TRIBUNE: SOUS OUATTARA, LE MIRACLE ANNONCÉ N’A PAS EU LIEU, LES IVOIRIENS VIVENT UN MIRAGE, par Dr PRAO Yao Séraphin (LIDER)

Le 24 décembre 2012 par Correspondance particulière - Texte proposé par PRAO Yao Séraphin, délégué national au système monétaire et financier à LIDER.

Photo: ADO et le gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet.

Les promesses, le Président OUATTARA en a fait, et en quantités industrielles aux ivoiriens. Aujourd’hui ces derniers réalisent que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Et pour cause, ils sont simplement déçus d’un président qui n’arrivent pas à trouver l’embouchure du bien-être de son peuple. Les solutions tardent à venir. Lister ses promesses non tenues serait une œuvre quasiment impossible tant elles sont nombreuses. Et pourtant, il faut s’adonner à cet exercice périlleux. Dans les lignes qui suivent, nous parlerons de ses dépenses improductives, de sa gouvernance, de l’éducation et la recherche scientifique sous l’ère OUATTARA, de sa croissance oisive et appauvrissante, des violations des droits de l’homme et de l’insécurité permanente.

LES DÉPENSES IMPRODUCTIVES DE L’ÉTAT (VOYAGES DU PRÉSIDENT ET DE SES MINISTRES)

L’Etat ivoirien refuse de réduire son niveau de vie même si le nouveau gouvernement est composé de 29 membres contre une quarantaine dans l’ancien. Les nombreux voyages du Président OUATTARA et de ses ministres sont un gouffre à milliards. Le président de la République est à son 56ème voyage maintenant à l’étranger (un peu moins pour certains). Tout récemment lors de son voyage en France pour rencontrer le groupe consultatif pour le PND, c’est au moins 12 ministres qui ont effectué le voyage avec le président. Le Nouveau Réveil nous en dresse la liste : le Premier ministre et ministre de l’Économie et des finances : Daniel Kablan Duncan; des ministres d’État : ministre des Affaires étrangères, Charles Diby Koffi; ministre du Plan et du développement, Mabri Toikeusse; de l’Emploi, des affaires sociales et de la formation professionnelle, Dosso Moussa; les ministres des Infrastructures économiques, Patrick Achi, de l’Environnement et du développement durable, Remi Allah-Kouadio, de l’Agriculture, Coulibaly Sangafowa, de la Santé et de la lutte contre le sida, Raymonde Goudou Coffie, du Commerce, de l’artisanat et des Pme, Jean-Louis Billon, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Cissé Bacongo, de l’Industrie, Jean-Claude Brou, des Mines, du pétrole et de l’énergie, Adama Toungara …
Le président OUATTRA a effectué 56 voyages en 20 mois d’exercice du pouvoir, soit une moyenne de 2,8 voyages par mois. Si ces déplacements durent en moyenne 5 jours, c’est que le président OUATTARA et ses ministres font 14 jours à l’extérieur du pays et donc travaillent que 16 jours. En considérant les estimations faites par le Président de LIDER, de 1,5 milliards par voyage, le contribuable ivoirien payerait au minimum 4,2 milliards par mois, pour les voyages du président OUATTARA.

LE DÉVELOPPEMENT DE LA MAUVAISE GOUVERNANCE

Les scandales de ses ministres ou des amis du président sont légions. Adama Bictogo était soupçonné d’avoir détourné une partie des indemnités qui auraient dû être payées aux victimes de la pollution causée par le déversement de déchets toxiques à Abidjan, en août 2006. Cette somme serait de 4,65 milliards de franc CFA. Dans ce flagrant délit, le Président OUATTARA était obligé de limoger son ministre de l’intégration africaine.
Il y a eu l’affaire SATAREN-GREENSOL, concernant le ramassage des ordures ménagères où Anne OULOTO était citée. Il y a eu également, l’affaire CELPAID où KANDIA Camara a octroyé de gré à gré le marché des inscriptions en ligne à CELPAID, une entreprise de Mamadou SANOGO, ministre de la construction.
Quant aux évasions dans les prisons, les ivoiriens n’ont pas compris pourquoi ce sont deux régisseurs qui ont subi la petite foudre du Président de la république laissant les hauts responsables en liberté. Dans le partage du gâteau, la première dame, Dominique Nouvian Ouattara n’a pas été oubliée car elle est nommée présidente du conseil de surveillance du comité national de lutte contre la traite, l`exploitation et le travail des enfants.
Dernier scandale en date. Le ministre ivoirien des Mines et du Pétrole, l’actuel député-maire d’Abobo, Adama Toungara a plongé dans le fleuve tumultueux des scandales des années Ouattara. Dans sa publication n° 648 05/12/2012, la «Lettre du Continent» écrit que «le ministre ivoirien des Mines et du Pétrole, Adama Toungara vient de recevoir une belle avoinée de la part du président OUATTARA. Ce dernier a exigé que le fringant ministre quitte la suite qu’il occupe depuis seize mois au 7e étage de l’hôtel Pullman d’Abidjan. Le loyer mensuel de cette suite de cinq chambres revenait à 90 millions F Cfa. La Lettre du Continent note que «Le Loyer de la suite était au compte du trésor ivoirien.» L’information n’a pas été démentie. Ce comportement de l’ère de Mobutu est de nature à accroître les dépenses de l’Etat . Le ministre Adama Toungara qui se la coule douce sur les fonds publics à hauteur de 90 millions Fcfa par mois, alors que des enfants de son pays sont entassés à 90 ou 120 par classe. Même si le ministre a été vidé de ses suites luxueuses, cela ne fait pas du président OUATTARA un champion de la bonne gouvernance. Les Ivoiriens s’interrogent. Il a été incapable d’appliquer la «charte d’éthique du gouvernement», par laquelle les membres du gouvernement ont déclaré souscrire aux dix valeurs cardinales édictées. En effet, le point 3 visant «la Primauté de l’Intérêt général» dispose : «toute décision, toute action ou toute tâche doit s’inscrire et être menée dans l’optique de l’intérêt général, selon les exigences et normes de rigueur et de qualité que justifient les ressources disponibles…». Mais si les ministres ne respectent pas cette charte, c’est parce que le président lui-même adorent s’acheter des avions pour faire son tour du monde. En Côte d’Ivoire, le président OUATTARA a tourné le dos à la bonne gouvernance. On comprend bien pourquoi, la fondation Mo Ibrahim a classé la Côte d’Ivoire dernière en Afrique de l’Ouest dans son classement de l’année 2012, concernant la bonne gouvernance.

ÉDUCATION ET LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Alors qu’il avait promis pendant la campagne, la construction de 65000 classes en cinq ans, soit une classe toutes les heures, les ivoiriens ne voient rien. En plus, l’école ivoirienne va mal : les échecs scolaires prennent des proportions inquiétantes. Pour l’année 2012, l’on a enregistré au bac, 25, 27% d’admis, 17,03% pour le Bepc et 55,07% au Cepe. L’année dernière (2011), les taux étaient de 20,59% au Bac, 16,88% au Bepc et 58,22% au Cepe.
A l’université également, les étudiants et les enseignants sont désillusionnés.
Alassane Ouattara avait promis la construction des universités dans tout le pays. Dès son arrivée au pouvoir, c’est plutôt la fermeture des universités qu’il a développé. Selon lui, il fallait fermer les universités pour assainir le milieu et organiser un départ nouveau. Les travaux de réhabilitation étaient estimés à 42 milliards de franc CFA. Finalement le ministre Cissé Bacongo déclarait que ces travaux ont couté à la Côte d'Ivoire, 175 milliards de franc CFA. Il y a eu donc 133 milliards de Francs CFA de surfacturation du marché de rénovation des structures déjà existantes. Le comble c’est que les coupables ne sont pas poursuivis ou sanctionnés. Pour l’heure, il faut se réjouir du fait qu’à l'Université de Cocody, il y a une clôture, des murs repeints, des jets d'eau, du marbre autour des statues, même si on a oublié de mettre des toilettes à la disposition des étudiants.
On se demande aujourd’hui pourquoi le président OUATTARA a fermé pendant deux années les universités. Rien n’a changé dans le fond : ceux qui enseignent ne sont pas dans de bonnes conditions pour dispenser le savoir ni ceux qui reçoivent ce savoir. En fin de compte, on est retourné à la case départ. Aucune bibliothèque n'est opérationnelle. Pas de micro-cravate pour les professeurs. C'est le bon vieux microphone avec cordon, qui limite la capacité de déplacement de l'enseignant, qui fait son retour. Point d'amphithéâtre de 1.500 places. Les étudiants s'entassent dans des amphis de 500 places. La renaissance est sérieusement en souffrance. Pas de restaurants dignes et les bourses ne sont toujours pas payées ; les fascicules devenus obligatoires se vendent entre 3500 et 20000FCFA.
Les enseignants des établissements préscolaires, primaires et secondaires publics ont fait connaître quatre revendications majeures. Le paiement de la seconde moitié de la bonification indiciaire et le rappel y afférent ; le paiement de la seconde moitié des effets financiers du reclassement indiciaire et le rappel y afférent ; le paiement du reliquat de l’indemnité de logement des instituteurs et le rappel y afférent ; et enfin le paiement de la dernière tranche du rappel de Cap 1988 à 1992. En clair, les revendications exécutées partiellement sous le régime Gbagbo doivent être satisfaites à 100%, tel est l’exigence des enseignants de ces établissements. Concernant les enseignants d’université, il s’agit du non-paiement, à ce jour, des sommes dues aux enseignants au titre des heures Complémentaires (HC) des années universitaires 2008-2009, 2009-2010, 2010-2011, des encadrements et soutenances de 2OO7-2008 à ce jour, des émoluments des cours de Bouaké à Bouaké, des Heures Complémentaires de l’année dite de rattrapage, des rappels de salaires des promus du CAMES de 2008 à ce jour, des primes de recherches du deuxième semestre 2011.
Selon la Coordination nationale des enseignants et chercheurs (CNEC), il s’agit pour eux également de faire appliquer par l’Etat, les décrets de 2007 et 2009 portant nouvelle grille salariale et bi-appartenance dont le montant s’élève à 42 milliards. Les 133 milliards détournés dans la réhabilitation des universités pouvaient servir à régler une grande partie des problèmes posés par les enseignants. Le gouvernement fait encore des promesses aux enseignants sous prétexte que les salaires en Côte d’Ivoire constituent 1/3 du budget, soit 48% des recettes fiscales, ce qui dépasserait la norme de 35% dans la zone Uemoa. C’est plutôt le Président de la république et son gouvernement qui doivent serrer la ceinture comme le peuple pour arriver à un bon équilibre, en renonçant à leur train de vie injurieux.

LA CROISSANCE OISIVE ET APPAUVRISANTE

Selon le gouvernement ivoirien, la relance de l’économie conduirait en 2012 un taux de croissance du PIB réel de 8.6%, porté par une importante demande d’investissement public et le dynamisme des secteurs secondaire et tertiaire. Le déficit budgétaire global devrait atteindre 2.8% du PIB contre -2.5% en 2011, en raison du maintien de la baisse de la fiscalité pétrolière et de la hausse des dépenses courantes. La Côte d’Ivoire est la deuxième économie de la région après le Nigeria. Le pays est membre d'une union économique et monétaire avec 8 autres pays, soit 100 millions d'habitants. La dette ivoirienne a été réduite à 18% du PIB.
Le problème c’est que les ivoiriens ne voient pas le fruit de cette croissance et elle ne crée pas non plus des emplois : c’est donc une croissance appauvrissante et oisive. Essayons donc de comprendre les raisons de cette croissance oisive. Commençons par définir la croissance. On peut la définir comme la variation, sur un période donnée, l’année par exemple, de la production, pour un pays en général, de biens et services. Cette mesure se fait à partir du PIB (Produit Intérieur Brut), lui-même calculé à partir de la valeur ajoutée produite par les unités de production. Le taux de croissance étant l’expression en pourcentage de cet accroissement. Autrement dit, et dit plus simplement, il s’agit de l’accroissement de la richesse, de l’accroissement des biens et services qui peuvent satisfaire les besoins. Plus le taux de croissance est important et plus de richesses ont été produites, par rapport à la période précédente. On peut cerner les moteurs de la croissance à partir de l'équilibre suivant : PIB + IMPORTATIONS (nos ressources) = CONSOMMATION FINALE + INVESTISSEMENT + EXPORTATIONS + VARIATION DES STOCKS (ce à quoi sont employées ou destinées nos ressources).
L’histoire des faits économiques a montré qu’à des périodes différentes, ou d’un pays à l’autre, la croissance ne repose pas nécessairement sur les mêmes facteurs. Il est alors judicieux d’essayer de caractériser des types de croissance en fonction de l’importance relative des différents facteurs.
La croissance peut être extensive lorsqu’elle repose essentiellement sur l’augmentation des quantités de facteurs (travail et capital).
La croissance peut être intensive lorsqu’elle est due à l’augmentation de la productivité des facteurs, grâce au progrès technique et à l’élévation du niveau de qualification de la main d’œuvre. Cette croissance peut ne pas créer des emplois. C’est le cas lorsque l’informatique remplace par exemple les hommes. Les secteurs qui la favorisent demandent, en général, plus de capitaux que de main-d’œuvre ; dans le cas ivoirien, il est possible que l’investissement provenant de l’étranger soit directement injecté dans les zones les plus développées. Cette croissance n’impacte donc que très peu les sans-emplois et ceux qui survivent dans la précarité et les emplois informels, sans disposer de protection sociale.
Dans la pratique, aucune croissance observée n’est purement intensive ou extensive. La croissance intensive est la seule qui repose sur un véritable progrès, et elle peut donc sembler préférable. Cependant, une croissance intensive, fondée sur un haut niveau de productivité, n’est pas forcément riche en emplois.
En Côte d’Ivoire, la croissance attendue par le Président OUATTARA est sans doute tirée par les dépenses publiques et l’endettement excessif. Cette croissance largement extérieure aux forces productives locales est inflationniste.
La croissance attendue par le Président OUATTARA a plusieurs défauts.
Premièrement, cette croissance n’améliore pas le bien-être des ivoiriens. L’augmentation du produit intérieur brut ne garantit pas une répartition équitable des ressources correspondantes. A l’absence d’une volonté de répartition égalitaire des ressources, le taux de croissance tant attendu de 8% n’a profité qu’à une fraction minoritaire de la population, le clan OUATTARA.
Deuxièmement, la croissance économique tant attendue n’a pas été très respectueuse des droits de l’homme. Or les libertés individuelles, à commencer par celle d’aller et de venir, mais aussi la liberté d’expression, contribuent de façon significative au bien-être psychologique des personnes. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, les ivoiriens ne peuvent pas exprimer certaines opinions sans risquer la prison, voire la torture.
Troisièmement, le taux de croissance du Président OUATTARA n’est pas riche en emplois. Le taux de chômage des jeunes avoisinent les 20% de la population active en âge de travailler, estimée à plus de 11 millions d'individus en Côte d'Ivoire . L’emploi des jeunes connaît plusieurs difficultés dont l’inadéquation formation-emploi et la faiblesse du système de prospection d’emploi. Les objectifs des programmes d’emploi jeunes mis en œuvre en Côte d’Ivoire n’ont pas été atteints. L’Agence d’étude et de promotion de l’emploi (AGEPE) ne dispose pas de moyens suffisants pour mener à bien sa mission. Les projets pour l’emploi des jeunes tels que les travaux à haute intensité de main d’œuvre et les appuis financiers à l’endroit des jeunes pour la création d’entreprises sont encore en cours de redynamisation. Pour sa croissance, le Président OUATTARA ne compte que sur le BTP et le secteur minier, d’ailleurs ce sont ces deux secteurs qui ont dopé la croissance en 2012. Les principaux producteurs miniers du pays ont produit 14,86 tonnes d'or en 2012 et l'arrivée d'Endeavour Mining au deuxième semestre 2013 devrait porter la production nationale à 20,1 tonnes.
C’est également une croissance à la canonnière. En outre, l’Etat a décidé de fixer une taxe sur les bénéfices additionnels réalisés par les entreprises minières opérant en Côte d’Ivoire. Ce qui a été considéré par les entreprises comme un acharnement du pouvoir.
Pendant que le Président OUATTARA communique sur sa croissance appauvrissante, la pauvreté s’est fortement aggravée dans notre pays. L’indice de pauvreté est ainsi passé de 32,3 % en 1993 à 36,8 % en 1995. En 2003, il s’est situé entre 42 % et 44,2 % pour se situer aujourd’hui à près de 50%. Le taux de couverture en eau potable sur Abidjan est de 82 % et de 75 % sur l’ensemble du territoire national. Le reste de la population consomme l’eau de puits privés, celle distribuée par des vendeurs d’eau informels, ou encore celle des rivières ou autres sources d’eau non hygiéniques.
En résumé, le taux de croissance attendu de 8% n’est pas qualitatif et ce, pour plusieurs raisons :
- La croissance profite faiblement aux couches les plus pauvres de la population ;
- La croissance est pauvre en création de nouveaux emplois ;
- La croissance ne diminue pas le coût de la vie.
- La croissance n’a pas d’impact sur la pauvreté.
Le président Ouattara doit réformer la structure de l’économie notamment en multipliant le nombre d’emplois. Ce n’est pas avec des slogans qu’on va créer des emplois. Il faudra libérer le potentiel d’emploi de l’économie ivoirienne, notamment en éliminant sa politique de rattrapage, en réduisant la corruption, diminuer les démarches et la bureaucratie inutile et coûteuse qui entourent la création d’une entreprise en Côte d’Ivoire. L’environnement n’est pas sécurisé et les barrières à la création d’entreprises sont si élevées en Côte d’Ivoire que les entreprises ne se créent pas. L’agriculture occupe 66% de la population ivoirienne, ce secteur mérite un traitement convenable si on veut occuper les ivoiriens. Il faudra accélérer la réforme foncière pour que le secteur se développe. L’immobilisme dans la mécanisation de notre agriculture fait que les rendements du pays au niveau cacao sont parmi les plus faibles au monde, atteignant à peine 500 kg par hectare alors que l'Indonésie produit 2 tonnes par hectare et le Ghana 1,5 tonnes.
Il ne faut pas compter sur le secteur minier, qui, dans le simple exercice d’extraction des mines, n’a jamais été un véritable grenier des emplois.

LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME

Deux organisations locales, le Midh et la Lidho, ont donné de la voix au sujet des violations des Droits de l`Homme en Côte d`Ivoire. Dans un communiqué conjoint diffusé, le mardi 30 octobre 2012, elles se sont dites préoccupées par la persistance des violations des droits humains. Elles estiment que la vague de violences dont ont été victimes les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci) a donné lieu, en réaction, à des arrestations, des enlèvements et des détentions dans des lieux illégaux. A la suite de ces deux organisations, Amnesty International, la Fédération internationale des ligues des droits de l`homme (Fidh) , Human Rights watch et International Crisis Group, ont, dans la même période, dénoncé des manquements du pouvoir ivoirien en matière de droits de l`homme. Par exemple, ces Ong ont affirmé que plus de 200 personnes, dont des partisans de l`ex-président Laurent Gbagbo, ont été «arbitrairement détenues et torturées» dans le pays. Les nations unies ont également critiqué le regime. Le samedi 1er décembre 2012 , le Sous-secrétaire général chargé des droits de l’homme de l’ONUCI, Ivan Simonovic l’affirmait ceci : «Je ne me suis pas contenté de lire sur la torture dans les rapports, j’ai moi-même rencontré des victimes de torture, donc je peux confirmer qu’il y a eu de la torture». Il est inquiétant que les circonstances de l`attaque de Nahibly le 20 juillet dernier n’aient toujours pas été clarifiées.

L’INSÉCURITÉ PERSISTANTE

Sous le Président OUATTARA, l’insécurité est la chose la mieux partagée en Côte d’Ivoire. Tous les ivoiriens vivent dans la peur. Ceux qui doivent assurer notre sécurité ont également peur. Les positions des FRCI sont régulièrement attaquées. Pour le seul mois d’août 2012, au moins 15 attaques meurtrières contre les positions des FRCI en divers endroits du territoire ivoirien. En septembre, quelques attaques sporadiques ont été signalées. Comme pour narguer les autorités en charge de la sécurité, c’est après chaque sortie du ministre de l’Intérieur et de son homologue délégué à la Défense, qu’on constate les incursions meurtrières. Au plus fort des attaques, les assaillants se plaisaient bien à ce jeu. Assurément, c’est le même manège qu’ils ont recommencé tout récemment à Agboville le 16 décembre 2012. Avec cette insécurité, les investisseurs arrivent mais refusent d’investir dans cette atmosphère délétère. Le président OUATTARA lui-même ne fait pas confiance à son armée. Près de deux ans après sa prise de pouvoir, il est encore sous la garde des forces onusiennes.

Une contribution de PRAO Yao Séraphin,
délégué national au système monétaire et financier à LIDER