Côte d’Ivoire : Les juges bernés à Bouna, Par Dapa Donacien

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - LES JUGES PLUS HUMAINS QUE NOUS-MÊME DANS LE ZANZAN ?

Dapa Donacien.

C’est une femme totalement désespérée de son impuissance face aux affabulations dont sa famille est victime en ce moment même au tribunal de Bouna.

C’est une récurrence de mettre les juges au banc des accusés dans notre pays. Cette fois, au contraire, c’est le corps de la Magistrature à Bouna, dans le zanzan, qui fait preuve de sagesse quand des populations se laissent aller sous la manipulation d’un certain Sinan qui a choisi de réduire le nombre des rares fonctionnaires et de lettrés de Gouméré, village du Bounkani.
Un fils du village, instituteur et un nouveau bachelier et un pasteur emprisonnés.

LES FAITS

Épris de reconnaissance vis-à-vis de son géniteur, un instituteur entreprend d’assainir le cadre de vie de son père.Mettant à profit ses récentes vacances, il consacre ses maigres économies à la construction d’une maison digne à son père qui n’a plus beaucoup de temps à vivre. D’ici, là il a le devoir moral de lui garantir un environnement propre.
Il n’y va pas par quatre chemins. Convaincu que la cécité de son père (perte de vue) est due à l’insalubrité créée par les objets poussiéreux et encombrant sa chambre, il balaie la maison puis brule tout ce qu’il considère comme incompatible avec la santé du vieil homme.

C’est à la suite de cette action de salubrité publique du fonctionnaire,que le nommé Sinan va pousser la population dans des actes de forfaiture et de violation flagrante de la loi ivoirienne. Torture et violation grave des droits de l’homme commises sur la personne de l’infortuné instituteur et d’un proche, militant pour un environnement sain et vivable autour de son géniteur aveugle.

En représailles outrancièrement disproportionnée à la faute de l’instituteur, celle d’avoir brulé un tabouret (ah affaire de tabouret décidément !) mélangé dans les détritus sorties de la chambre de son père, une cohorte comparable à celle qui poursuivait Jésus, sous l’instigation de Juda, va le ligoter à la manière de KountaKinté, tuméfier son corps et son visage au moyen de de barre fer, au motif qu’il aurait brulé un fétiche prétendument être la propriété de onze cantons.

VACUITÉ DES PRÉTENTIONS DES BOURREAUX

Faux, grossière affabulation. Répond Geneviève à Abidjan, la petite sœur de l’instituteur. « Ledit tabouret n’est même pas la propriété de tous les quartiers du village Gouméré à plus forte d’un canton !
Pour se prévaloir d’un intérêt à agir (statut juridique qui fonde un individu à intenter une action judiciaire), les parents du malheureux instituteur sont convaincus de ce que les plaignants et bourreaux ont prétendu que le tabouret qui était dans la chambre du vieux et non dans une case sacrée serait la propriété de onze (11) cantons –sic !!!??? C’est à partir de cet argument que les juges se feront induire en erreur en condamnant les prévenus à 6 mois de prisons ferme.

Malgré tout, « 10 pasteurs vont constituer une délégation pour aller demander pardon et la clémence du roi de Bouna », affirme la sœur de l’instituteur.
Démarche qui laisse de marbre Sinan et ses compères accusateurs du pasteur et des deux fidèles de l’Eglise Foursquar.
La lucidité des juges qui n’y voyaient pas en cette affaire de quoi à exciter et à ameuter toute une région et encore moins tout un royaume, tentent de ramener les accusateurs à la sagesse et à la raison. « Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un procès »

Mais que peut bien Ponce Pilate convaincu de l’innocence de Jésus quand Sinan l’instigateur tire les ficelles manœuvrant habilement pour salir le nom du roi de Bouna, dans une banale affaire.
Le père et son fils et les coaccusés ne sont-ils pas aussi sujets du Roi de Bouna ?

Présumons tout simplement que la cour royale de Bouna n’est pas au courant de la vraie fausse affaire dans laquelle le nommé Sinan veut l’entrainer.
« Le chagrin de notre père est tel quele vieil homme (aveugle de surcroit) demande sans échos la relaxe de son fils ou dans le cas contraire demande à prendre la place de sa progéniture en prison ».
De mémoire de fils Koulango, nous n’avons pas connaissance de ce qu’un fétiche appartienne à un canton. Quel est le mode opératoire de l’apparition des féticheschez les Koulango ?

Un génie s’empare d’un tiers, le met en transe, lui communique des directives et voilà un fétiche qui fait l’objet d’adoration. Mais, que les personnes viennent en consultation auprès de ce fétiche ne confère aucunement un droit de propriété à quiconque à part la personne en communation avec le génie du fétiche. De ce qui précède, l’affaire de fétiche brulé à Gouméré ne saurait conférer un droit à agir en dehors du seul quartier de Gouméré concerné.
Même le fétiche de feu Koffi Fri (coreligionnaire de Jean Marie Adiaffi) n’était pas la propriété d’un quelconque canton à plus forte raison un tabouret, genre d’objet qu’Adama Bictogo titille à longueur de journée (rire).
Nous évitons d’insister sur la dénomination et la croyance des accusés Juste pour éviter de dramatiser un conflit susceptible d’opposer la grande famille évangélique de Cote d’Ivoire aux Bassonistes. C’est la raison pour laquelle nous passons sous silence l’appartenance des infortunés à l’Eglise Foursquar du Prophète Kacou Severin.

A dessein, nous insistons sur l’angle de la loi à la place des arguments avancés par ses tortionnaires, susceptibles d’être condamnés à leur tour. Nulle n’a le droit de se faire justice et nulle n’est censé ignorer la loi.Ceux qui s’opposent à la libération immédiate et sans condition des détenus savent-ils que les détenus peuvent intenter à leur tour un procès pour coups, blessures et séquestration contre ces personnes qui n’ont aucun intérêt juridique à agir à plus forte raison à les soumettre à la torture ?

De tous ceux qui se trémoussent et chauffent à blanc des paisibles citoyens de village en village, qui peut faire la démonstration juridique d’ « un intérêt à agir » justifiant les actes contre notre concitoyen, son pasteur et le jeune bachelier privé de suivre les cours au supérieur ?

Au lieu de faire profil bas, les instigateurs narguent plutôt la justice qui appelle à l’apaisement, là où sous d’autres cieux d’autres magistrats auraient ordonné l’arrestation immédiate des fauteurs de troubles dans une région qui sort péniblement d’un conflit meurtrier il ya juste 3 ans…

PLAIDOYER AUPRÈS DES AUTORITÉS TRADITIONNELLES ET JUDICIAIRES

Avant que cette affaire n’empoisonne davantage le climat social fragile dans le Bounkani,les autorités traditionnelles du Bounkanidevraient prendre leurs responsabilités, faire libérer les détenus, leur accorder leur pardon en réponse à la requête de la délégation des pasteurs.
L’instituteur et le bachelier ont besoin de regagner leurs lieux d’occupation quotidienne.

Une région dont les cadres et les fonctionnaires se compte au bout des doigts ne peut se permettre de gâcher aussi facilement la carrière de fils de la région, selon le bon vouloir d’un certain Sinan et participer ainsi à créer le déséquilibre numérique en sa défaveur.
Bien entendu, à leur sortie, l’instituteur et le pasteur devraient réfléchir davantage avant de mettre le feu à tout ce qui ne cadre pas avec leur foi.Les questions touchant la religion peuvent allumer une étincelle à tout moment.
Ce que nous savons c’est que NangboloDèwè leader charismatique des Koulango à Sayen’était pas adoratrice d’idoles.
Elle était monothéiste à savoir adoratrice du Roi du Ciel « YEGO INSE » ou YégoMantse, contraction de Yego Mango Tesse (Dieu de toute autorité).

Elle n’a instruit personne à la déifier ni à adorer son âme. A combien plus forte raison, l’on ne devrait soumettre son prochain à des actes de torture parce que le concerné a décidé de débarrasser sa résidence de débris de canaris, de tabourets et de cornes jonchant le dortoir d’un vieillard susceptible de se blesser au contact de ses objets parce que non voyant. Le fils a agi dans un but préventif.
Alors « Il faut bien libérer le tabouret », pour paraphraser Adama Bictogo.

L’instituteur et le pasteur ont fait une bonne application de la consigne.
Libérons le pauvre instituteur et le nouveau bachelier. Leur place est à l’école.

Le concept de « Renaissance du peuple Koulango», dont nous sommes les promoteurs n’a pas pour vocation à maintenir les gens dans l’obscurantisme. Nous avons vocation à favoriser l’expression de toutes les énergies créatrices pour la modernisation du cadre de vie.

Nous apportons notre soutien ferme à notre frère incarcéré sur plainte de personnes dépourvues d’intérêt juridique pour agir dans cette affaire. En clair, en quelle qualité les bourreaux initialement tiers à une affaire qui ne le concerne pas ont-ils attrait leurs victimes devant le tribunal après les avoir blessées ?

Enfin, nous apportons notre soutien au corps de la Magistrature en poste dans le zanzan dans sa lucidité dans le cas d’espèce en vue de la libération desdites personnes.
Attirons l’attention de ceux qui tirent les ficelles en ce qu’ils sont eux-mêmes à deux doigts de la prison qu’ils souhaitent pour autrui dans le même contexte qu’avait péri Haman à la place d’Esther.

DapaDonacien,
Juriste, cadre du Zanzan
dapadonacien@gmail.com