TRIBUNE: LE DEUXIÈME MANDAT DE NOTRE FILS OBAMA

Le 21 janvier 2013 par Correspondance particulière - LE DEUXIÈME MANDAT DE NOTRE FILS OBAMA.

Lundi 21 janvier, le monde entier suit en direct le début d’un autre épisode du film Barack Obama. En effet, le premier président noir de l’histoire des Etats-Unis va officiellement être intronisé pour son deuxième et dernier mandat de quatre ans à la tête de la confédération. Et il sera encore accompagné de ses deux jeunes filles Malia et Sasha, vieilles maintenant de quatre ans depuis la première élection de leur père. Mais apparaîtra surtout à ses côtés son épouse Michelle Obama, la première Première Dame Noire de l’histoire étasunienne. Plutôt que son nom qui a été déjà copié par les africains, c’est son nouveau visage qui sera remarqué. Elle a changé de coiffure que nos idoles appellent « frange ». La bonne note attribuée à cette coiffure aura de bonnes retombées…
En Afrique, même les enfants qui sont encore dans le ventre de leur mère, connaissent déjà ce film-là. Certains naîtront et seront baptisés Obama ou Barack ou les deux. Nul ne bat les africains dans l’art d’immortaliser les événements et surtout les noms qui ne sont pas les leurs. Gentillesse, bêtise, maladie ou idiotie, nous sommes comme ça et nous voulons qu’on nous laisse ainsi. Tant pis pour nous si nous enterrons nos propres prénoms. Ils ne nous méritent pas d’ailleurs. Nous sommes de vilaines personnes en portant ces prénoms spéciaux, car ils ne nous mettent pas dans notre vraie peau d’esclaves de nos maîtres. Nous n’avons pas une meilleure façon de prouver notre soumission à ces derniers qu’en portant leurs noms.
« Hé, toi-là, ordonne ton langage, tu ne sais pas que le père de cet enfant président du plus grand pays du monde est un africain ? » certains tenteront de me ramener à l’ordre. « Tu n’es jamais content, sinon tu verrais bien qu’il lui a donné un nom qui n’est pas américain… Si nous avons déjà adoré les présidents blancs, pris leurs noms comme nos surnoms, ou les avons donné à nos enfants, pourquoi n’est-il pas normal que nous prenions Obama ou Barack pour immortaliser cet événement ? Tu nous embrouilles à la fin avec ton histoire de noms ou prénoms africains. Crois-tu que ce sont les prénoms africains que nous mangeons ?... »
Je vous comprends, mais je ne serai toujours pas satisfait. Bien sûr, dans mes conseils pour encourager les africains à donner des noms de chez nous à nos enfants nés hors de nos pays, j’ai moi-même déjà souligné le bon exemple de ce Kenyan, en nommant ainsi son enfant qui est aujourd’hui l’homme le plus puissant du monde. Ne m’en voulez pas là aussi, à propos de sa puissance. Je répète ce qui se dit, mais surtout selon ce que nous semblons voir pour l’instant, vu que les autres sont silencieux. Quittons vite ce terrain.
J’aurais été encore plus content s’il avait donné à son fils un nom typiquement kenyan. Mais il portait déjà une étiquette à laquelle il devait prouver son attachement. C’est ce que mon frère Dally Gogognon et moi dénonçons au grand dam des supporters de cette doctrine qui veut qu’on porte le nom étranger pour montrer sa fidélité à sa religion. Cette doctrine est à notre sens inique, pas du tout idoine à la survie l’identité africaine. Parce que le nom et le prénom sont la toute première, et la plus irréfutable preuve dans l’affirmation : « c’est un africain, c’est une africaine, c’est un européen, c’est un asiatique ». Vous voyez clairement ce que cela signifie ? Des africains ne doivent pas s’appeler Pierre, Jean, Honoré, Idrissa, Ismaël, Moustapha, etc.
Gogognon et moi ne nous connaissons pas, mais nous sommes prêts à discuter sans colère avec les amoureux et les fascinés des noms étrangers. Des jours entiers ou des mois. Mais pour l’instant, maintenons-nous à l’événement que notre « fils » Obama va commencer un deuxième mandat de quatre ans à la tête des Etats-Unis. En tant que premier président noir de cette confédération de cinquante Etats ennemis mais qui se mettent d’accord à mort sur leur sécurité et la protection de leurs richesses, il est aussi le premier à réussir une réélection pour un deuxième mandant. Ah oui ! Il l’a bien réussi.
Avec une équipe de jeunes âgés entre dix-huit et quarante ans, il a intéressé tous ceux qui ne le faisaient pas depuis des années, à participer au vote du changement. Vous l’avez sans doute vu pleurer quand il remerciait les membres de son équipe de campagne. Il était si content ! Retenons, nous, que ces jeunes gens n’attendent pas d’être forcément récompensés par des postes. Donc ils ne crieront pas à l’ingratitude d’Obama.
Ai-je besoin de vous préciser, spécialement quelque chose d’autre? D’accord, voilà ma précision. Notre « fils », malgré notre sang dans ses veines, ne tentera en aucune façon de manipuler les textes constitutionnels de son pays pour un autre mandat. Nous rions sans doute, des « Au Mali » la tête baissée, ou des âmes tentées par une telle entreprise ou aventure. Mais rions seulement et passons, car j’écris ici pour nous faire rire. Je ne cherche pas à manger du piment. Ainsi, voici la partie qui nous ferait le plus rire.
Bill Maher, un journaliste blanc de télévision et grand supporter d’Obama, avait prédit en 2010 en disant : « Que les Républicains le veuillent, le souhaitent peu ou pas, cet homme sera réélu en 2012. Cela parce que l’Amérique change, une grande partie de la population se démarque d’eux. Mais laissez-moi vous dire encore ceci : Obama conduit le présent mandat en tant que le président des blancs. Donc il adopte un comportement de blanc pour leur faire plaisir. Son deuxième mandat, il le conduira en tant qu’un vrai noir, alors ils ne seront pas surpris de l’entendre pester contre eux comme un vrai noir. C’est d’ailleurs mon souhait car Obama doit leur payer toutes les insultes qu’ils ont inutilement versées sur lui. Je souhaite vivement qu’il leur fasse entendre les « Damènecon », « Afakaya », « Fougn’nin » propres au langage des noirs ».
Donc pour vous demander de bien suivre le comportement de notre fils durant son deuxième mandat, j’ai fouillé le nouvel album de ses photos officielles, pour vous en proposer une. Vous pouvez l’accrocher dans votre bureau, votre salon, votre chambre, là où votre cœur vous en dit plus, en tant qu’adorateurs attitrés des choses et des gens d’ailleurs. C’est notre destin, nous n’y pouvons rien.
Je vous souhaite une bonne séance de télévision en regardant le deuxième sacre d’Obama. Ne pensez pas à aller au travail pour gagner votre pain. Vous en aurez juste après la télévision. Quant aux américains, les vrais concernés par ce deuxième mandat, ils seront pris par l’un de leurs deux ou trois boulots. Le banquier par exemple, sera dans sa banque en train de faire la cour à ses clients. En attendant le soir pour aller être vendeur ou étalagiste de nuit dans un grand magasin. Oui, il a besoin de joindre les deux bouts, surtout de payer sa maison dont le crédit dure toute la vie. Vous avez compris ? Obama prêtera serment en tant que le président de son pays, les Etats-Unis d’Amérique. Seule les intérêts de son pays guideront son travail et toutes ses actions.
Souhaitons ensemble bonne fête et un heureux deuxième mandat à notre « fils » Obama. Là au moins nous pouvons nous entendre, car nos yeux verront les mêmes images.

Nohoré Gbodiallo Guikou Bilet Zafla
likaneybé@hotmail.com