Débats et Opinions: LE SALUT DES CROYANTS DANS UN MONDE POLITIQUE CORROMPU

Par Correspondance particulière - LE SALUT DES CROYANTS DANS UN MONDE POLITIQUE CORROMPU.

Le monde politique corrompu, pour avoir choisi d'affermir son autorité sur l'injustice, sur le
mensonge légitime, sur l'exploitation des peuples, des pauvres, ne peut être compatible avec celui
des véritables adorateurs de Dieu; ces personnes spirituelles qui ont une âme de pauvre, ces artisans
de paix, affamés et assoiffés de la justice. Cette incompatibilité ne peut cependant amener certaines
personnes à affirmer que le chrétien (le croyant) ne peut faire de la politique, car de tels propos
supposeraient que le monde de la politique serait peuplé de méchants, de voleurs, de brigands, où le
croyant serait certainement entraîné à la perdition. Lorsque le Christ Jésus exhorta ses disciples à
rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, il n'entendait pas discréditer le monde
de César. Il joignit justement l'acte à la parole en s'acquittant de l'impôt. Le but de Jésus de
Nazareth était de nous inviter, simplement, à prendre conscience de deux réalités, de deux
mondes régis, l'un, par des préceptes humains (la sagesse humaine), l'autre par la sagesse
divine (des préceptes divins). Quand la première communauté chrétienne vit le jour et que le
nombre de disciples augmentait, les apôtres furent confrontés à ces deux réalités. Les Hellénistes
murmuraient contre les Hébreux parce que dans le service quotidien étaient négligées leurs veuves.
Les douze apôtres du Christ convoquèrent alors une assemblée et tirèrent ces conclusions: «Il ne
sied pas», «soulignèrent-ils, que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez
plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis de l'Esprit de sagesse, et nous
les préposerons à ces offices; quant à nous, nous resterons assidus à la prière et au service de la
parole» ( cf. Ac 6). La proposition plut à l'assemblée et l'on choisit des personnes comme Étienne, le
premier martyr des chrétiens. Au-dessus de la première communauté chrétienne furent donc établis
le monde de César (celui des administrateurs des biens publics, les personnes appelées au service
des tables) et le monde de Dieu (celui des apôtres, des prêtres, des pasteurs, des imams, des guides
spirituels). Si les premiers (les administrateurs des biens publics) sont appelés à se servir de la
sagesse humaine, du droit, de principes économiques élémentaires pour contenter le peuple, les
guides spirituels sont invités, quant à eux, à rendre témoignage à la vérité, à mener une vie
contemplative, tout en se soumettant, eux-mêmes, aux règles établies par les représentants de
l'assemblée. Bien que guides spirituels du peuple, ils sont soumis aux lois élaborées par la sagesse
humaine, par les représentants légitimes du peuple, en vue de l'harmonie entre tous les membres de
la communauté, de la société. Jésus de Nazareth paya, à dessein, l'impôt à César chargé de veiller au
bien-être matériel des citoyens. La politique ou encore l'art d'administrer le peuple fut, aux
origines, le fruit de la sagesse humaine illuminée par la sagesse divine. Ces objectifs étaient
donc nobles, puisque le représentant légitime du peuple était invité à garantir la vie, le bien-être du
peuple. Les sept diacres choisis par l'assemblée pour servir aux tables sont semblables à des
chrétiens, à des croyants, invités à faire en quelque sorte de la politique. Il n'existe, en réalité,
aucune incompatibilité entre le monde politique et le monde religieux. La mission de l'homme
politique cesse d'être noble lorsque ce dernier choisit de se servir et non de servir le peuple.
Prétendre que le chrétien ne peut faire de la politique est donc une offense faite aux hommes
politiques qui ont choisi de servir en esprit et en vérité leur peuple, d'observer, de manière
scrupuleuse, la Loi Fondamentale de leur Nation. Prétendre que le chrétien ne peut faire de la
politique, c'est affirmer implicitement que le monde de la politique est celui de Satan, des démons,
du Mal, contrairement au monde religieux qui serait celui des justes. Une telle affirmation est
contraire à la sainte doctrine du Christ qui nous exhorte à ne pas juger sur l'apparence ou sur le ouïdire.
Les faits nous montrent que le monde religieux a aussi ses brebis galeuses. Jésus de Nazareth
était en effet rejeté par le monde religieux parce que les guides spirituels préféraient le mensonge, à
la vérité, la gloire qui vient des hommes à celle qui vient de Dieu. Nombreux sont les guides
spirituels qui préfèrent arriver à des compromis avec le monde politique (les administrateurs des
biens publics), afin de ne pas avoir à s'acquitter de leurs impôts. Une telle attitude fait d'eux des
serviteurs de César et non plus du Dieu unique. Nous ne sommes pas étonnés de voir le monde
politique international (l'ONU) affronter officiellement, publiquement, le Pape François qui a choisi
de mettre de l'ordre dans la Maison de Dieu, puisque la démocratie pour certains ne repose que sur
des compromis au détriment du Droit, du peuple, de la Vérité divine, évangélique. Comment les
croyants peuvent-ils parvenir au salut de leur âme dans ce monde politique corrompu aux
mains des chefs des nation qui dominent et oppriment les peuples? La foi est une adhésion
personnelle et libre aux vérités divines. Nous vivons certes dans un monde où des hommes, sans
espérance, sont de plus en plus tournés vers le dieu argent, sourds aux valeurs morales. Les crises
politiques, économiques sont provoquées, avant tout, par une crise de foi aigüe. Des hommes riches
de ce monde, sans foi ni loi, ne choisissent plus d'investir pour le le bonheur matériel de l'humanité
mais pour leur propre survie. Les capitaux et l'énergie tirés de notre terre sont mis au service des
scientifiques, des chercheurs capables de trouver à ces riches un autre point de chute, une autre
planète, dans le but d'échapper à toutes les calamités qui frappent notre terre. Aucun croyant n'a,
cependant, le droit d'obliger son prochain à croire au Dieu unique, aux promesses divines. Il nous
appartient plutôt de susciter dans le coeur de tous une foi nouvelle, de raviver leur espérance, en
combattant le beau combat, en luttant pour la justice et la vérité. C'est à ce prix que nous sauverons
nos âmes. Jésus de Nazareth nous dit à ce sujet: «Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à
s'affadir, avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds
par les gens». «Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne se peut cacher, qui est sise au
sommet d'un mont. Et l'on allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur
le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit
briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est
dans les cieux» (Mt 5, 13-16). Les hommes politiques ivoiriens, africains qui ont choisi d'affamer,
d'opprimer leurs peuples, en les maintenant enfermés dans des cachots ou des goulags, de bâillonner
la vérité, sont semblables à des personnes accrochées au mât d'un bateau qui chavire, convaincues
du fait que leur position élevée leur permettra d'être à l'abri de la tempête, des flots qui mugissent.
Ils ne comprennent pas que les défis auxquels est confronté notre monde ne sont plus ceux d'une
fois. Nous ne sommes plus dans le contexte d'une guerre froide entre bloc communiste et bloc
occidental. Nous sommes loin de la compétition commerciale entre la Chine et le reste du monde
puisque des expéditions dans l'espace sont organisées par l'ensemble des différentes puissances
apparemment opposées. Pendant qu'ils nous incitent à nous battre comme des chiens enragés autour
des os décharnés, eux se taillent la part de lion et s'apprêtent à abandonner une terre qui chavire à
l'instar d'un navire. Le monde a plus que besoin des marchands d'huile, des guides spirituels pour
susciter la foi dans le coeur des hommes déboussolés, pour donner, eux-mêmes, à manger à leurs
fidèles, en combattant seulement le beau combat. Si les croyants luttent pour restaurer la justice,
l'ordre, au sein de nos nations africaines, ils créent les conditions d'une répartition plus équitable des
biens, dans l'attente de notre Seigneur qui nous a promis un monde éternel, où il n'y aura plus de
pleurs, plus de larmes, plus de cris. Une telle espérance est folie pour le monde mais sagesse pour
Dieu. Le monde a mis sa foi dans la science et croit parvenir à l'immortalité, à l'éternité au moyen
de la sagesse humaine. Les croyants mettent, au contraire, leur foi dans le Dieu unique et sont
convaincus de parvenir au salut de leur âme, en aimant Dieu par-dessus-tout et leur prochain
comme eux-mêmes. Confesser sa foi dans le Dieu unique sans produire des oeuvres dignes du Très-
Haut est un acte vain, voilà pourquoi il appartient aux croyants de produire des fruits qui
témoignent qu'ils ont pour père Abraham, pour Seigneur, le Très-Haut. Administrateurs des biens
publics, les hommes politiques obtiennent leur salut en assurant dans la justice, dans l'équité
« le service à table ». Serviteurs de Dieu, nous obtenons notre salut en rendant témoignage à la
vérité, au droit, à la justice, en acceptant d'être le sel de la terre, la lumière du monde. Lorsque
nous tirerons notre révérence, il appartiendra au Dieu unique de nous juger dans le secret de notre
coeur aux portes du Royaume céleste, devant ses anges et ses saints. Croire à la Rédemption de
l'univers visible et invisible est folie pour le monde, mais sagesse pour Dieu, le Créateur du ciel et
de la terre, de tout ce qui se meut sur terre, dans l'espace et dans les Cieux.

Une contribution d'Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)