Vacance du pouvoir en Côte d’Ivoire : La hache de guerre déterrée entre Guillaume Soro et Hamed Bakayoko

Par LG Info - Vacance du pouvoir en Côte d’Ivoire : La hache de guerre déterrée entre Guillaume Soro et Hamed Bakayoko.

En attendant la ‘’vacance du pouvoir’’, la «délégation du pouvoir» fait mousser les envies dans la République. En même temps qu’elle fait saliver, elle fait aussi déterrer la hache de guerre. En l’absence du chef de
l’Etat, c’est le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur qui a la manette. Alassane Ouattara a préféré Hamed Bakayoko à qui il a donné une ‘’feuille de route’’ selon des sources concordantes, à son Premier ministre Daniel Kablan Duncan lequel devrait constitutionnellement assurer la suppléance. Le président de l’Assemblée nationale quant à lui ne perd rien pour attendre son heure. Guillaume Soro attend patiemment l’avènement de l’article 40 de la Constitution ivoirienne. Mais pendant ce temps, place est faite à l’article 53 qui lui, met
plutôt en exergue «un membre du Gouvernement» au moment où Alassane Ouattara profite «d’une période de repos» sans que l’on ne sache vraiment quand il revient. Viendra-t-il maintenant ou ne viendra-t-il pas maintenant ? Ça suppute
fort à Abidjan, autour de l’absence prolongée du mentor du Rdr. C’est dans la soirée du dimanche 9 février 2014 qu’un communiqué laconique de la
Présidence informe sur l’état de santé du chef de l’Etat. «Communiqué de la Présidence de la République. La Présidence de la République informe que le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane
Ouattara, a subi une intervention chirurgicale liée à une sciatique. L’intervention s’est bien déroulée et le chef de l’Etat se porte bien. Il regagnera la Côte
d’Ivoire après une période de repos. Fait à Abidjan le 9 février 2014.»
Deux faits majeurs en ressortent. Premièrement, Alassane Ouattara est malade et de ce fait, il a subi une intervention chirurgicale. Deuxièmement,
qu’Alassane Ouattara regagnera la Côte d’Ivoire pour reprendre ses activités liées à sa fonction de chef de l’Etat, mais «après
une période de repos». C’est à dire que le numéro un ivoirien est sûr de revenir en Côten d’Ivoire, du moins à en croire
ceux qui informent sur son état de santé. Mais que ni lui, ni eux, ne sont sûrs de son retour au pays à une date bien précise.
Mais pendant combien de temps le chef de l’Etat ivoirien se reposera-t-il ? Qui préside la Côte d’Ivoire en son absence ?
Il est trop tôt pour parler de vacance du pouvoir. La vacance étant appréciée par la Constitution ivoirienne sous l’angle d’«empêchement absolu » laquelle Constitution stipule en son ‘’Article 40’’ : «En cas de vacance de la Présidence de la République par décès, démission, empêchement absolu, l'intérim du Président de la République est assuré par le Président de l’ Assemblée nationale, pour une période de quarante cinq jours à quatre vingt dix jours au cours de laquelle il fait procéder à l'élection du nouveau Président de la République.
L'empêchement absolu est constaté sans délai par le Conseil constitutionnel saisi à cette fin
par une requête du Gouvernement, approuvée à la majorité de ses membres…» Il
est donc clair que la «période de repos» d’Alassane Ouattara
ne signifie pas «vacance de la Présidence de la République»
encore moins «décès, démission,
empêchement absolu», du moins à l’étape précise de l’information
donnée par la Présidence de la République. De ce point de vue le terme approprié, c’est la suppléance
du pouvoir. La Constitution n’est pas bavarde sur la question. En son ‘’Article 53’’ celle-ci
stipule : «Le Président de la
République peut, par décret, déléguer certains de ses pouvoirs aux membres du Gouvernement. Le Premier ministre supplée le Président de la République lorsque celui-ci est
hors du territoire national. Dans ce cas, le Président de la
République peut, par décret, lui déléguer la présidence du Conseil des ministres, sur un
ordre du jour précis. Le Président de la République peut déléguer, par décret, certains de ses pouvoirs au Premier ministre
ou au membre du Gouvernement qui assure l'intérim
de celui-ci. Cette délégation
de pouvoirs doit être limitée dans le temps et porter sur une matière ou un objet précis.»
Dans ce cas précis, le communiqué officiel de la Présidence de la République reste muet sur les dispositions constitutionnelles qui ont été prises avant l’évacuation du chef de l’Etat ivoirien pour «une intervention chirurgicale liée à une sciatique». La question est donc de savoir si M. Alassane Ouattara a-t-il pris oui ou non, un «décret»
pour «déléguer certains de ses pouvoirs aux membres du Gouvernement» ? Si c’était le cas, le communiqué officiel de la présidence de la République ne resterait pas muet là-dessus. L’on peut donc oser croire que rien n’a été fait ni pour la suppléance ni pour la délégation du pouvoir, du moins officiellement. Mais, de sources dignes de foi, en lieu et place du «Premier ministre» cité prioritairement dans l’ordre de délégation du pouvoir, c’est plutôt l’option «au membre du Gouvernement qui assure l’intérim » qu’ Alassane Ouattara aurait prise. Selon nos informations, le membre du gouvernement dont parle la Constitution ivoirienne, n’est personne d’autre que M. Hamed Bakayoko, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur. Une prévenance du chef de l’Etat – à qui l’on ne peut reprocher sa pleine confiance en son ministre d’Etat -, qui n’est pas sans soulever des susceptibilités relativement au genre de rapport qu’il entretient avec ses autres proches collaborateurs. Dont en premier chef, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan. Dans la redistribution des cartes, Alassane Ouattara n’a pas daigné jeter un oeil sur Duncan cadre du Pdci-Rda parti allié au Rdr dans le cadre du Rhdp. Pourquoi ? Il s’agit ici du Pouvoir avec grand ‘’P’’. M. Duncan a beau être son ami, il ne demeure pas moins un militant du Pdci-Rda certes un parti allié du Rdr, mais un parti qui continue d’affuter ses armes pour un éventuel retour aux affaires. Tout le monde le sait plus que jamais, Henri Konan Bédié prépare «son dernier combat» qui n’est autre que sa candidature à la future élection présidentielle. Alassane Ouattara, s’il revient de «son repos» trouvera donc en face de lui Henri Konan Bédié le candidat du Pdci-Rda à un an de la présidentielle. On ne fait pas la passe à son adversaire, c’est connu, surtout en politique. L’actuel chef de l’Etat peut-il se permettre un tel risque ? Les faits récents répondent ‘’non’’. Mais qu’il ait pensé d’abord à Hamed Bakayoko, un ‘’enfant de la maison’’ ne l’absout pas des méfiances. Bien au contraire, l’attitude d’Alassane Ouattara n’a fait que susciter des envies. Parmi cette flopée d’ambitieux qui nourrissent un destin national, il y a le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. En effet, la montée en puissance d’Hamed Bakayoko surtout depuis l’évacuation
du mentor commun, Alassane Ouattara, dont personne ne sait à ce jour quand
est-ce qu’il reviendra reprendre les affaires de l’Etat, provoque des grincements de dents.
Guillaume Soro et Hamed Bakayoko font partie du dernier cercle d’Alassane Ouattara
qui se sont précipités à son chevet. Objectif, montrer sa fidélité sans faille au mentor et peutêtre s’adjuger les bonnes notes dans les confidences présidentielles. Alors que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur doit rebrousser chemin pour s’occuper des affaires pendantes, application de sa «feuille de route» oblige, le président de l’Assemblée nationale, lui s’est envolé au Congo-Brazzaville dans le cadre de ses activités parlementaires. Officiellement.
Les deux personnalités qui se livrent une guerre à fleuret moucheté malgré les assurances qu’ils donnent publiquement, se sont mis à booster leurs activités. Rencontres privées par ici, missions pour recueillir conseils par là. Pendant qu’Alassane Ouattara se repose à cause d’une «sciatique» à quelques mois d’une élection présidentielle dont il se dit
‘’sûr’’ de rempiler pour un second mandat.

Simplice Allard
sallard05@yahoo.fr