Côte d’Ivoire - Jean Marie Konin (président des parlements et agoras): ”Nous allons gagner cette bataille”

Par Autre presse - Jean Marie Konin (président des parlements et agoras) ”Nous allons gagner cette bataille”

Jean-Marie Konin, est le président de la fédération nationale des orateurs
parlements et agoras de Cote d’Ivoire (FENOPACI). Il est surtout connu pour
la mobilisation des jeunes lors des rassemblements politiques et autres
meetings en faveur du Front Populaire Ivoirien (FPI) et de La Majorité
Présidentielle (LMP) conduite par Laurent Gbagbo. En exil au Ghana depuis la
chute de Laurent Gbagbo en Avril 2011, il a accepté de nous accorder une
interview sur la situation politique en Cote d’Ivoire. Pour lui ” les
pressions auront bientôt raison du régime en place en Cote d’Ivoire”

Il y a 3 semaines, 12 pro-Gbagbo étaient libérés, cette action est vue par
plusieurs comme un acte de la démocratie en place en Cote d’Ivoire.
[ rire… ] D’abord laissez-moi exprimer la joie que j’ai ressenti en
voyant ces personnalités qui recouvrent la liberté après 28 mois de prison
injustifiée. Elles ont été enfermées et maltraitées, ces images ont fait
le tour du monde. Mais je reste triste de savoir de nombreuses autres
personnes encore détenues illégalement dans les prisons d’Alassane
Ouattara. Ecoutez, il n’existe pas de démocratie sous Ouattara. Mr
Ouattara est arrivé au pouvoir en Avril 2011 par le biais d’un coup
d’État bien orchestré par l’armée française. Et depuis lors, il ne
fait que poser des actions anti-constitutionnelles. La démocratie en Cote
d’Ivoire est morte depuis cette date. Et ce n’est pas la libération de
12 prisonniers politiques qui y changeront quelque chose. A ce jour l’on
dénombre près de 800 prisonniers politiques en Cote d’Ivoire. Du jamais
vu dans la jeune histoire de notre pays.
Le ministre de la justice a fait une déclaration dans laquelle il indiquait
que cette libération venait d’une décision juridique alors que Pascal
Affi N’guessan parle d’une décision politique.
La libération des 12 pro-Gbagbo est venue d’une décision politique et
tout le monde le sait. En Cote d’Ivoire, la justice n’est pas
indépendante. Elle est aux ordres de Mr Ouattara. Lorsqu’un procureur de
la république qualifie de sauveurs des criminels de guerre qui ont massacré
des milliers de populations à l’ouest, cela veut simplement dire que la
justice va mal. Ce sont les pressions internes et externes sur le
gouvernement qui ont fait plier le régime. Et soyez en sur, les pressions
auront bientôt raison du régime actuel et vont contribuer à le faire plier
davantage.

Dans ses premiers mots, le premier ministre Pascal Affi N’guessan a
attribué cette victoire à tous les résistants au régime Ouattara. Une
adresse justifiée?

Oui les ivoiriens ont été formidables et continuent de l’être. Par leur
résistance pacifique, ils démontrent à la face du monde que la violence ne
peut triompher de l’intelligence et de la sagesse. Le boycott des
élections, la résistance aux intimidations et la dénonciation des abus
sous Ouattara sont des faits très forts. Actuellement, l’économie est en
lambeau sous Ouattara. Le pouvoir lui brûle entre les mains. C’est ça la
Cote d’Ivoire de Dieu.

Vous êtes le président de la FENOPACI, aujourd’hui en exil depuis plus de
2 ans. Que reste t-il des parlements et agoras?

Ils nous ont contraint en exil, pensant tuer la résistance et notre
détermination. Or personne ne peut nous empêcher d’éveiller les
consciences. Les camarades restés sur place continuent le travail dans des
conditions difficiles. Je voudrais donc leur rendre hommage et leur exprimer
ma reconnaissance pour ce gros travail.

Soro Guillaume a effectué dernièrement un voyage à Gagnoa chez les parents
de Laurent Gbagbo. Pour certains c’était plus de la provocation qu’une
volonté de réconciliation.

On se réconcilie avec celui avec qui on a eu des histoires. Avec qui Soro a
t-il eu des histoires à Gagnoa, Mama, ou Kpogbréboué?
Quel acte conflictuel ces populations ont-elles posé à son encontre? Il faut arrêter
la politique de l”autruche qui est celle de refuser de voir le problème et
essayer de le déplacer. S’ils veulent vraiment œuvrer à la paix, je les
invite à libérer tous les autres détenus y compris le président
légitime, le président Laurent Gbagbo, son épouse Simone et d’œuvrer au
retour de tous les réfugiés. Il faut avoir du respect pour les gens.
Surtout ceux qui passent pour les plus faibles du moment.

La loi sur l ‘apatride initiée par Ouattara a été votée malgré tous
les bruits autour de ce projet. Etes-vous surpris?

Non je ne suis pas surpris. Ouattara lui même est un apatride. En réalité
Alassane Ouattara veut se créer un électorat pour 2015. Il veut se créer
une base sociologue et posséder nos terres sur la base de ces lois sur le
foncier. Mais ces lois n’auront pas d’importance car les ivoiriens les
refuseront.

Où se trouve aujourd’hui la résistance au Ghana et quel est l’état
d’esprit des nombreux exilés?

Je voudrais donc dire aux ivoiriens de tenir bon car les choses avancent.
Cette année Dieu se souviendra de nous. Il nous rendra justice. La flamme de
la résistance est toujours allumée chez les exilés et le moral est au beau
fixe. Nous devons tous tenir bon parce que nous allons gagner cette bataille.

Interview réalisée par Serge-Pacome Abonga @ Africa News