Centrafrique : l'opération Sangaris prolongée

Le Monde.fr avec AFP | Centrafrique. L'opération Sangaris prolongée.

PHOTO: Soldat de Sangaris à un check point de Bangui. Par Alfred Dufour. AFP.

Les forces françaises pourront rester en Centrafrique. Comme annoncé, tous les groupes parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat ont voté, mardi 25 février, en faveur de la prolongation de l'opération militaire Sangaris, qui a débuté en décembre 2013.
Même les groupes les plus hostiles à l'intervention, comme le Front de gauche, avaient dit qu'ils soutiendraient cette prolongation, finalement adoptée par 428 voix contre 14 à l'Assemblée et par 328 voix au Sénat contre 3. Le député UMP de l'Eure Bruno Le Maire avait annoncé dans une tribune au Monde qu'il voterait contre.
AYRAULT RECONNAÎT DES « DIFFICULTÉS »
En ouverture du débat à l'Assemblée, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a admis que les « difficultés » restaient « considérables » dans ce pays, malgré des « réels progrès » depuis le début de l'intervention française. Il a insisté sur la nécessité que la France ne reste pas seule en Centrafrique. Actuellement, l'armée française doit envoyer 400 soldats supplémentaires, portant le contingent à 2 000.
Pour assurer la sécurité du pays, a-t-il souligné « une opération de maintien de la paix sous casques bleus nous paraît seule à même de répondre aux besoins de la Centrafrique, a souligné le chef du gouvernement, la Misca [force africaine en Centrafrique] effectue un travail indispensable, qui doit être conforté dans la durée ».
Quand les casques bleus seront déployés en Centrafrique, « la France pourra réduire son effort et maintenir une présence en appui à l'opération des Nations unies », a-t-il ajouté, rappelant que l'armée française n'avait « pas vocation à se substituer aux forces internationales, auxquelles il incombe d'assurer, dans la durée, la sécurisation de la Centrafrique ».
« PAS UN OUI À FRANÇOIS HOLLANDE »
Lors des débats, Christian Jacob, chef de file du groupe UMP, a critiqué l'action de François Hollande, qui, selon lui « n'est pas un bon chef des armées ». « Un bon chef militaire vise des objectifs crédibles et affecte les moyens en conséquence », a-t-il fustigé.
Le vote des députés UMP n'est pas « un blanc-seing » et « pas un oui à une opération où la France est isolée, dramatiquement isolée » ni « à une opération non financée dans la durée », surtout « pas un oui à François Hollande », a-t-il prévenu à la tribune de l'Assemblée.
Plusieurs députés qui se sont rendus récemment à Bangui ont pointé des « erreurs d'appréciation » dans la préparation de l'opération et une « sous-estimation » des violences. Les interrogations étaient également nombreuses sur les effectifs français déployés, jugés globalement insuffisants, et le montant de la facture, dont la France doit pour l'instant s'acquitter seule.
Les renforts européens — 500 militaires pour sécuriser l'aéroport de Bangui et appuyer les forces françaises et les 5 400 militaires africains de la Misca — pourraient commencer à arriver début mars, mais les « grands pays », Grande-Bretagne et Allemagne en tête, ont déjà fait savoir qu'ils n'enverraient pas de soldats. Cette unité « Eufor-RCA » devrait donc être constituée en grande partie de militaires français et de soldats estoniens et géorgiens.
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La « gratitude » de la présidente centrafricaine
Catherine Samba-Panza, la présidente centrafricaine, s'est félicitée de la prolongation de l'intervention française.
D'après son porte-parole, elle « se réjouit que le peuple français accepte de voler au secours du peuple centrafricain » et « exprime son sentiment de gratitude vis-à-vis de la France et de François Hollande au vu des efforts déployés pour sortir la Centrafrique de la situation difficile dans laquelle elle se trouve ».

Le Monnde avec AFP