Affaire « Scandale dans la défense de Laurent Gbagbo à la CPI: Me Altit, proche de Nicolas Sarkozy, peut-il défendre Laurent Gbagbo? »: Pourquoi Koné Katinan ne doit pas jouer avec la défense de Gbagbo?

Le 27 décembre 2011 par IvoireBusiness - Dans une interview parue dans la radio « La Voix de la Résistance Africaine » (VRA), au lendemain de l’article « Scandale dans la défense de Laurent Gbagbo à la CPI : Me Altit, proche de

Koné Katinan Justin, porte-parole de Laurent Gbagbo.

Le 27 décembre 2011 par IvoireBusiness - Dans une interview parue dans la radio « La Voix de la Résistance Africaine » (VRA), au lendemain de l’article « Scandale dans la défense de Laurent Gbagbo à la CPI : Me Altit, proche de

Nicolas Sarkozy, peut-il défendre Laurent Gbagbo ? », paru sur votre site favori, Koné Katinan, porte-parole de Laurent Gbagbo a reconnu que Me Emmanuel Altit avait travaillé pour Nicolas Sarkozy et son ex, Cécilia, respectivement dans les dossiers du soldat franco-israélien Guilat Shalit et celui des infirmières bulgares.
Mais Katinan préfère pudiquement dire que Me Altit a travaillé pour la France, pour établir une distance entre Sarkozy et l’avocat français, dont il faut souligner ici que les compétences ne sont nullement remises en cause. Mais la question qu'on est en droit de se poser est est-ce qu'un avocat proche de Nicolas Sarkozy et de l’Elysée peut-il comme c’est le cas, défendre le Président Laurent Gbagbo ? N'y a t-il pas risque de péril quand on sait que Nicolas Sarkozy fut le véritable artisan de la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011?
Cela a de quoi faire froid au dos.

Mais cette proximité de Me Altit avec Sarkozy ne semble nullement gêner le ministre Koné Katinan.

Selon plusieurs analystes, ce dernier ferait une grave erreur en tolérant Me Altit, car s’il y a bien quelqu’un qui puisse faire condamner Laurent Gbagbo par le biais d’artifices juridiques, c’est bien lui.
Par ailleurs, considérant le nombre impressionnant de puissances occidentales ayant intérêt à voir croupir Laurent Gbagbo à la CPI pour les trente prochaines années, la « tolérance zero » doit être l’unique attitude dont devraient se prévaloir ses proches.
Prendre un risque, si minime soit-il, est à éviter totalement. Tolérer de bonne foi un potentiel loup dans la bergerie, en espérant ensuite le prendre à défaut et l’évincer à la moindre erreur pourrait s’avérer fatal, comme ce fut le cas par le passé.
Même entouré d’une multitude d’avocats histoire de l’encadrer, Me Altit s’il est réellement un traitre, peut se révéler dangereux.
Dans cette affaire, Koné Katinan Justin et Géraldine Odéhouri doivent être sans états d’âmes, car les millions d’ivoiriens à travers le monde qui ont manifesté affection et sympathie à Laurent Gbagbo, leur chef, leur leader, leur idole, ne le leur pardonneront jamais.
Katinan et Odéhouri doivent purement et simplement extirper Me Altit de la bergerie, car jamais aucun loup au monde n’a été admis de bonne foi dans aucune bergerie.
Il finit toujours par mordre, d’où l’expression « Le loup dans la bergerie », ou « le ver dans le fruit ».
Pour rappel, chaque fois que la LMP-proGbagbo ou le FPI-CNRD a joué avec le loup ou le feu, c’est-à-dire tolérer l’intolérable, il en est toujours sorti gros perdant. Et la liste est longue.

Quand le Président Laurent Gbagbo accepta, en grand stratège qu’il est, les accords de Marcoussis et Kléber, qui consacrèrent le partage du pouvoir avec la rébellion des Forces nouvelles de Guillaume Soro, c’était un pari risqué car la majorité des ivoiriens ne voulaient pas de la rébellion.
La célèbre formule de l’ancien Président nigerian Olésegun Obasanjo, « Une rébellion ça ne se discute pas, ça se mate », est encore fraiche dans tous les esprits. Le Président Laurent Gbagbo préfera discuter, de bonne foi, avec Guillaume Soro au point d’en faire son Premier ministre.
La suite on la connait. A la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril dernier, Guilaume Soro ne prit même pas soin de rendre sa démission à ce dernier, mais la donna à Alassane Ouattara, le véritable chef de la rébellion.
Quand la candidature d’Alassane Ouattara à la présidence de la République fut acceptée aux accords de Prétoria, tous les analystes pensèrent que le Président Gbagbo prenait de gros risques, qu’il jouait dangereusement avec le feu vu les intérêts puissants qui soutenaient Alassane Ouattara.
De même, quand Laurent Gbagbo accepta d’organiser l’élection présidentielle malgré un pays divisé en deux, un désarmement non effectif, les rebelles des Forces nouvelles la kalach en bandoulière, beaucoup de personnes lui dirent qu’il n’était en rien obligé de le faire. C’était encore un pari risqué. La suite on la connaît : Malgré sa victoire à l’élection présidentielle confirmée par le Conseil constitutionnel, Laurent Gbagbo fut déclaré perdant par la Communauté internationale et Alassane Ouattara vainqueur, au mépris de toutes les règles élémentaires.
Le même Gbagbo, pour parfaire le coup d’Etat de la communauté internationale, fut déclaré coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et transferé à la CPI le 30 novembre dernier sans s’être rendu coupable d’aucun crimes, pendant que les vrais criminels selon Human rights watch, la Croix rouge, Amnesty international, sont tapis au sein des FRCI et sont libres de leurs mouvements. Cérise sur le gateau, ils sont même nommés à des postes prestigieux dans l’armée par Alassane Ouattara.
Dans la même veine, quand Mamadou Koulibaly, président de l’assemblée nationale et n°2 du régime, commença à tirer contre son propre camp, notamment contre son patron Laurent Gbagbo et contre le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro, il s’est trouvé des personnes au sein de la LMP-proGbagbo pour le tolérer, pour dire que « Koulibaly est comme ça ».
Laurent Gbagbo en grand démocrate pris le risque, à trois mois de la présidentielle, de diligenter une enquête contre Tagro afin qu’il s’explique publiquement sur les accusations proférées par Koulibaly.
IvoireBusiness, votre quotidien favori, avait déjà tiré la sonnette d’alarme en disant que les actes posés par Koulibaly, qui vivait bizarrement déjà au Ghana avec sa famille sans que personne ne s’en émeuve, étaient ceux d’un traitre.
Et que jamais, un haut cadre d’un parti politique, même dans les démocraties occidentales, n’a posé des actes similaires à ceux de Koulibaly en Côte d’Ivoire contre son propre camp, et à trois mois d’une élection présidentielle qui s’annonçait difficile.
Là encore, le FPI-CNRD a préféré jouer avec le feu, jouer avec le loup Koulibaly, qui dévorait tout ce qu’il trouvait dans la bergerie. La suite on la connait : Mamadou Koulibaly se révéla le plus grand traitre de l’histoire du FPI, dont il voulu même changer le nom. Ce fut seulement en ce moment que les hiérarques LMP-proGbagbo se réveillèrent pour sauver ce qui pouvait l’être. Mais le mal était déjà fait et les dégats considérables. Koulibaly aura largement contribué à ce que Ouattara asseye son pouvoir devant la naïveté des cadres pro-Gbagbo.

Pareille situation arriva à feu le ministre Désiré Tagro, secrétaire général de la présidence. Ce dernier poussa loin le Rubicon au point de confier la confection des passeports biométriques sécurisés du pays à un cadre de la rébellion, en l’occurrence Adama Bictogo, aujourd’hui ministre de l’Intégration africaine de Ouattara. Là encore, cela ne s’était vu nul par ailleurs. Vu ses accointances avec la rébellion, Tagro était une cible de choix pour cette dernière. Il fut assassiné aux premières heures de la chute de Gbagbo le 11 avril dernier, devant les cameras de télévision du monde entier. Il payait de sa vie sa mansuétude à l’égard de la rébellion.
Aujourd’hui, il s’agit de Me Altit, avocat proche de Nicolas Sarkozy et de son ex, Cécilia. Rien ne prouve à ce stade qu’il soit en mission commandée pour le compte de l’Elysée. Mais est-ce une raison pour prendre des risques ou jouer avec le feu en ce qui le concerne?

Que lui doivent Koné Katinan ou Géraldine Odéhouri pour le tolérer auprès de Gbagbo vu sa proximité avérée avec Sarkozy?
Pourqoui penser pouvoir l’encadrer avec un collectif d’avocat et le surveiller ?
Pourquoi faire long avec ce qui peut-être court ? Pourquoi jouer avec le feu alors que chaque fois on se fait bruler ?

Pour ma part, je pense que Koné Katinan et Géraldine Odéhouri font une grave erreur en maintenant Me Altit à son poste après la révélation de sa proximité avec l’Elysée. Katinan lui-même a dit que Me Altit a été choisi dans l’urgence parce que c’est lui qui était là. Soit, même si on est en droit de se poser la question de savoir où étaient les Me Vergès, Me Dumas, Me Ceccaldi, Me Clédor LY, choisis eux par Gbagbo « himself ».
Bizarre que Me Altit soit à la fois proche de l’Elysée et ait été là dans l’urgence auprès de Gbagbo à la CPI, même si la fidélité de Koné Katinan et de Géraldine Odéhouri à Laurent Gbagbo n’a jamais été prise à défaut.
Jouer avec le feu, comme on l’a vu plus haut, s’est toujours retourné contre la famille LMP-FPI pro-Gbagbo. C'est pourquoi nous pensons humblement que ce serait une grave erreur de prendre le risque, cette fois encore, de maintenir Me Altit comme Conseil de Laurent Gbagbo à la CPI.

A bon entendeur salut !

Christian Vabé