USA: Hollande accueilli avec faste à la Maison Blanche pour un dîner d'Etat

Par TV5 Monde avec AFP - Hollande accueilli avec faste à la Maison Blanche pour un dîner d'Etat.

PHOTO: Michelle Obama, François Hollande et Barack Obama lors du dîner d'Etat à la Maison Blanche, le 11 février 2014 à Washington. afp.com - Brendan Smialowski.

Washington (AFP) - Barack Obama et François Hollande ont affiché leur identité de vues mardi sur les grandes questions géopolitiques et économiques, échangeant compliments et témoignages de loyauté lors d'une visite en grande pompe du président français à la Maison Blanche.

S'appelant "François" et "Barack", les deux présidents ont donné une longue conférence de presse à l'issue de deux heures d'entretiens dans le Bureau ovale, l'occasion de rappeler les liens historiques entre Paris et Washington malgré des crises ponctuelles.
M. Obama a ainsi fait allusion au refus français d'une intervention en Irak en 2003, en notant que la coopération franco-américaine actuelle sur les dossiers de politique étrangère aurait été "inimaginable il y a seulement dix ans".
"Je veux saluer le président Hollande pour avoir fait progresser" cette coopération, a-t-il ajouté. "François, vous n'avez pas seulement parlé avec éloquence de la détermination de la France à prendre ses responsabilités en tant que pays de premier plan. Vous avez aussi agi. Du Mali à la Syrie et l'Iran, vous avez fait preuve de courage et de détermination et je veux vous remercier pour votre leadership et votre partenariat étroit avec les Etats-Unis".
De son côté, M. Hollande, qui effectuait la première visite d'Etat d'un dirigeant français aux Etats-Unis depuis 1996, a été interrogé sur un autre point de contentieux récent entre Paris et Washington: les opérations de surveillance des communications électroniques par la tentaculaire agence de renseignement NSA, révélées par l'ancien consultant Edward Snowden.
"Il y a une confiance mutuelle qui a été restaurée (et) qui doit être fondée à la fois sur le respect de chacun de nos pays et également sur la protection de la vie privée", a assuré le président français.
M. Obama a répété que "nous nous sommes engagés à faire en sorte que nous protégions les droits à la vie privée, pas seulement (...) de nos concitoyens, mais aussi des gens vivant dans le monde entier".
Les deux dirigeants ont également dit être sur la même longueur d'onde au sujet du nucléaire iranien, en particulier les sanctions qui continuent à s'appliquer à la république islamique pendant la période de l'accord intérimaire.
- Londres ou Paris? Les deux, dit Obama -
A ce titre, le président américain a remarqué que les entreprises étrangères qui prospectaient en Iran le faisaient à "leurs risques et périls", promettant "une pluie de sanctions" sur celles qui ne respecteraient pas l'embargo.
M. Hollande, alors qu'une délégation de 116 représentants d'entreprises françaises s'est rendue à Téhéran début février, a dit avoir communiqué clairement à ces firmes que "ces contacts ne pouvaient pas déboucher aujourd'hui sur des accords commerciaux" et que les sanctions ne seraient levées qu'en cas "d'accord définitif".
Côté économie, M. Obama a estimé que la France, qui peine à relancer la croissance, avait "entrepris des réformes structurelles difficiles qui, à mon avis, vont l'aider à être plus compétitive à l'avenir".
Interrogé, au vu de l'entente et de la cordialité affichées mardi, sur la question de savoir si la France allait remplacer le Royaume-Uni comme bénéficiaire d'une "relation privilégiée" avec les Etats-Unis, M. Obama s'en est sorti par une boutade.
"J'ai deux filles. Et elles sont toutes les deux splendides et merveilleuses. Je ne choisirais jamais entre elles. Et c'est comme ça que je l'entends avec mes extraordinaires partenaires européens. Tous sont merveilleux à leur manière", s'est-il exclamé.
Les deux hommes, qui avaient déjà voyagé la veille dans Air Force One à Monticello, domaine du président francophile Thomas Jefferson en Virginie (est), ont participé en début de matinée à une cérémonie d'accueil en grande pompe, avec hymnes nationaux, 21 coups de canon, discours et passage en revue de troupes sur la pelouse sud de la Maison Blanche, par un froid polaire à peine compensé par un soleil éclatant.
Après la conférence de presse, M. Hollande a déjeuné au département d'Etat. La journée de mardi s'est achevée par un fastueux "dîner d'Etat", grand événement mondain, en présence de quelque 300 invités. Michelle Obama est apparue dans une splendide robe longue bleu azur à bustier noir.
M. Hollande a également mis une touche historique à sa visite en décernant la Légion d'honneur à l'un des soldats inconnus inhumés au cimetière national d'Arlington --une première-- et en décorant six anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale à Fort Meyer.
Il conclura sa visite aux Etats-Unis par un crochet mercredi dans la région de San Francisco (Californie, ouest), où il rencontrera des dirigeants d'entreprises de la "Silicon Valley".

Par Hervé ASQUIN, Tangi QUEMENER

Dîner de Hollande à la Maison Blanche : le menu et la liste des invités (LE MONDE)

Quelle différence entre visite officielle et visite d'Etat ? Le protocole. Ce qui en fait donc une visite beaucoup plus chère.
Une visite d 'Etat doit comporter une arrivée solennelle avec passage en revue des troupes et hymnes nationaux. Aux Etats-Unis, elle inclut généralement -mais pas toujours- un discours devant les deux chambres du Congrès. L'ordre du jour est vaste, ce qui justifie le déplacement de nombre de ministres (pour accompagner François Hollande, ils sont 7).
Et bien sur, il y a le diner de gala. Le State Dinner, qui peut être "black tie" (smoking) ou "white tie" (queue de pie).
Selon le décompte de la Maison Blanche, la visite de François Hollande est "la septième visite d'Etat ou officielle" de la présidence Obama. Les visites de Angela Merkel (Juillet 2011) et David Cameron (Mars 2012) sont classées "visites officielles avec dîner d'Etat" (visite officielle seulement: le titre visite d'Etat ne pouvant s'appliquer aux premiers ministres).
La première visite avait été réservée au premier ministre indien Manmohan Singh, un dirigeant sur lequel Barack Obama avait beaucoup investi (il a été déçu). Elle avait été marquée par une brèche dans le protocole qui avait permis à deux intrus non invités d'assister au dîner. Les présidents chinois, mexicain et sud-coréen ont aussi eu droit à une visite d'Etat. François Hollande ne sera pas le premier à être seul sur la photo officielle. Hu Jintao était venu sans son épouse.

Par rapport à ses prédécesseurs, Barack Obama tient peu de dîners d'apparat. Ronald Reagan détient le record avec 35 en deux mandats.
Pourquoi François Hollande ne s'adresse-t-il pas au Congrès ? Le non-discours arrange tout le monde. Le Congrès, qui comme on le sait est fort occupé à ne rien faire, n'en peut plus de voir défiler les dignitaires étrangers. Les élus ne rentrent généralement de week-end que le mardi après-midi. Il aurait fallu les faire revenir un peu à l'avance et il n'est pas sur que les travées n'auraient pas été clairsemées.
Pour François Hollande, il n'y avait pas grand intérêt en terme d'image à discourir devant une institution assez décrédibilisée. Nicolas Sarkozy l'avait fait, du temps de George Bush, mais lui avait un message de réconciliation à faire passer. Le président français aurait pu prononcer le discours mercredi mais il a préféré aller à San Francisco dans le cadre de son message France terre d'innovation.
A la place, François Hollande a prévu de décorer six soldats de la IIème Guerre mondiale, à la base de Fort Myers. Mais aussi la tombe du soldat inconnu de la Première guerre mondiale, à Arlington (il a fallu un décret spécial). Un paradoxe pour qui veut faire passer un message tourné vers l'avenir.
Dans le cadre d'une visite d'Etat, une pluie d'égards s'abat sur les invités. A la veille du dîner, la Maison Blanche a convié la presse à une présentation de la décoration des tables et de la Salle Bleue (Blue Room) qui sert de salon de réception.
Le rite est immuable: François Hollande a été accueilli sous le portique nord, puis convié dans la Blue Room, pour signer le Livre d'or, puis invité à l'étage pour une réception privée. Il est redescendu par le grand escalier derrière la garde d'honneur, en compagnie de Michelle et Barack Obama. Ensuite, les deux présidents ont accueilli ensemble les invités dans la Blue Room.
Le dîner a eu lieu sous une tente blanche montée dans les jardins. L'entreprise fournit aussi le couvert. Selon le conservateur de la Maison Blanche Bill Allman, il était trop risqué de transporter l'un des services en porcelaine. Et les invités étaient trop nombreux. Combien ? Près de 350 probablement, mais la Maison Blanche n'avait pas confirmé au préalable. Parmi les invités de mardi, l'acteur Bradley Cooper, qui a fait quelques études en France.
Le chef de la Maison Blanche (une chef: Cris Comerford) a présenté le menu à la presse en compagnie du chef patissier Bill Yosses, un parfait francophone. La présentation était "off" mais comme les détails ont été postés sur le blog de la Maison Blanche, voici le menu :
 Caviar de l'Illinois, œufs de caille de Pennsylvanie et velouté de pommes de terre (12 variétés de pommes de terre de New York, l'Idaho et la Californie).
 Salade: un hommage aux légumes du potager de Michelle
 Bœuf du Colorado avec un "crisp" au bleu du Vermont, champignons et échalottes braisées
 Ganache au chocolat de Hawaii à la mode (glace à la vanille de Pennsylvanie), mandarines de Floride.
Après le dessert, les invités pourront picorer des roses rouges en sucre et des fleur de lys bleues en écoutant la chanteuse Mary J. Blige.
Vins: Napa Valley, Washington State et un Chardonnay de Monticello
Compositions florales par la fleuriste Laura Dowling qui a passé 15 ans en France.

Le Monde