Foot : à quoi tient le miracle ivoirien à la Can 2023 ?

Par APA- Foot. A quoi tient le miracle ivoirien à la Can 2023 ?.

APA-Abidjan (Côte d'ivoire)By APA-ABIDJAN (CÔTE D'IVOIRE)08 février 2024

Sans défenses il y a un peu plus de deux semaines, les miraculés Éléphants disputeront le dimanche 11 février prochain la finale de leur Coupe d’Afrique des nations (Can) de football.

Ce n’est pas pour rien qu’il est le sport le plus populaire au monde. Le football, jeu dans lequel on court derrière un ballon, sait transporter ses amoureux au septième ciel. En un claquement de doigts, il peut leur faire vivre un désarroi profond et un bonheur suprême.

Les supporters ivoiriens, hôtes de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can), sont passés par tous ses états. Contre la Guinée-Bissau, au match d’ouverture de la compétition dans leur nouvel écrin d’Ébimpé, à Abidjan, les Éléphants n’ont pas marché sur les Djurtus. Loin de là. Ils ont néanmoins assuré l’essentiel, la gagne, grâce à des buts de Séko Fofana (4’) et Jean-Philippe Krasso (58’).

Pour le compte de la 2e journée de la poule A, le Nigeria s’est dressé sur le chemin de Serge Aurier et de ses comparses. Dans ce match déjà décisif pour la qualification au second tour, les Super Eagles, auteurs d’une prestation tactique de haut vol, l’ont emporté sur un pénalty provoqué par Victor Osimhen et transformé en force par le capitaine William Troost-Ekong (55’).

Dos au mur, la Côte d’Ivoire n’avait pas le droit à l’erreur face à la Guinée équatoriale lors de l’ultime journée de sa phase de groupes. Mais les Éléphants ont été humiliés devant leur public par le Nzalang nacional (0-4).

Le regard dans le vide de Ghislain Konan, les larmes de Christian Kouamé, l’affliction de la légende Didier Drogba en tribunes, la main sur la tête du sélectionneur Jean-Louis Gasset… ce sont entre autres les terribles séquences du film de la soirée cauchemardesque du 22 janvier 2024.

Avec trois points seulement au compteur, et une différence de buts négative, la Côte d’Ivoire n’était plus maître de son destin. Pour se qualifier par la petite porte, c’est-à-dire parmi les quatre meilleurs troisièmes des six groupes, il fallait un concours de circonstances favorables.

Une victoire du Ghana, dans la foulée, sur le Mozambique aurait enterré les derniers espoirs des Éléphants. Toutefois, menant deux buts à zéro au terme du temps réglementaire, les Black Stars se sont sabordés dans les arrêts de jeu pour concéder le nul.

C’est le premier acte du miracle ivoirien. Après, l’Algérie, le Cameroun et le Mali n’ont pas concouru au « repêchage » des Éléphants. Le Maroc, l’ultime chance, a battu la Zambie (1-0) et permis aux héritiers de Yaya Touré de revenir d’entre les morts le 24 janvier 2024.

La résurrection

« Cabri mort n’a pas peur de couteau ». En Côte d’Ivoire, pays foisonnant d’expressions imagées, ce proverbe signifie qu’on n’a plus rien à perdre quand on est au plus bas. Les Éléphants, enterrés à Ébimpé, sont revenus à la vie à Yamoussoukro face au Sénégal, champion d’Afrique en titre.

Émerse Faé, adjoint devenu entraîneur intérimaire après le limogeage du duo Jean-Louis Gasset et Ghislain Printant pour « insuffisance de résultats », a certainement eu besoin d’une kyrielle de décharges électriques pour y parvenir.

Pendant un temps, l’arrivée sur le banc du « sorcier blanc » Hervé Renard, capable de renverser une situation compromise, a été espérée par la Fédération Ivoirienne de Football (FIF). Cela n’a pu finalement se réaliser à cause du refus de la Fédération Française de Football (FFF) dont l’équipe A féminine est coachée par le technicien vainqueur de la Can en 2012 avec la Zambie et en 2015 avec la Côte d’Ivoire.

Aidé par Guy Demel, qui analysait les matchs de la Can sur les plateaux de Canal+ à Sol Béni, le centre d’entrainement de l’Asec Mimosas, Faé a pu rapidement redonner une âme aux Éléphants.

Pour surprendre les poulains d’Aliou Cissé, ayant survolé leur groupe avec trois nets succès en autant de sorties, les deux anciens internationaux ivoiriens ont effectué des choix forts dans le onze de départ : le jeune défenseur Odilon Kossounou, mais aussi les cadres vieillissants Jean-Michaël Seri et Max-Alain Gradel, jusque-là cantonnés au banc, ont été relancés.

Le résultat a été au rendez-vous. La Côte d’Ivoire, malgré un but précoce encaissé, a répondu aux défis physiques, techniques et tactiques des tenants du titre. En sortie de banc, Sébastien Haller, Christian Kouamé et Nicolas Pépé ont provoqué le pénalty de l’égalisation exécuté par Franck Kessié, lui aussi entré en cours de jeu. Dans la séance fatidique des tirs au but, les cinq tireurs ivoiriens n’ont pas tremblé. Moussa Niakhaté, par contre, a vu sa tentative terminer sur le poteau de Yahia Fofana, pourtant pris à contre-pied.

En quarts de finale, face au Mali, les Éléphants ont signé une entame de partie catastrophique. Dans le premier acte de ce derby sous-régional, la Côte d’Ivoire a subi un pénalty arrêté par son dernier rempart et écopé d’un carton rouge par l’intermédiaire de Kossounou, dépassé par les évènements.

Au retour des vestiaires, les Aigles, en supériorité numérique, ont pris l’avantage sur une formidable frappe de Nene Dorgeles. Un véloce attaquant né à Yopougon, la plus grande commune d’Abidjan et du pays en termes d’habitants.

Face à ce double coup du sort, les troupes de Faé ont fait le dos rond avant de sonner la charge. Simon Adingra, le nouveau chouchou, a égalisé à la 90e minute. Et l’infatigable Oumar Diakité, d’une subtile talonnade, après une reprise instantanée de Séko Fofana sur un mauvais renvoi de la défense malienne à la suite d’un coup franc, a scellé le sort du match dans les derniers instants de la prolongation.

Opposés ce mercredi à la République Démocratique du Congo, les Éléphants, tout en maîtrise, ont vaincu les Léopards grâce au premier but dans le tournoi de la star Sébastien Haller. À la réception d’un centre au cordeau de Gradel, le longiligne avant-centre a écarté ses grands compas pour reprendre la balle de volée. Topé, le cuir a pris une trajectoire fatale au gardien congolais Lionel Mpasi.

Les Éléphants, qui l’eut cru après la débâcle du 22 janvier, sont en finale de leur Coupe d’Afrique des nations. Depuis l’Égypte en 2006, aucun pays hôte n’y était parvenu. « On était déjà morts. On s’est alors dit qu’on allait tout donner. Après tout, on n’avait plus rien à perdre. On a fait des efforts. On s’est remobilisés. On a essayé d’avoir un groupe plus soudé et compact. En passant les étapes, on a retrouvé la confiance. Aujourd’hui, on est en finale. C’est un plaisir immense », a déclaré Emerse Faé, mercredi soir en zone mixte.

Au continent noir, la Côte d’Ivoire avait promis d’organiser la meilleure Can de l’Histoire. On peut, à deux rencontres de l’épilogue de la joute, affirmer qu’elle a réussi avec brio son pari en jouant un rôle principal dans un démentiel scénario aux multiples rebondissements. Une belle vitrine pour notre football sur la scène internationale.

ID/ac/APA