Hollande en Centrafrique : « Il n'était plus temps de tergiverser »

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | Hollande en Centrafrique.

Photo: Le Président Français s'est en rendu en Centrafrique le 10 décembre 2013, le jour même de la mort de deux soldats français au combat. AFP par Fred Dufour.

Mardi 10 décembre, quelques minutes après son arrivée dans la capitale de la République centrafricaine, François Hollande a de nouveau justifié l'intervention militaire française. La mission de la France « est dangereuse », « mais elle est nécessaire si on veut éviter qu'il se produise ici un carnage », a-t-il dit peu après son arrivée dans la capitale centrafricaine. « Il était temps d'agir » face aux massacres, a expliqué le chef de l'Etat dans un discours solennel.
Avant de prendre la parole, le président français avait rendu hommage aux deux soldats français tués quelques heures plus tôt lors d'une opération de désarmement de milices à Bangui. M. Hollande s'est recueilli devant leurs cercueils :
« L'émotion, elle est évidente après ce qui s'est produit : deux soldats qui sont morts pour la mission qui leur avait été confiée, qui se poursuit, et d'autres soldats qui sont encore en ce moment même, au moment où je suis présent, sur le terrain, pour pacifier cette ville et ce pays. »
Mais malgré le drame, François Hollande a tenu à rappeler les raisons qui obligeaient, selon lui, à une intervention française. « Ici même, à Bangui, près de quatre cents personnes ont été tuées. Il n'était plus temps de tergiverser. (...) La France vient défendre la dignité humaine », a ajouté M. Hollande devant les troupes françaises, survolées en permanence par des avions et des hélicoptères de combat.
ESCALE INÉVITABLE
M. Hollande a atterri à l'aéroport de Bangui, où se trouve la base des forces françaises, en compagnie du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, et de la justice, Christiane Taubira. Il devait ensuite s'entretenir avec les autorités de transition centrafricaines, dont le président Michel Djotodia, qu'il avait accusé ce week-end d'avoir « laissé faire » les récents
RENFORCEMENT DE L'AIDE AMÉRICAINE
Dans le même temps, le président américain, Barack Obama, a annoncé le déblocage de 60 millions de dollars supplémentaires d'aide militaire pour l'opération des forces étrangères en République centrafricaine, portant à 100 millions de dollars la contribution américaine.
Dans un mémorandum transmis au secrétaire d'Etat John Kerry, M. Obama a ordonné de fournir notamment à la France et à l'Union africaine « des matériels de défense et un soutien » logistique pour le déploiement de leurs soldats dans ce pays. Le texte cite parmi les bénéficiaires de cette aide « la France, l'Union africaine, le Congo, le Tchad, le Cameroun, le Gabon, le Burundi, l'Ouganda, le Rwanda et d'autres pays » contribuant à la force de l'UA en Centrafrique (Misca).
Les Etats-Unis avaient déjà promis fin novembre de fournir près de 40 millions de dollars d'aide en équipements, entraînements et soutien logistique à la Misca. Le Pentagone a indiqué lundi que deux appareils de transport C-17 serviraient à convoyer des troupes africaines, notamment burundaises, à la suite d'une demande d'assistance de la France.
DÉSARMEMENT
Selon l'état-major français, la quasi-totalité des groupes a été désarmée avec le soutien de la force africaine (Misca). Les bases de la Séléka dans les quartiers ont été évacuées, et leurs combattants rassemblés dans plusieurs camps militaires. L'urgence pour les militaires français semble désormais de contenir la vengeance des populations de la capitale, en très grande majorité chrétiennes, contre les anciens rebelles et la minorité civile musulmane qui y est associée. Frustrés d'avoir été désarmés, beaucoup d'hommes sont furieux d'avoir été privés de tout moyen de se défendre face à la vindicte populaire.
Plus tôt dans la journée, M. Hollande avait assisté à la cérémonie en hommage à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela. L'Elysée avait fait part de la décision du président de se rendre sur place peu après 8 heures mardi matin. Le projet de cette escale à Bangui avait été discuté dès samedi à l'Elysée, et la décision finale prise lundi. Il était difficile pour le chef des armées de ne pas s'arrêter à son retour d'Afrique du Sud dans un pays qu'il allait survoler et où il venait d'engager seize cents hommes. Il a quitté le pays après une visite de quatre heures.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters