Côte d'Ivoire: "Lettre ouverte À Laurent Gbagbo POUR LUI PRÉSENTER MES vœux", Par Dr Léandre Sahiri

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. "Lettre ouverte À Laurent Gbagbo POUR LUI PRÉSENTER MES vœux", Par Dr Léandre Sahiri.

Dr Léandre Sahiri.

Monsieur le président et Cher frère,

Je t’adresse cette lettre pour te présenter mes vœux les meilleurs pour l’année 2016, à toi et à toutes les personnes qui te sont chères.

Je voudrais, par la même occasion, t’annoncer la parution de mon nouveau livre édité par Mary Bro Foundation Publishing en Angleterre, préfacé par notre compatriote Henry Agré. Ce nouveau livre est intitulé « Lamentations », sous-titré « Plaidoyer pour la libération de Laurent Gbagbo » et fait suite à « Tout finit toujours par finir », mon dernier ouvrage paru en octobre dernier.

De quoi parle ce livre ? Et pourquoi, pour le titre de ce livre, ai-je choisi le mot « lamentation », qui, selon le dictionnaire, veut dire : complainte?

La réponse, cher frère, est que, au-delà de la complainte, le mot « lamentation » signifie l'expression d'un cœur débordant d'amour, mais qui est endolori et qui porte le deuil et qui, malgré toutes afflictions et humiliations subies, garde toujours espoir.

Et, comme tu le sais, cher frère, le mot « lamentation », tel qu’il apparaît dans la Bible, renvoie au « Livre des Lamentations » appelé aussi « Lamentations de Jérémie » : un long poème ayant pour sujet la ruine de Jérusalem et la destruction du peuple de Dieu par Nébucadnetsar, roi des Babyloniens.

En effet, la Bible nous apprend que les Babyloniens, sous la conduite de Nébucadnetsar, ont assiégé, pillé, brûlé, détruit la ville de Jérusalem, et ils ont réduit en cendres le temple de Salomon, qui subsistait depuis plus de 400 ans.

La Bible nous dit aussi que le prophète Jérémie, témoin oculaire de ces événements, exprime dans le « livre des Lamentations », sa peine, son patriotisme, son optimisme, du moins son espoir que toutes les douleurs de son pays, comme les siennes, deviendront fécondes.

C’est en cela que, cher frère, le mot « lamentation » m’a séduit et m’a paru convenir exactement à la situation vécue, ces dernières années, par la Côte d’Ivoire et par toi-même. Et, je te donne ici, dans ce livre, l’opportunité et la parole pour, à la manière de Jérémie, exprimer tes « lamentations ».

Mais, à travers et au-delà des « lamentations », j’invite à nous interroger sur nos conduites, à réfléchir sur notre condition humaine.

Réfléchir ? Oui ! Parce que la réflexion augmente les forces de l’esprit. Parce qu’il est bien connu que rien d’humainement grand ne naît sans la réflexion. Parce que la réflexion permet à l’être humain de chercher et de trouver les voies et les recettes pour sortir de l’animalité, de la barbarie, de l’immobilisme, de la résignation, de l’impasse. Parce que la réflexion conduit l’être humain à la remise en question, à la réaction, à l'action, à la création, à la révolte, à la révolution, au changement, au progrès, au renouveau...

Mais, cher frère, mon livre se veut, d’abord et avant tout, un discours qui plaide en faveur de ta libération ; car, qu’on le veuille ou pas, tu demeures, pour des millions de gens, un phénomène politique, un combattant, un leader charismatique qui ne mérite pas le supplice que tu subis à La Haye, encore moins les sévices de Korhogo.

Par ailleurs, mon livre explique pourquoi l’on veut, comme qui dirait, anéantir ton combat, ton grand combat mené contre toutes les formes d’oppression et contre la cupidité et la rapacité des exploiteurs.

Mon livre explique également pourquoi l’on veut, en quelque sorte, bâillonner ta voix, qui est la voix des sans-voix qui s’affalent dans le cachot du mal-être ; ta voix qui parle, en toute liberté, de liberté, de souveraineté, de démocratie ; ta voix qui enseigne ta grande culture politique à tout le monde ; ta voix qui dérange...

Cher frère, dans les prochains jours, je vous ferai parvenir, à Charles Blé Goudé et à toi, deux exemplaires dédicacés. Je vous en souhaite, par avance, bonne réception et bonne lecture.

Bon courage, cher frère. Reste toujours l’homme fort et digne que nous connaissons. Ménage ta santé. Elle sera fort utile pour la grande épreuve du 28 janvier prochain, si ton procès que nous attendons tous pour voir éclater la vérité, n’est pas, comme les fois précédentes, reporté.

Encore une fois, Bonne et Heureuse Année,.

Bien à toi.

Léandre Sahiri,

Professeur, écrivain. Editeur. Docteur ès lettres. Militant pour les Droits et Libertés