Tribune : Des ivoiriens du Nord et le Pdci seraient-ils victimes d’un abus de faiblesse de la part d’Alassane Ouattara

Par Correspondance particulière - DES IVOIRIENS DU NORD ET LE PDCI SERAIENT-ILS VICTIMES D'UN ABUS DE FAIBLESSE DE LA PART D'ALASSANE OUATTARA?

Nous sommes victimes d'un abus de faiblesse lorsqu'une personne exploite notre état
d'ignorance ou notre vulnérabilité psychique, psychologique pour nous inciter à prendre des
engagements dont nous sommes incapables de voir l'importance. En Côte d'Ivoire, l'incohérence des
arguments avancés par les jeunes du Nord, qui ont pris des armes contre les autres Ivoiriens,
démontre qu'Alassane Ouattara s'est servi de leur état d'ignorance. La vulnérabilité psychique et
psychologique concerne, au contraire, le PDCI et ses leaders politiques, accusés en 2002, aux
premières heures de la rébellion, par les partisans d'Alassane Ouattara, d'avoir inventé un concept
politique taxé de xénophobie: l'ivoirité. Le discours du président Bédié lors du 23e congrès du
PDCI nous permet d'attester la mainmise du RDR sur le PDCI, et surtout la complicité entre la CPI,
Alassane Ouattara et le RHDP qui s'évertuent à ternir la figure stoïque, altière du président Laurent
Gbagbo, en recherchant, cette fois-ci, dans la rue, des arguments en vue de le maintenir à la Haye.
La CPI demande en effet l'extradition de Blé Goudé, surnommé affectueusement et à dessein «le
Général de la rue», et Bédié, le président du PDCI, parti politique allié au RDR d'Alassane Ouattara
s'emploie à enfoncer le clou, lors de son 23 ième congrès, en évoquant des faits douloureux
susceptibles d'être retenus comme des charges contre Blé Goudé et par ricochet, contre le président
Laurent Gbagbo. Il s'agit, entre autres choses, de la mort de Thierry Zébié, et de l'introduction des
armes blanches dans les écoles ivoiriennes. Le timing précis de tous ces événements concomitants
démontre que nous sommes face à un piège politique tendu par la CPI, en complicité avec Alassane
Ouattara et ses alliés. Le discours du président Bédié ne reflète pas en fait l'héritage spirituel et
politique du président Houphouët Boigny; la culture du dialogue, de la paix. Il ne faut pas se
contenter de dire haut et fort que le PDCI, vieux de 67 ans, est avec l'ANC, l'un des partis politiques
les plus vieux d'Afrique. Les leaders politiques de ce parti doivent plutôt s'atteler à produire, à
l'image de leur fondateur et de Nelson Mandela, des oeuvres qui attestent leur maturité politique, et
surtout le courage de leurs choix politiques. Qu'en est-il donc de l'ivoirité, leur cheval de bataille?
Pour Platon, l'essence; le fond de l'être, la nature des choses précède l'existence. En Côte d'Ivoire,
nous utilisons une maxime plus accessible lorsque nous voulons exprimer le concept philosophique
de Platon: nous disons simplement: «Il n'y a pas de fumée sans feu». Le feu à l'origine de l'ivoirité
est le flux migratoire incontrôlé: le véritable fil conducteur de la crise ivoirienne, qui a vu le
président Laurent Gbagbo perdre deux de ses ministres de l'intérieur: Boga Doudou et Désirée
Tagro, assassinés par les étrangers, en possession de faux documents ivoiriens, rassemblés autour
d'Alassane Ouattara. Ce feu (le bétail électoral incontrôlé) est l'essence qui a donné naissance à
cette fumée qu'est l'ivoirité; concept politique que le PDCI n'a plus eu le courage de soutenir face à
l'adversité, face aux armes, aux injonctions d'Alassane Ouattara. Les leaders politiques ivoiriens
doivent éviter d'être semblables aux pasteurs qui abandonnent le troupeau quand arrive le loup.
Tous ces faits confirment la vulnérabilité du PDCI, victime d'un abus de faiblesse de la part
d'Alassane Ouattara, parce que son président ne peut faire fi du dialogue prôné par Houphouët
Boigny, et prendre plaisir à ressasser des souvenirs douloureux, dans un contexte politique aussi
difficile, où tous les Ivoiriens ont perdu des êtres chers, et aspirent à la paix. En nous remémorant la
mort de Thierry Zébié, ou l'introduction des armes blanches dans les écoles ivoiriennes, le PDCI ne
fait que prêter le flanc à des critiques acerbes. Comme à l'accoutumée, dans la crise ivoirienne, l'on
se limite à évoquer le mal en feignant d'ignorer ses origines. La CPI parle, par exemple, de la crise
post-électorale, sans nous rappeler ses origines. On s'efforce, en fait, d'éteindre un feu, en se
contentant de dissiper sa fumée. On se croirait véritablement dans un monde de dupes. La CPI,
Alassane Ouattara et le RHDP tentent de sortir de l'arène politique où les arguments avancés pour
condamner le président Gbagbo volent en éclats, afin de le combattre dans les rues. Extrader à la
CPI Blé Goudé «le Général de la rue» reviendrait à appeler à la barre, non plus le président Laurent
Gbagbo, mais les représentants des jeunes des différents partis politiques de notre pays. La mort de
Thierry Zébié (paix à son âme) est la conséquence des stratégies politiques de la jeunesse
estudiantine du PDCI-RDA. A l'époque du parti unique le MEECI (le Mouvement des Élèves et
Étudiants de Côte d'Ivoire) veillait à ce qu'aucun enseignant ne suscitât en un étudiant l'esprit
critique; les universitaires, les enseignants de droit, de philosophie, d'histoire, pour ne citer que ces
derniers étaient, en général, perçus comme les brebis galeuses de l'école ivoirienne. Les enseignants
de la génération du président Laurent Gbagbo ont été victimes du dictat de leurs propres étudiants,
capables de les faire affecter dans les postes les plus reculés de notre pays, pour avoir relevé
certaines tares de la société ivoirienne. L'école officielle était, déjà, étroitement liée à l'école
parallèle (la famille et la rue). Les représentants du MEECI bénéficiaient du soutien indéfectible du
PDCI, et avaient dans la rue des alliés, des protecteurs surnommés les loubards; des jeunes dotés de
corps athlétiques, organisés en gangs à l'image de la mafia italienne. Il ne fut donc pas étonnant de
voir le Général Guéï (Paix à son âme), dans sa lutte contre les gangs des loubards, s'approprier leurs
propres dénominations. Nous devons nous conformer à la vérité historique, en rappelant fidèlement
les faits, même si nous éprouvons une profonde aversion pour notre adversaire politique.
L'appellation «Camorra» que nous lisons dans le discours du président Bédié, lors du 23 ième
Congrès du PDCI, n'est pas une invention du Général Guéï (Paix à son âme), mais des gangs de
loubards qui protégeaient aussi bien des personnalités politiques de son parti que des représentants
du MEECI. Le Général pensa opportun s'attaquer à cette plaie qui gangrenait, déjà, aussi bien
l'école ivoirienne que la quiétude des populations, avec des moyens que nous ne partageons pas
tous. Les loubards, sous le Parti unique, faisaient, en effet, la pluie et le beau temps dans les rues:
l'on assistait à des viols collectifs, à des brimades de toutes sortes. Avec l'avènement du
multipartisme, bien avant le Général Guéï, se sont rassemblés autour des partis politiques, comme le
FPI, opposés au PDCI, et au MEECI, de jeunes étudiants organisés, dans le but de se défendre des
brimades que leur faisaient endurer les loubards, les alliés de la rue du PDCI, opposés à la liberté
d'expression. Nous respectons la mémoire de Thierry Zébié, mais il aurait été bon pour le président
du PDCI, Ancien Chef de l'État ivoirien, d'avoir de la compassion pour les jeunes de tous les partis
politiques, qui ont perdu la vie dans de telles circonstances. Quant à l'usage des armes blanches et
des machettes dans nos écoles ivoiriennes, il nous faut tout de suite souligner que leur apparition
coïncide avec celle des dozos, les chasseurs traditionnels; l'armée mystique d'Alassane Ouattara.
Les étudiants issus des populations du Nord de la Côte d'Ivoire qu'il nous a été donné de voir à
Bouaké, aux côtés de la rébellion armée de 2002, avaient bénéficié d'une formation mystique de la
part des dozos leur permettant de sortir indemnes des affrontements à l'arme blanche. Les différents
groupes politiques ont donc, à leurs côtés, des jeunes organisés politiquement, dans le but
d'expliquer le programme de leurs partis politiques, les enjeux de la Nation aux populations. Blé
Goudé, «Le général de la rue», a réussi à inculquer à ses partisans la stratégie du combat aux mains
nues, malgré les provocations des adversaires politiques et de l'Armée française. De nombreuses
vidéos montrent justement ses partisans, aux mains nues, tomber sous les rafales des hélicoptères de
l'Armée française, sur le pont Général De Gaulle, face à l'hôtel Ivoire, autour de la résidence
bombardée du président Laurent Gbagbo, puisque leur principale stratégie défensive consistait à
former un bouclier humain autour de leurs leaders politiques. Aucun leader politique au monde,
aucun représentant des jeunes ne peut véritablement assumer des actes isolés, susceptibles d'être
aussi perpétrés par leurs propres adversaires politiques, afin de les accuser de crimes contre
l'humanité, quand leurs adversaires bénéficient surtout du soutien sans faille de la CPI. Évitons
donc de tergiverser et allons à l'essentiel de la crise ivoirienne que l'ivoirité, concept politique
inventé par le PDCI, avait maladroitement mis en exergue: il s'agit du bétail électoral du RHDP, en
possession de faux papiers, chargé d'assurer leur victoire en 2015. Après les attaques du 11
septembre 2001 à New York, le président Laurent Gbagbo et le FPI, désireux de veiller à la sécurité
de notre pays, et de respecter les accords internationaux, ont décidé d'affronter, avec courage, la
question des étrangers munis de faux documents ivoiriens, conformément au Droit International qui
exigeait désormais l'établissement des passeports biométriques. Alassane Ouattara et ses alliés, pour
des soucis électoraux, s'opposent au Droit International, en créant, à travers leurs choix politiques,
les conditions favorables à l'insécurité nationale et internationale, puisque nous pouvons compter
parmi les étrangers en possession de faux documents ivoiriens des terroristes. Si Alassane Ouattara
prétend détenir sa «légitimité» du Droit International, et non de la Cour Constitutionnelle de la Côte
d'Ivoire, il lui appartient de comprendre, à la suite du président Laurent Gbagbo, que la question des
sans-papiers résidents en Côte d'Ivoire doit être résolue, selon le Droit qui régit les relations
internationales. Tous les étrangers qui résident sur un territoire donné en possession de faux papiers
ou sans-papiers sont en effet des clandestins. On ne s'évertue pas à voter une loi sur l'apatridie pour
leur octroyer des documents de la nation où ils résident. L'État en question prend des dispositions
particulières pour régulariser leur situation, afin qu'ils bénéficient de documents provisoires, leur
permettant de séjourner librement sur le territoire. Pour leur octroyer la nationalité ivoirienne par
exemple, on se doit de s'assurer que ces derniers ont des casiers judiciaires vierges, qu'ils ne sont
pas des repris de justice etc... Ce qui signifie que la nationalité s'octroie au cas par cas et non de
manière collective. Il appartient aux étrangers munis de faux papiers de comprendre que la solution
préconisée par le président Laurent Gbagbo ne fait pas de lui un dictateur mais leur bienfaiteur,
parce qu'elle préserve leur vie et celle de tous les étrangers munis de vrais papiers ivoiriens.
Alassane Ouattara se sert au contraire de leur vie, de leur ignorance, de leur vulnérabilité pour
conquérir le pouvoir politique. A quoi serviront en fait les documents ivoiriens une fois morts; eux
et leurs enfants, au cours d'une éventuelle guerre civile que le président Gbagbo et les Ivoiriens
tiennent à éviter de toute leur force?

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)