Tribune: La démocratie est folie pour certains aficains

Le 10 avril 2013 par Correspondance particulière - La démocratie est folie pour certains africains.

Traiter le président Laurent Gbagbo de malade mental est une offense qui
s'inscrit dans la politique du rattrapage ethnique pratiquée en Côte d'Ivoire par
Alassane Ouattara, dont l'un des objectifs principaux est de faire de leurs adversaires
politiques des "fruits pourris", afin que ces derniers soient rejetés par l'opinion
publique internationale. De l'affaire Kieffer à la CPI, en passant par les escadrons de
la mort, l'opinion publique internationale s'est rendue enfin compte que toutes les
accusations portées à l'encontre du président Laurent Gbagbo ne reposaient que sur
du vent. Porter atteinte à la dignité d'un grand chef d'État africain, en le qualifiant de
fou, sans apporter un examen psychiatrique, confirmant de telles allégations, jette
malheureusement un discrédit sur une autre institution internationale, après la CPI, il
s'agit de l'UNESCO, chargée, entre autres choses, de l'enseignement, de l'éducation
des jeunes, et de la défense des droits de l'homme, puisque ces propos sont tenus par
un des ses ambassadeurs de la paix. La paix n'est pas un vain mot, mais un
comportement, selon l'enseignement que nous avons reçu de Félix Houphouët
Boigny, un des pionniers de cette politique qui favorise la résolution des conflits par
le dialogue. Une fois contenu le choc émotionnel que provoquent en nous les
déclarations de cet artiste, il est toujours important de chercher à comprendre ses
motivations profondes, puisqu'il a adhéré à l'idéologie politique du président Laurent
Gbagbo, avant de s'allier au camp d'Alassane Ouattara. Il a été l'un des précurseurs de
la Charte du Nord qui a donné naissance à la politique du rattrapage ethnique. Nous
avons été émerveillés par les textes de ses chansons qui critiquaient les dérives des
régimes en place, ou reprenaient les paroles de David au Psaume 23 que nous
fredonnons tous. Ce Psaume affermit notre foi dans le Dieu unique, et ravive notre
espérance dans la poursuite d'un idéal noble, car nous choisissons pour guide, et
Pasteur, l'unique Dieu, celui de la justice et de la vérité. David, après avoir traversé
les sentiers de la mort, des épreuves rend, en effet, témoignage au seul vrai Dieu, il
dit: «Yahvé est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche il me
fait reposer […] Passerais-je un ravin de ténèbres, je ne crains aucun mal car tu es
près de moi: ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent». Après la méditation d'un
si beau psaume, nous nous demandons pourquoi les routes du président Laurent
Gbagbo et de cet artiste se sont-elles séparées, puisque Laurent Gbagbo est en train
de vivre justement ce texte chanté par cet artiste. Bombardé par l'armée de Sarkosy et
d'Alassane Ouattara, il est sorti vivant du Shéol, écroué à la CPI, il ne craint aucun
mal, car le Seigneur est son guide et sa forteresse, puisqu'il a choisi de servir son
peuple, la vérité, la justice, au prix de sa vie. A la CPI, les accusations de ces
adversaires politiques ont flétri, comme de l'herbe, sous le soleil ardent de la vérité.
Alors, pourquoi avoir abandonné la voie étroite cher artiste? La réponse de l'artiste et
des siens qui traitent le président Laurent Gbabgo de fou, de malade mental, se
trouve, en effet, dans l'offense qu'ils profèrent eux-mêmes à son endroit, parce que
nous devons comprendre qu'ils sont au coeur du système politique d'Alassane
Ouattara. Ils sont donc effrayés par les pièges politiques mis en place par les partisans
du rattrapage ethnique, en collaboration avec les défenseurs occidentaux silencieux
de la Françafrique qui incitent Alassane Ouattara à affirmer, de manière paradoxale, à
la tête d'un pays démocratique, qu'il est indéboulonnable. Le défi relevé par le
président Laurent Gbagbo qui consiste à jeter les bases d'une démocratie en Côte
d'Ivoire est, par conséquent, pour ces derniers un projet fou, c'est à dessein qu'ils le
traitent de malade mental. Si nous abondons dans le même ordre d'idée, Ghandi fut
un fou en choisissant de lutter pour l'indépendance de l'Inde face à une puissance
coloniale comme l'Angleterre, Mandela aurait été un fou pour sa lutte contre le
système politique d'apartheid, Martin Luther King un fou, alors que sa lutte a vu
aujourd'hui un noir installé à la maison blanche, Hollande un fou pour avoir décidé de
lutter contre les dérives du monde de la Finance qui affame nos peuples en conservant
l'argent utile au développement de nos nations dans les paradis fiscaux. Une chose est
de fredonner les paroles saintes de ceux qui ont donné leur vie pour l'idéal qu'ils ont
défendu, une autre chose consiste à les mettre nous aussi en pratique. C'est à ce
niveau que se séparent, en réalité, les routes du président Laurent Gbagbo et ses
compagnons, ses amis d'une fois, parce que la sagesse de Dieu est folie pour
l'homme, et la sagesse de l'homme est folie pour Dieu. Ce système d'exploitation de
nos peuples mis sur pied par le monde de la Finance, par des amis riches qui tiennent
à contrôler le monde au-delà des États s'écroulera, sans le moindre doute, parce que le
monde entre dans une ère nouvelle qu'aucun homme fusse-t-il le plus riche de la terre
ne peut empêcher. Face au marché asiatique qui s'installe progressivement en
Afrique, nos nations n'auront leur salut qu'en jetant les bases de véritables
démocraties, de peur que les armées africaines, ne deviennent des associations de
criminels chargées de préserver le pouvoir des riches, l'exploitation de nos peuples.
Les pays asiatiques promettent de ne pas se mêler de la politique interne des États
africains, et se contenteront de les financer, en vue d'écouler leurs produits, et de se
procurer des matières premières. Cette politique a déjà en soi les germes de la
destruction de nos États africains fragiles, parce que ce flux important d'argent sera
détourné par les présidents et leur dynastie qui braderont les richesses de leurs
peuples. Une fois que ces pays de l'Asie investiront en Afrique, il va de soi qu'ils
protégeront leurs investissements, en soutenant les régimes qui leur sont favorables.
Nous assisterons alors sur notre Continent à des conflits armés plus violents, puisque
nous aurons des groupes favorables à la politique des pays asiatiques et d'autres à
l'Occident. La solution préconisée par Sarkosy et ses amis qui consiste à préserver les
intérêts de leurs amis, de leurs multinationales, en emprisonnant à la Haye des
démocrates comme le président Laurent Gbagbo, et en installant des présidents
comme Alassane Ouattara, favorables à une politique protectionniste, démontre qu'ils
sont frappés d'une cécité politique qui les empêche de comprendre les enjeux
véritables du marché africain. Hollande, à travers son intervention au Mali, montre la
véritable ligne politique à observer, celle qui consiste à mettre au service des nations
africaines les moyens sécuritaires dont elles ont besoin, dans le but de jeter les bases
de véritables démocraties qui lutteront contre la corruption et les régimes autoritaires
africains, qui s'inspireront certainement du modèle des nations asiatiques qui violent
les droits de l'homme. Des régimes autoritaires africains favorables à l'Asie seront les
bêtes noires du monde occidental, parce que soutenus par des réseaux mafieux mieux
organisés que nos armées. La démocratie comme l'a affirmé le président Laurent
Gbagbo à la CPI est l'unique voie de sortie des nations africaines, un projet qui
semble fou mais plus réaliste parce qu'il garantira mieux les 20% des investissements
français en Afrique. Il est plutôt utopique de défendre, de nos jours, une politique
coloniale, parce que le temps de la colonisation, de la traite des nègres est désormais
révolu. La fébrilité de la CPI, ou des amis de Sarkosy n'y changeront rien. Saches
donc mon cher artiste pétri de qualités que nos dons doivent être mis au service de la
justice, de la vérité, de réflexions politiques objectives. Il était sage à l'époque du
président Houphouët d'attendre le moment opportun pour conquérir notre liberté,
nous serons cependant des personnes naïves si nous sommes incapables de discerner
ce moment, car si nous ne remédions pas à cette situation, nos nations africaines
deviendront des champs de guerres, où s'affronteront de manière impitoyable l'Orient
et l'Occident, pour l'énergie indispensable à leur survie; la Corée du Nord a déjà
donné le ton de ces conflits futurs, au grand dam de BanKi Moon qui soutient la
politique colonialiste de Sarkosy, qui risque d'entraîner la destruction de sa propre
nation. Évitez donc de sacrifier la Côte d'Ivoire sur l'autel des intérêts du monde de la
Finance, car seule la démocratie peut nous permettre de bâtir un monde nouveau plus
juste où chacun tirera son épingle du jeu politique. Cette lutte pour la démocratie ne
fait ni du président Laurent Gbagbo ni de ses partisans des malades mentaux,

Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)