Côte d’Ivoire/ Transfèrement de Blé Goudé: L’Aird invite la jeunesse ivoirienne à relever la tête

Par IVOIREBUSINESS - L’Aird invite la jeunesse ivoirienne à relever la tête.

L’AIRD INVITE LA JEUNESSE IVOIRIENNE À RELEVER LA TÊTE

Joignant l’acte à la parole du conseil des ministres du jeudi 20 mars 2014, le gouvernement ivoirien a fait transférer le camarade Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale (CPI) basée à La Haye.
Officiellement, selon le gouvernement ivoirien, Charles Blé Goudé a été transféré à la CPI afin, selon le gouvernement ivoirien lui-même, d’être «jugé par la communauté internationale» qu’il aurait contrariée. Ainsi, aux dires du ministre ivoirien de la Justice, «Blé Goudé a été vu en 2007, fermer plusieurs entreprises et s’en prendre à des coopérants européens», poursuivant «qu’en 2010, c’était encore lui Blé Goudé qui demandait que les véhicules de l’Onuci soient “caillassés” (sic)…» avant de conclure «(qu’après) la diffusion des photos de maltraitance de (Charles Blé Goudé), il est du devoir du gouvernement responsable d’offrir à chacun la possibilité de meilleures conditions pour répondre des faits qui lui sont reprochés». Autrement dit, Blé Goudé a été transféré pour venger la communauté internationale et venger un pouvoir qui n’a pas digéré que l’on ne se tût devant la maltraitance dont il aurait fait usage. C’est une thèse inacceptable et anti républicaine, qui donne froid dans le dos, car demain, n’importe quel citoyen pourrait être réduit au silence y compris par les escadrons de la mort s’il venait à trop se plaindre: de simples déclarations n’ont-elles pas déjà valu à certains responsables politiques des mandats d’arrêt internationaux?
L’Alliance Ivoirienne pour la République et la Démocratie (AIRD) condamne cette politique de matraquage aveugle mise en œuvre par un régime qui, pourtant, se targue partout d’être au service de tous les citoyens.
L’AIRD ne se fait pas d’illusion sur le rapport de forces défavorable à la démocratie en Côte d’Ivoire, ni sur la nature de la CPI, qui reste avant tout une institution politique à l’habillage juridique. Le combat pour les valeurs sera donc âpre et exigeant sur le terrain de l’intelligence.
Face à la vacuité des accusations retenues – accusations sur la formulation desquelles la CPI et le pouvoir ivoirien divergent d’ailleurs du tout au tout -, le transfèrement de Charles Blé Goudé à la Haye participe des méthodes antidémocratiques de musèlement de toute voix dissidente par rapport à celle du pouvoir et s’apparente plus à une déportation intermédiaire. Ainsi, le pouvoir croit se donner les moyens de gouverner en roue libre, de sécuriser ses plans de succession en gagnant du temps avec les longues procédures de la CPI préalables à tout acquittement.
Comptant en son sein de nombreux militants des droits de l’homme, l’AIRD refuse de faire de la réconciliation un exutoire à l’impunité. Mais, à qui a profité au juste cette impunité que l’on dit combattre aujourd’hui, si ce n’est aux dignitaires du régime actuel à travers les accords de Marcoussis et le gouvernement de réconciliation national doublé de la loi d’amnistie qui en ont résulté ?
Les Ivoiriens, témoins et victimes d’une décennie de méthodes violentes d’accession au pouvoir, prennent acte de la gouvernance d’ivoirophobie, de division qui oppose les Ivoiriens entre eux, de promotion d’intérêts hostiles à la cause nationale, d’injustice, de pillages et de corruption généralisée; une gouvernance sur fond de mépris du peuple et de la République.

L’AIRD invite l’ensemble de la jeunesse ivoirienne, visée dans sa chair et dans son âme par ces mesures injustes, à relever la tête pour aborder l’avenir avec espérance et responsabilité par sa rigueur au travail et son ancrage dans les valeurs de solidarité, de rassemblement, d’intégrité, de justice, d’égalité et de démocratie. Demain sera incontestablement meilleur, parce que débarrassé de la peur de l’autre, dans les frontières sûres d’une vraie nation. Demain nous devons être des adversaires politiques qui savent être des partenaires de la démocratie. C’est à nous de donner cette leçon à ceux qui sont aveuglés par la haine.
À l’épouse de Charles Blé Goudé et à ses enfants, à sa famille biologique, à sa famille politique et à tous les combattants de la démocratie et des libertés, l’AIRD tient à témoigner sa solidarité, en les assurant de sa présence à leurs côtés. À notre frère Charles Blé Goudé, l’AIRD souhaite les grandes ressources morales qui confronteront ses juges à leur devoir de justice dans le cadre d’un procès équitable, et l’abandon rapide de toute charge à son encontre, pour un digne retour au pays, lavé de toute accusation.

Le Ministre Eric Kahé
Président de l’AIRD