Côte d'Ivoire - L'opposition unit ses forces: La Charte de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) signée cette semaine

Par Aujourd'hui - Présidentielle de 2015 en Côte d'Ivoire. La Charte de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) exige des élections justes, transparentes, démocratiques et inclusives, et le strict respect de la constitution.

La Charte de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) signée cette semaine.

Si Alassane Ouattara croit qu’il n’y a rien en face de lui et que, comme il l’affirmait en pays Akyé, le fait d’être le candidat unique du RHDP lui permet d’envisager la présidentielle avec une grande sérénité, il se goure. Car après plusieurs mois de négociation, l’opposition s’est mis d’accord pour la création d’une coalition pour le changement (CNC). Cette union regroupe les principales têtes d’affiche de la politique ivoirienne. Au titre du PDCI, les trois personnalités qui se sont démarquées de l’appel de Daoukro, à savoir Charles Konan Banny, ancien premier ministre de Gbagbo et ex-président de la commission vérité et réconciliation nationale de fraîche date, Essy Amara, l’ancien premier ministre d’Houphouët-Boigny et le député de Port-bouët Bertin Kouadio Konan, y figurent. De même que Mamadou Koulibaly de Lider et le FPI d’Abou Drahamane Sangaré. Cette coalition est surtout soutenue par l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, qui a été informé en temps réel de l’évolution des discussions pour sa création. Après les derniers réglages, et en particulier le congrès du FPI, une charte va être signée cette semaine par ses signataires. Au plan formel, cette charte se présente comme un contrat « des membres envers euxmêmes » liés entre eux par des idées communes. Parmi les idées les plus importantes, il y a celles qui indiquent que « les parties acceptent d’investir temps et argent pour soutenir l’action commune. En échange, les membres ( et leurs militants) s’engagent à mettre en œuvre (…) les idées communes de l’union ». Mais il ya également des mises en garde comme dans un des alinéas de l’article 2 : « chaque partie signataire réaffirme vouloir agir avec humilité, honneur et intégrité, en se rappelant que la politique est une discussion et non la guerre, et qu’elle recherche le bien commun. » Car dans cette coalition, « chaque partie signataire doit, en toute circonstance, se souvenir de ce qui motive avant toute chose notre action commune : notre amour pour la Côte d’Ivoire et les personnes qui l’habitent », précise la charte. Dont les objectifs demeurent la réconciliation nationale « pour instaurer les conditions d’un environnement sociopolitique apaisé » pour permettre la libération de « tous les prisonniers politiques et le retour sécurisé des exilés politiques » ; la réunion de conditions d’élections « justes, transparentes, démocratiques et inclusives » ; le strict respect de la constitution ; « l’amélioration des conditions de vie des populations qui croulent sous le poids d’une paupérisation sans cesse grandissante » mais aussi et surtout la création des conditions de la victoire de la coalition aux élections à venir. A cette fin, dix protocoles d’accord ont été élaborés par les signataires, chacun étant axé sur les différents problèmes soulevés par la situation politique actuelle. Ainsi dans le protocole 1 qui fait référence à la réconciliation nationale, les parties conviennent que pour « établir une paix durable en Côte d’Ivoire » et « prévenir les conflits, en agissant sur leurs causes et sur leurs effets », il faut doter la Côte d’Ivoire « de moyens permettant au pays de transcender les clivages politiques, sociaux, religieux, ethniques et régionaux d’une part, mais de publier, d’autre part, « le rapport final de la CDVR et les auditions des victimes »note la charte. Les parties signataires assurent également qu’il faut « exiger du gouvernement la libération des prisonniers politiques, principalement du Président Laurent Gbagbo, et le retour sécurisé de tous les exilés politiques en Côte d’Ivoire ». La charte demande aussi « la dissolution de la commission électorale indépendante et la création d’une véritable CEI respectant l’esprit et la lettre de l’article 32 de la constitution », à savoir une commission composée de «personnalités au-dessus de tout soupçon d’appartenance politique. » Pour les membres de la coalition, c’est le seul moyen de ne pas « se voir imposer une majorité mécanique (…) et de ne plus vivre une (autre) crise postélectorale » La charte revient également sur toutes les questions qui paralysent la vie politique ivoirienne, notamment l’identification et l’enrôlement des électeurs et demande qu’il soit mis en place un mode opératoire consensuel. La coalition récuse d’ores et déjà la société SILS informatique qui revient sous une autre appellation et exige que cette opération soit confiée à l’institut national de la statistique. La coalition parle aussi de la modification de la constitution et assure qu’elle s’opposera énergiquement à toute révision de l’article 32 « non conforme à l’alinéa 2 de l’article 126 de la constitution ivoirienne ». La charte ne fait pas allusion aux moyens qui vont être mis en place pour obliger le gouvernement à accéder à toutes ses revendications. Nul doute que lors de la signature la question des moyens sera amplement évoquée. La coalition nationale pour le changement est dirigée par la conférence des présidents et des candidats déclarés aux élections présidentielles. « Toutes les questions liées au fonctionnement et à la mobilisation des ressources relève de la conférence des présidents et des candidats déclarés à l’élection présidentielle de 2015 », précise la charte. Un bureau exécutif restreint comprenant les différents représentants tient lieu d’organe d’exécution de la coalition.

Par SEVERINE BLE

NB: Le titre est de la rédaction.