Burkina : 500.000 personnes manifestent contre Blaise Compaoré pour dire Non à la modification de la Constitution

Par IVOIREBUSINESS - Manifestation « historique » contre le pouvoir de Compaoré.

De Ouagadougou à Bobo Dioulasso, de Dédougou à Banfora, en passant par Gaoua, les burkinabé sont massivement descendus dans la rue le samedi 18 janvier dernier à l’appel de l’opposition, pour dire Non à Blaise Compaoré et à son projet de modification de la constitution.
Plusieurs dissidents du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti présidentiel) dont l’ancien président de l’Assemblée nationale Roch Marc Christian Kaboré, l’ancien maire de Ouagadougou Simon Compaoré, l’ex député et chef coutumier le Larlé Naaba, et d’anciens ministres, ont pris part à cette marche historique de l'opposition.

Selon les informations en notre possession, ce sont plus de cinq cents mille (500.000) personnes qui sont descendus dans la rue samedi dans tout le pays, pour dire NON à Blaise Compaoré et à son projet de modification de la constitution pour se maintenir au pouvoir.

Cette mobilisation extraordinaire de l’opposition burkinabé, s’inscrit dans le cadre de la Journée nationale de protestation contre la mise en place du Sénat, contre la modification de l’article 37 de la Constitution, et contre la politique du gouvernement.

A Ouagadougou, ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue pour dire Non au Sénat et à la modification de l’article 37 qui permettra à Blaise Compaoré de se représenter en 2015 à l'élection présidentielle.

Malgré une fine pluie, les manifestants ont marché dans le calme à travers le centre-ville, certains brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "non au pouvoir à vie", "non à la modification de l’article 37", "non au référendum", "Compaoré doit partir", "Compaoré Game-over".

Les opposants à Blaise Compaoré ont ensuite tenu un meeting sur la principale place publique de Ouagadougou pour dénoncer la « mauvaise politique du gouvernement » et la volonté du président Compaoré de « s’accrocher au pouvoir ».

« La mobilisation de ce matin est historique. Le monde entier sait qu’au Burkina le peuple s’est mis debout pour dire non au Sénat », a déclaré le chef de file de l’opposition burkinabè Zéphirin Diabré, saluant la « gigantesque mobilisation ».

« Cette mobilisation est déjà un succès, non pas pour l’opposition, mais pour l’ensemble du peuple burkinabè qui lutte pour l’alternance », s’est-il réjouit.

En mi-décembre, le président Blaise Compaoré a évoqué l’idée de faire recours au peuple à travers un référendum pour modifier la Constitution.

L’opposition, tout comme les syndicats et la société civile, accuse le pouvoir de vouloir faire réviser à travers ce référendum, l’article 37 limitant le nombre de mandats présidentiels, pour permettre au chef de l’Etat de briguer à nouveau sa
succession en 2015.

Rejetant ce référendum, M. Diabré a indiqué que « faire un referendum sur l’article 37 c’est comme faire un référendum pour vérifier que les femmes sont de sexe féminin et les hommes de sexe masculin ».

Pour lui, le président Compaoré doit comprendre que « nous ne voulons pas de la modification de l’article 37 de la Constitution ».

Opposé également à la mise en place du Sénat, « un gaspillage inacceptable qui va coûter 36 milliards de F CFA » M. Diabré a indiqué qu’il ne vise qu’à donner des avantages onéreux aux proches du président.

La journée de protestation a été observée dans les 13 régions que compte le pays où d’autres marches sur le même thème ont eu lieu à travers le Burkina Faso, notamment à Koudougou (Centre-ouest), à Fada N’Gourma (Est) et à Bobo Dioulasso (Ouest).

Le débat sur la succession du président Blaise Compaoré arrivé, au pouvoir en 1987, agite de plus en plus le Burkina Faso. Les partisans du chef de l’Etat plaident pour une révision de la Constitution et la candidature de Compaoré en 2015.

Le régime Compaoré avait failli être emporté en 2011 par des manifestations populaires et surtout une vague de mutineries survenues à travers tout ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest.

Mireille (Mimi) Kouamé

Source : AIB