TRIBUNE: RDR, CES SUSPICIONS QUI CONFIRMENT L'ILLÉGITIMITÉ DE OUATTARA

Le 11 février 2013 par Correspondance particulière - L'ILLÉGITIMITÉ DE OUATTARA.

Alassane Ouattara est-il l’homme qu’il fallait aux ivoiriens ? Est-il celui que les ivoiriens ont voulut se donner comme dirigeant pour travailler pour leur bien-être et celui d...e la nation ? Cette question n’est pas fortuite. Elle est même pertinente, au regard du déroulement récent de l’actualité ivoirienne.
Le RDR son parti politique, semble nous apporter la réponse, en tentant, de façon maladroite, de venir à la rescousse d’un régime pris dans le tourbillon du front social en ébullition. Le RDR, parti au pouvoir accuse le Front Populaire Ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, principal parti d’opposition, d’être à la base des grèves intempestives déclenchées ces derniers temps. Des grèves auxquelles monsieur Ouattara n’arrive toujours pas à trouver des solutions. Lui qui s’est pourtant targué d’être la «solution pour la Côte d’Ivoire ».

« Grève générale annoncée dans les secteurs Santé et Education : ces pro-Gbagbo qui veulent paralyser le pays » ; « Grève à l’Eduction nationale et la Santé, le RDR accuse : c’est le FPI qui tire les ficelles », titrent respectivement ‘’le Patriote’’ et ‘’le jour plus’’, journaux proches du RDR, parti au pouvoir. Le quotidien du RDR, ‘’La Matinale’’ abonde dans le même sens: « Revendications intempestives, vigilance ! Ces grèves ne sont pas innocentes ».

Comme si cela ne suffisait pas une conférence de presse est même donnée au siège du RDR par Joël N’guessan, porte-parole principal de ce parti. « C’est le FPI qui manipule ces syndicats », clame t-il. Alors que l’on s’attendait à ce qu’il apporte à l’opinion les preuves irréfutables que les leaders syndicaux ont des accointances avec le FPI duquel ils recevraient des ordres, à quoi avons-nous eu droit

A de la gymnastique intellectuelle pour justifier l’injustifiable. Pis à un exercice de falsification de l’histoire de la Côte d’Ivoire. « A l’époque, Gbagbo avait dit aux fonctionnaires qu’il ne leur donne rien. Le président Ouattara a décidé de leur donner un peu. Contre toute attente, ils entrent en grève. C’est la preuve que le mobile est purement politique», déclare t-il. Avant d’ajouter que les syndicats sont «(…) des groupements corporatistes animés essentiellement par des militants avérés de l’ex-parti au pouvoir », sans donner la moindre preuve de ses allégations qui sonnent comme de la délation dans le seul but de faire porter l’échec de Ouattara à Laurent Gbagbo. Encore et toujours les mêmes pro-Gbagbo !

Or, l’on sait très bien que ces grèves ne sont que le reflet d’une société ivoirienne en plein doute, en pleine déliquescence et en proie à une misère sociale sous le poids duquel elle étouffe. Ces fonctionnaires et agents de l’Etat qui ont le courage de crier leur ras-le-bol, ont bravés toutes sortes de menaces du régime en place pour manifester à la face du monde leurs souffrances - sans parler des milliers d’autres ivoiriens qui souffrent dans le silence et le dénuement total – représentent en effet, cette grande majorité d’ivoiriens et d’ivoiriennes déçus et indignés par la gestion approximative d’Alassane Ouattara.

Moins de deux ans auront suffi pour que la vérité rattrape celui qui est parvenu à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire à l’issue des bombardements de l’armée française sur la résidence officielle du Président Laurent Gbagbo.

Ainsi le RDR argue que tous ces ivoiriens qui revendiquent l’amélioration de leurs conditions salariales, donc de leurs conditions de vie, sont manipulés par le FPI !

Comme on peut le constater dans ce parti dont les liens avec la rébellion armée qui a défiguré le pays, la ligne rouge entre le terrain syndical et le terrain politique est vite franchit. Faute d’arguments. Preuve de leur incompétence, mais aussi de la panique qui s’empare d’eux subitement. Il faut y voir aussi dans ces sorties hasardeuses un aveu cinglant : leur mentor Alassane Ouattara souffre de son impopularité renforcée par ses carences en matière de gestion politique. Il doit - d’une part - faire face non seulement à ses partisans déçus, à ceux qui naguère, portés par des considérations subjectives, ont cru en ce pseudo « messie ». D’autre part, il y a le reste des ivoiriens qui ne l’ont pas forcément soutenu et à qui il s’est pourtant imposé. Ceux-ci sont de plus en plus convaincus que monsieur Ouattara n’a aucune solution viable ni pour eux ni pour la Côte d’Ivoire. D’où l’inquiétude généralisée des ivoiriens quant à leur avenir avec un Ouattara plus enclin à plaire à ses parrains étrangers qu’à se soucier du bien-être des ivoiriens.

En fait, que valent-ils réellement, Alassane Ouattara et son parti politique le RDR sur l’échiquier politique ivoirien ?

54% avec ceux de son allié Konan Bédié, selon les chiffres de Youssouf Bakayoko. 32% à lui seul (sans les voix du PDCI), selon les chiffres du premier tour, contre 46% des voix pour Laurent Gbagbo seul, toujours selon les chiffres du sieur Youssouf Bakayoko. Des chiffres obtenus à l’issue d’un scrutin qui continue de susciter la polémique.

La Revue italienne « RESET », dans un article titré : « Laurent Gbagbo et le droit à la différence », dénonce les manipulations de la communauté dite « internationale » et révèle à propos de ce fameux scrutin présidentielle de 2010 : « Il était évident qu’organiser des élections en présence d’une rébellion armée dans le nord du pays qui a soutenu M. Ouattara comme candidat n’était pas un exercice électoral prometteur(…) ». Elle va plus loin en affirmant : « Plus de la moitié de ces organisations (les différentes missions d’observations ndlr) ont dénoncé les graves circonstances dans lesquelles les élections ont eu lieu dans le nord du pays sous contrôle rebelle ». On peut aussi y lire : L’Union africaine, qui a vu deux de ses observateurs enlevés et libérés avec l’aide de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) écrit: «La mission a découvert avec regret des actes de violence avec une perte grave de la vie, de violations d’intégrité physique, d’enlèvements, intimidations, enlèvements et la tentative de destruction du matériel électoral. De nombreux éléments qui devraient être une préoccupation pour les organes compétents afin de déterminer l’impact global sur le résultat des élections.

Au final, à quoi avons-nous eu droit ? A une proclamation « solitaire » du sieur Youssouf Bakayoko, des résultats supposés être ceux des élections présidentielles au Q.G de monsieur Ouattara, suivie d’un largage de bombes françaises sur la résidence de Laurent Gbagbo, sa capture et son emprisonnement pure et simple.

Ainsi, devient chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara. Au forceps.

Et depuis, les ivoiriens n’ont de cesse de démontrer leur antipathie pour la nouvelle classe dirigeante qu’il incarne.

Les élections législatives qualifiées de « désert électoral », en passant par le fiasco du RDR aux récentes législatives partielles (zéro sièges sur six) et aujourd’hui le mécontentement social généralisé, interpellent plus d’un observateur sur l’ampleur de la crise socio-politique que traverse la Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, monsieur Ouattara, son parti politique le RDR et ses alliés – à court de « solutions » sont rattrapés par la dure réalité du terrain politique ivoirien dans lequel ils se débattent, pris qu’ils sont à leur propre piège.

Admettons un instant que tous ces grévistes soient effectivement « téléguidés » par le FPI, un parti que le régime disait pourtant mort et enterré. Alors le FPI, parti principal d’opposition aura brillamment réussi à fédérer cette importante frange d’ivoiriens autour de son leader Laurent Gbagbo au détriment d’un Alassane Ouattara qui ne les rassure guère.

Pourtant, la réalité est là, incontournable. Les grévistes réclament que ce qui leur a été promis par l’Etat de Côte et qui n’attendait que l’obtention du point d’achèvement de l’initiative PPTE, pour se traduire en actes, leur soit octroyé. Rien de plus.

Dans un Etat de droit, cela se discute dans un cadre apaisé et franc. En lieu et place de menaces à peine voilées et d’emprisonnements de grévistes.

Sur la question, Joël N’guessan, le porte-parole du RDR, soutien qu’après l’atteinte du Point d’achèvement de l’initiative Pays pauvre très endetté (PPTE), le gouvernement avait deux choix : augmenter tout de suite les salaires des fonctionnaires ou le reporter à plus tard, en faisant des investissements.

En tout état de cause, Ouattara est au pied du mur. Les ivoiriens le regardent et sont impatients de le voir tenir ses promesses. Ils doutent encore qu’il soit capable, comme il le prétend, de mener à bon port le navire ivoirien. Aussi sont-ils convaincus que tout ce qui intéresse Ouattara, c’est de traquer et emprisonner les partisans de son adversaire Laurent Gbagbo lui-même déporté à la Haye où il est détenu depuis plus d’un an.

Ils sont de plus en plus nombreux, les ivoiriens qui se demandent bien à quoi ils peuvent encore s’attendre avec Alassane Ouattara, dont le régime dictatorial est aux abois.

Une contribution de Marc Micael