Fabrication de nouvelles preuves contre Gbagbo: Mission impossible pour Bensouda

Par Notre Voie - Fabrication de nouvelles preuves contre Gbagbo, mission impossible pour Bensouda.

Depuis lundi, les juges de la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (Cpi) ont décidé d’ajourner la confirmation ou l’infirmation des charges contre le président Laurent Gbagbo, dans le cadre de l’affaire qui l’oppose au procureur de la Cpi, Fatou Bensouda, et relative aux crimes contre l’humanité que le président Gbagbo aurait commis entre décembre 2010 et avril 2011. Dans leur décision, les juges ont demandé, entre autres, à Mme Bensouda «d’envisager d’apporter plus d’informations ou de mener de nouvelles enquêtes sur six points tels que, par exemple, les activités de tous les groupes armés opposés aux «forces pro-Gbagbo» dans Abidjan et alentour entre novembre 2010 et mai 2011, la structure organisationnelle des « forces pro-Gbagbo » et son évolution pendant la période considérée, et les allégations de violences sexuelles». En clair, les juges veulent savoir exactement si, entre novembre 2010 et mai 2011, il y avait, à Abidjan et hors d’Abidjan, c’est-à-dire sur l’ensemble du territoire ivoirien, des groupes armés opposés aux forces pro-Gbagbo. Donc, les forces régulières ivoiriennes. Si oui, combien étaient-ils ? Quelles étaient leurs activités ? Dormaient-ils tranquillement dans leurs chambresquand les forces pro-Gbagbo ont décidé d’exterminer tous les partisans de Ouattara pour des raisons ethniques, politiques et religieuses ? Les juges veulent aussi savoir comment étaient organisées ce que le procureur a appelé les forces pro-Gbagbo. Et, comme tout le monde sait que les forces pro-Gbagbo étaient en réalité les forces régulières de la République de Côte d’Ivoire, les juges veulent savoir si l’organisation structurelle des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire a changé entre novembre 2010 et mai 2011, pour permettre au président Gbagbo de mener une politique d’attaque systématique et généralisée contre les partisans de Ouattara. Dernier aspect et non des moindres, les juges veulent des preuves sur les accusations de viols et de violences sexuelles. Qui sont les victimes supposées ? Ont-elles été examinées par un spécialiste pour déterminer les conditions exactes des violences qu’elles ont subies ? Qui en sont les auteurs ? A quel groupe de l’armée régulière appartenaient-ils ? Ce sont autant de questions que les juges se posent et que Mme Bensouda devra élucider par des informations probantes et des enquêtes supplémentaires. Pour faire ce travail, les juges ont donné cinq mois à Mme Bensouda. Mais, à l’analyse, l’on voit bien que cela relève d’une mission impossible pour celle qui a remplacé le très controversé Luis Moreno Ocampo. En effet, pour ce qui concerne les forces pro-Ouattara, leurs activités sont connues de tous. Tout le monde sait que le Commando invisible, à Abobo et sur l’ensemble du district d’Abidjan, a tué, égorgé et éventré des centaines de personnes. Plusieurs agents des Forces de défense et de sécurité ont été froidement abattus. Les preuves sont abondantes. Il suffit seulement de rappeler l’attaque de l’émetteur de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) d’Abobo, ou encore l’expédition meurtrière d’Anonkoi-Kouté, toujours à Abobo. Mais la difficulté pour Mme Bensouda, c’est que si elle rend effectivement compte des activités meurtrières des rebelles pro-Ouattara, c’est qu’elle détruit l’ensemble de son argumentation qui veut que le président Gbagbo ait tué systématiquement les partisans de Ouattara pour se maintenir au pouvoir. Dans ces conditions, cette demande des juges vaut en même temps enterrement du document de confirmation des charges brandi par le procureur au cours de l’audience de confirmation des charges. S’agissant de ce que l’accusation a appelé les forces pro-Gbagbo, c’est-à-dire les Forces de défense et de sécurité ivoiriennes, tout le monde sait qu’elles n’ont subi aucune modification dans leur organisation et dans leurs prérogatives au cours de la période indiquée. Mieux, en dehors de quelques-uns restés fidèles à la République, plusieurs responsables du haut commandement militaire ont fait allégeance à Ouattara et occupent, toujours, par conséquent, de hautes fonctions au niveau de l’Etat. Il suffit de citer les cas de l’ancien chef d’Etat-major, Philippe Mangou, devenu ambassadeur, de l’ancien patron de la gendarmerie, Kassaraté Tiapé, lui aussi devenu ambassadeur, et de l’ancien patron des Forces terrestres, Detho Léto, chef d’Etat-major adjoint des Frci révoqué récemment. Quant aux allégations de violences sexuelles, on voit bien que Mme Bensouda, qui s’est contenté de compiler des coupures de presse et des rapports d’Ong, ne pourra jamais retrouver les victimes supposées, mais surtout les auteurs présumés des cas allégués de viol. Dans ces conditions, force est de reconnaître que les juges ont confié à Mme Bensouda une mission impossible. Et c’est tant mieux.

Source: Notre Voie