Urgent Syrie - Obama recule: Obama repousse d'éventuelles frappes à la surprise générale

Par Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters - Obama recule et souhaite désormais le feu vert du Congrès avant une intervention militaire.

PHOTO: Barack Obama et son vice-Président à la Maison Blanche, le 31 août 2013. AP par Charles Dharapak.

Barack Obama a déclaré, samedi 31 août, qu'il avait pris la décision de principe de frappes contre le régime syrien mais avait demandé au Congrès de donner son feu vert à une telle opération, éloignant la perspective d'une intervention américaine à court terme.
"J'ai décidé que les Etats-Unis devraient agir militairement contre des cibles du régime syrien", a affirmé le président américain dans une intervention solennelle depuis la Maison Blanche. "Nous sommes prêts à frapper quand nous le choisirons", a précisé Barack Obama, évoquant une intervention sans troupes au sol, "limitée dans le temps et dans son ampleur". Le Congrès étant en vacances, les débats s'ouvriront avec la session parlementaire, la semaine du 9 septembre.
M. Obama, qui précise s'être entretenu avec les chefs de file démocrates et républicains des deux chambres, doit composer avec une opinion publique divisée sur une intervention en Syrie. Il a estimé samedi pouvoir lancer une attaque même si le vote du Congrès s'avérait négatif, sans préciser s'il prendrait une telle décision. Jeudi, le premier ministre britannique, David Cameron, s'était incliné après un refus du Parlement britannique, renonçant à suivre les Etats-Unis.
David Cameron a par ailleurs déclaré samedi soir sur son compte Twitter "comprendre et soutenir la position" du président Obama.
LES ANALYSES DES ECHANTILLONS DE L'ONU EN COURS
Après le départ de Syrie, samedi, des experts de l'Organisation des Nations unies, une "fenêtre d'opportunité" pour d'éventuelles frappes s'était ouverte, selon les experts. Suivant M. Obama, François Hollande a déclaré vouloir adresser un "message fort" au régime du président Assad, que les deux présidents tiennent pour "responsable" de l'attaque du 21 août dans la banlieue de Damas.
Cette attaque a fait 1 429 morts, dont 426 enfants, selon un rapport du renseignement américain rendu public vendredi. L'Observatoire syrien des droits de l'homme, une organisation non gouvernementale installée à Londres, a publié un nouveau bilan provisoire faisant état de plus de cinq cents morts.
L'analyse des échantillons collectés sur place par les enquêteurs de l'ONU pourrait prendre "jusqu'à trois semaines", a assuré samedi l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye, où sont arrivés dans l'après-midi les inspecteurs.
MENACES DE L'IRAN
Le chef des Gardiens de la révolution iraniens, le commandant Mohammad Ali Jafari, a qualifié samedi d'"illusion" l'idée qu'une intervention militaire occidentale pourrait être circonscrite aux frontières de la Syrie, annonçant "des réactions au-delà de ce pays".
Le président russe, Vladimir Poutine, a quant à lui assuré que les accusations d'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien étaient "une absurdité totale". Il demande aux Etats-Unis de fournir des preuves de leur emploi. M. Poutine propose que le sommet du G20 de Saint-Pétersbourg, les 4 et 5 septembre, auquel M. Obama doit participer, soit l'occasion de discuter de la crise syrienne.
RÉFUGIÉS AU LIBAN
Les ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe se réuniront dimanche au Caire pour parler de la Syrie. Le vice-secrétaire général de l'organisation panarabe, Ahmed Ben Helli, a précisé que cette réunion prévue mardi avait été avancée à dimanche en raison des développements du dossier syrien.
A la suite des experts de l'ONU, un flot ininterrompu de familles syriennes a traversé le poste-frontière libanais de Masnaa, fuyant la violence et les menaces de raid américaines. L'exode n'est pas massif – seuls ceux qui ont un moyen de transport et de l'argent prennent la route –, mais c'est un afflux régulier de voitures surchargées, passagers hagards et coffres ouverts débordant de sacs et de valises.
Plusieurs pays ont conseillé à leurs ressortissants d'éviter de se rendre au Liban en raison de sa proximité géographique avec la Syrie. Selon une source au sein des services de sécurité, environ quatorze mille personnes, principalement des Européens, ont quitté ce pays au cours de la seule journée de jeudi.

Le Monde avec Afp et Reuters

NB: Le titre est de la rédaction.

SYRIE: L'OPPOSITION APPELLE HOLLANDE A IMITER OBAMA ET A FAIRE VOTER LE PARLEMENT
Le Monde.fr avec AFP |
L'opposition, UMP et centristes en tête, se démarque désormais clairement de François Hollande à propos de la crise syrienne, en le mettant en garde contre toute décision hâtive d'intervenir militairement au côté des Américains contre le régime de Bachar Al-Assad.
Après les déclarations de François Fillon et Jean-François Copé, qui ont tiré la sonnette d'alarme à 24 heures d'intervalle devant les risques d'une entrée en guerre, c'est Jean-Louis Borloo, le patron de l'UDI, qui a mis François Hollande sous pression. Il a réclamé samedi soir un vote des parlementaires français, immédiatement après la déclaration de Barack Obama annonçant son intention de faire voter le Congrès américain.
Il a demandé à François Hollande d'organiser "un vote formel" au Parlement après le débat qui doit s'y tenir mercredi 4 septembre sur la situation en Syrie – et qui ne prévoit pour le moment pas de vote, même si juridiquement rien ne l'empêche.
"Comme le président des Etats-Unis, qui a décidé de consulter le Congrès américain au titre des principes démocratiques, le président français doit faire de même et organiser après le débat, un vote formel au Parlement", écrit l'ancien ministre centriste.
VOTE DE CONFIANCE
Un vote également demandé samedi par François Bayrou (MoDem), André Chassaigne, au nom des députés du Front de gauche, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) et par Christian Jacob, chef de file des députés UMP, pour qui le gouvernement devrait même engager sa responsabilité dans un vote de confiance.
"François Hollande prendrait une lourde responsabilité en engageant la France dans le conflit syrien, en dehors du cadre des Nations unies. Une telle décision, si elle était prise, serait en rupture profonde avec notre politique étrangère constante, conduite par tous les présidents de la Ve République".
Hormis au PS, nombre de dirigeants politiques de droite comme de gauche ont exprimé leurs réserves ou leurs craintes face à une action militaire visant à "punir" le régime Assad tenu pour responsable par Washington et Paris de l'attaque chimique du 21 août dans la banlieue de Damas.
Plus tôt samedi, le président de l'UMP, Jean-François Copé, avait accusé M. Hollande de "priver" l'opposition "des informations nécessaires" sur la crise syrienne, dans un entretien à Sud Ouest Dimanche.
BAYROU MET EN GARDE CONTRE DES "FORCES FONDAMENTALISTES"
Le président du MoDem François Bayrou est allé plus loin dans une "Lettre ouverte au président de la République" publiée par le Journal du Dimanche. Il reproche à François Hollande de se préparer à intervenir militairement en Syrie pour la "donner à des forces fondamentalistes engagées dans une entreprise globale d'instauration de l'islamisme politique".
"Vous annoncez que vous ne voulez pas renverser Assad et peser sur l'issue du conflit !... C'est une déclaration diplomatiquement hypocrite et qui n'a pas de crédibilité", écrit l'ancien candidat à l'Elysée et ancien député.
"Il est une gamme de rétorsions, de poursuites et de sanctions, conduisant les coupables jusqu'au Tribunal pénal international, qui auraient le même effet dissuasif sans exposer aux mêmes risques" que des frappes occidentales en Syrie, poursuit-il.
De son côté, Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), estime, dans un entretien au Parisien Dimanche, que "la France n'a pas intérêt à entrer dans une guerre de religion" en Syrie. Pour le sénateur du Territoire de Belfort, "il eût mieux valu privilégier une posture de négociations et faire de la France un intermédiaire entre les camps qui s'opposent dans ce qui est une véritable guerre civile intercommunautaire".

LE MONDE AVEC AFP