Exclusif: Luttant contre un mal pernicieux, Koffi Amoin raconte son calvaire. La Comédienne: ''Qu'on m'aide à sauver mes yeux''

Le 25 février 2013 par SOIR INFO - Koffi Amoin raconte son calvaire.

C'est un véritable calvaire que vit Koffi Amoin Zago. Aujourd'hui loin des clameurs des salles de specatacles et des projecteurs de cinéma, la comédienne lutte contre une perte de vue qui semble avancer à grand pas. Retranchée à Abobo-avocatier où nous l'avons rencontrée, cette mère de famille de quatre enfants lance un ''appel de détresse''. Elle espère garder la vue, son ''principal outil de travail'', le plus longtemps possible.
Nous avons appris que vous ne vous portez pas bien. De quoi souffrez-vous, exactement ?

Tout est parti en novembre 2008, année au cours de laquelle j'ai piqué une crise. J'avais une forte douleur à la tête, ce qui m'a poussée à me rendre à l'hôpital. Au service d'ophtalmologie où j'ai été conduite, les praticiens ont détecté que je souffrais de maux d'yeux qu'ils ont appelé ''Glaucome''. Par la suite, j'ai commencé à suivre les traitements.

A cette époque, mon mari était en fonction donc, il n'y avait aucun problème parce que j'étais couverte par son assurance. Maintenant qu'il est à la rétraite, l'assurance n'est plus valable. Comment donc assurer mes soins? C'est vraiment compliqué pour moi aujourd'hui . Ce qui fait que le mal s'est empiré.

Quelles sont les conséquences de votre mal?

Chaque jour qui passe, ma vue devient de plus en plus faible. Sans être accompagnée, je ne peux plus sortir seule. Parce que lorsque je marche seule, j'ai l'impression qu'il y a de gros trous devant moi. Je ne peux plus traverser seule les voies parce qu'il me sera difficile d'apercevoir les véhicules qui arrivent. Je n'arrive plus à lire et à écrire. En tant que comédienne, si je n'arrive plus à lire et à écrire, comment pourrais-je travailler?

Les médecins ont-ils évoqué un espoir de guérison ?

Ils m'avaient prescrit des verres correcteurs malheureusement, je suis tombée sur quelqu'un de pas bien. Parce qu'il m'a livrée ces verres sans boitier. Mais plus grave, il n'y a aucune amélioration dans ma vue. Au début, on m'avait conseillée de suivre des soins pendant 6 mois d'affilée, ce qui était très difficile.

Pourquoi?

Parce que l'ordonnance pouvait aller au-delà de 50 mille francs Cfa. Et puis chaque fin de mois, il me fallait faire un contrôle qu'ils ont appelé ''champ visuel'' qui me revenait à 20 mille francs Cfa. Ce qui faisait un total de 70 mille francs Cfa que je devais débourser chaque mois. En ce moment, quel ''gombo'' (contrat) j'ai? Si par chance, j'arrive à réunir une somme de 200 à 300 mille francs Cfa, suite à un petit ''gombo'', avec les charges quotidiennes auxquelles je dois également faire face, cet argent est utilsé pendant deux à trois mois.

En votre qualité d'artiste-comédienne ayant participé à plusieurs œuvres cinématographiques et théâtrales, ne bénéfiez-vous pas de droits au Burida (Bureau ivoirien de droit d'auteur) qui pourraient vous permettre de faire face à vos soins ?

Au Burida, on nous dit que nous n'avons pas encore de droits au sein de cette institution. On nous dit que ce sont les chanteurs, les auteurs...qui y ont des droits. On nous demande d'attendre encore...

Il y a pourtant des comédiens au Conseil d'adminsitration du Burida?

Je le sais. Mais il y a une scène qui m'a ecoeurée. C'est que récemment, je me suis rendue au Burida pour retirer ma carte de sociétaire, lorsque j'ai commencé à me sentir mal et à voir flou. C'est ainsi que la Directrice du Burida, Mme Vieira me voyant dans cet état, m'a orientée vers l'assistante sociale de la structure, Mme Ehouman. Cette dernière me fera entendre que les caisses du Burida sont vides parce que pillées pendant la crise.

Quelle a été votre réaction ?

Je lui ait dit que si Mme Vieira savait qu'il n'y a pas d'argent ici, pourquoi m'a-t-elle demandée de venir vous voir ? En guise de réponse, Mme Ehouman m'a demadée d'aller voir au ministère de la Culture et de la Francophonie.

Aujourd'hui, quel appel lancez-vous?

Qu'on m'aide à sauver mes yeux. Aujourd'hui, mes pieds, mes bras, ma tête... fonctionnent bien mais pas mes yeux, alors que j'ai hâte de monter sur scène. Je veux qu'on m'aide pour que je puisse continuer mon art qui est mon travail. Je me suis rendue en janvier 2012, à Bonoua pour une intervention chirurgicale, on m'a parlé de 250 mille Fcfa pour les soins, sans les frais d'ordonnance et d'hébergement auxquels je dois faire face. Je n'ai donc pu le faire. (…) Je voudrais profiter de l'occasion que vous m'offrez pour remercier M. Samir Tafesh, Directeur général adjoint de Comium qui, à titre personnel, m'a offert un chèque de 250 mille francs Cfa. Grâce à son épouse Fatou, il est arrivé chez moi ici, à Abobo, à la tête d'une forte délégation pour me remettre cet argent.

Claude DASSE

dasseclaude@yahoo.fr

Encadré

Une carrière à sauver!

Agée de 52 ans, Koffi Amoin a épousé, très jeune les planches. ''J'ai debuté le théâtre toute petite, à l'occasion du théâtre scolaire-inter-classe, en 1969 à l'école primaire alors que j'étais au Ce1'', indique-t-elle. Puis, la comédienne de réveler qu'elle embrassera la carrière professionnelle en 1983. Cette année-là, se souvient-elle, ''j'ai intégré la célèbre troupe le Bélier de Yamoussoukro''.

Puis, grâce à son travail, Amoin participera comme actrice à son tout premier film. Et c'est le réalisateur Arenthès qui lui offrira cette opportunité à travers son film ''Fantastique Fanta''. Ce sera ensuite ''Ma famille'', la célèbre série télévisée d'Akissi Delta qui lui ouvrira ses portes. Suivront le télé-film thématique à succès, ''Sida dans la Cité'' dans sa version ''Amoin sery'', d'Alexis Don Zigré, ''Bla Yassoa'' d'Honoré N'zoué...

Le tout, couronné par sa participation à ''Mariage à trois visages'', le court métrage international du réalisateur Français Pierre Laba. C'est donc une carrière qui pourrait prendre un serieux coup, si rien n'est fait dans l'urgence. Sauver Amoin, c'est sauver une carrière.

C.D.