozy voyagent séparément
François Hollande et Nicolas Sarkozy sont arrivés séparément en Afrique du Sud, voyageant dans la nuit à bord de deux Falcon de la République, des avions d'affaires régulièrement employés pour les déplacements du chef de l'Etat. L'entourage du président Hollande a invoqué « des raisons pratiques, techniques et économiques ». Ils sont cependant entrés ensemble dans le stade, et ont assisté côte à côte à la cérémonie.

L'avion de François Hollande emmenait un assemblage hétéroclite de personnalités dicté par les circonstances : deux ministres, Laurent Fabius (affaires étrangères) et Christiane Taubira (justice), l'ex-numéro un du PCF Robert Hue, président du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique du Sud, l'évêque de Cayenne et ancien curé de Soweto, Emmanuel Lafont, ainsi que Bernard Lapasset, président de l'International Rugby Board.
• Inhumation traditionnelle dimanche
A l'issue des dix jours de deuil national, la dépouille de Neslon Mandela sera inhumée dimanche dans son village d'enfance, Qunu, selon les rites traditionnels xhosa mêlés au culte chrétien. Seul un nombre restreint de dignitaires étrangers seront présents à cette occasion. Nelson Mandela reposera auprès de trois de ses six enfants, une fille morte en couches en 1948, un fils, Thembi, victime d'un accident de voiture en 1969, et Makgatho, mort du sida en 2005.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters