Treize ans après: Tia Koné réveille le débat sur la nationalité de Ouattara

Le 15 février 2013 par Notre Voie - Tia Koné réveille le débat sur la nationalité de Ouattara.

Profitant le samedi 9 février 2013, de la cérémonie de remise officielle des clés du bâtiment de la Sous-préfecture de Gbangbégouiné, dans le département de Man, l...’ex-président de la Cour suprême, M. Tia Koné, a cru devoir indiquer avoir fait du faux dans l’arrêt qu’il avait pris en octobre 2000 et qui rendait Alassane Ouattara inéligible à l’élection présidentielle de cette année-là. Maintenant que Tia Koné s’est déculotté, les Ivoiriens attendent de lui qu’il apporte des éléments contraires à ceux qu’il avait produits en octobre 2000 et qui fondaient l’arrêt de la Cour suprême.

Tous les observateurs de la vie politique ivoirienne sont unanimes. Le débat sur la nationalitéivoirienne d’AlassaneDramane Ouattara est dépassé. D’autant que M. Ouattara est aujourd’hui le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire. En cette qualité, il est le premier citoyen ivoirien. Il est donc malsain de poursuivre encore le débat sur sa nationalité puisqu’il est de fait Ivoirien. Par voie de conséquence, l’article 35 de la Constitution est dépassé. Puisqu’on peut le contourner et se présenter à l’élection présidentielle et devenir chef de l’Etat. Fonction que l’article 35 était pourtant censéprotéger. C’est pourtant ce débat qui est remis au goût du jour par l’ex-président de la Cour suprême. Profitant d’une cérémonie d’inauguration des locaux de la Sous-préfecture de Gbangbégouiné, dans le département de Man, Tia Koné a soutenu qu’il a fait du faux pour écarter Alassane Ouattara de l’élection présidentielle de 2000. Treize ans après, l’ex-président de la Cour suprême se déculotte. C’est qu’entre temps, Alassane Ouattara est devenu chef de l’Etat.
Evidemment, les journaux pro-Ouattara ont fait de cette reddition leurs choux gras. Aidant ainsi Tia Koné à prolonger le débat sur la nationalité ivoirienne de leur mentor. Maintenant que le vin est tiré, il faut le boire. Qu’attendent aujourd’hui, les Ivoiriens de Tia Koné ? A notre sens, ce que les Ivoiriens attendent, c’est que l’ex-président de la Cour suprême produise des actes contraires à ceux qu’il avait brandis en octobre 2000 et qui fondait l’arrêt par lequel la Cour suprême avait rejeté la candidature d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle. S’agissant de l’acte de naissance de Ouattara, voilà ce que Tia koné disait dans son arrêt : «considérant que l’intéressé est déclaré dans cet acte de naissance comme étant né de dame Nabitou Ouattara, et non de Ouattara Cissé dans la déclaration personnelle de candidature à l’élection présidentielle».
Pour Tia Koné donc, Nabitou Ouattara était différente de Ouattara Cissé. Et pour cela, il avait estimé que l’acte d’individualité délivré en 2000 par le tribunal de première instance d’Abidjan était frappé d’irrégularité déjà même au niveau de la forme. En ce sens qu’il ne comportait «aucune signature de son prétendu auteur, en dehors du cachet du tribunal. Que dès lors une telle pièce ne revêt aucune valeur juridique». S’agissant de la question de «ne s’être jamais prévalu d’une autre nationalité», Tia koné a rappelé dans son arrêt, détenir un dossier qui indiquait qu’Alassane Ouattara avait obtenu une bourse des Etats-Unis au titre de la Haute Volta (aujourd’hui Burkina Faso) ; que dans son dossier de voyage, il était mentionné : nationalité voltaïque. Qu’une fois aux Etats-Unis, il s’est fait inscrire à l’Université de Pennsylvanie comme un étudiant ayant la nationalité voltaïque. De même que sa carte de sécurité n°165-40 92-95 délivré en 1962, il a indiqué la nationalité voltaïque». Tia koné a également rappelé qu’il est resté dans les documents de référence des étudiants ayant étudié sur le sol américain qu’Alassane Ouattara est de nationalité voltaïque. Qu’il a été nommé en 1982, vice-gouverneur de la Bceao, sur proposition des autorités voltaïques en remplacement de leur ressortissant Bila Kaboré admis à faire valoir ses droits à la retraite. Puis décoré peu après, le 27 décembre 1982, en qualité de cadre voltaïque par le ministre ivoirien Abdoulaye Koné ». Tia koné a enfin rappelé que « c’est en qualité de voltaïque qu’Alassane Ouattara a été nommé en 1973 au FMI en remplacement de monsieur Justin B. Zulu de Zambie. Qu’il a ouvert dans les écritures de la SIB, les comptes n°30-010-076-005-000 et 30-121-415 M en indiquant qu’il avait la nationalité voltaïque, possédant le passeport diplomatique voltaïque n° 457 du 23-12-1978 ; qu’en outre à l’achat des immeubles Signal et kodjo Eboukoré ».
Aujourd’hui, le même Tia Koné déclare que qu’il avait fait du faux ! C’est son droit. Mais ce que les Ivoiriens attendent de lui, c’est qu’il leur produise d’autres pièces qui démontrent que dame Nabintou Ouattara est la même personne que Nabintou Cissé. Alassane Ouattara a-t-il produit à la Cour suprême d’autres documents que ceux qu’il lui avait présentés en 2000 ?
Par ailleurs, Tia Koné veut-il dire que tous les documents qu’il a brandis pour démontrer que Ouattara s’est prévalu de la nationalité voltaïque étaient faux ? Si oui, quels sont les documents contraires qui le prouvent.
Tia Koné a-t-il reçu une autre carte de sécurité sociale d’Alassane Ouattara, étudiant aux Etats-Unis ? Une carte qui mentionne que Ouattara était de nationalité ivoirienne ?
Enfin, M. Tia Koné a-t-il un autre acte de mariage de M. Ouattara avec dame Barbara Jean David sur lequel Alassane Ouattara a la nationalité ivoirienne ?
Autant de questions sur lesquelles les Ivoiriens ont besoin d’être éclairés par l’ancien président de la Cour suprême. Tant qu’il n’aura pas brandis d’autres pièces qui contredisent ceux produits par la chambre constitutionnelle d’alors, sa déclaration est nulle et de nul effet. Car le collège des magistrats qui avait siégé en octobre 2000 avait statué sur des pièces à conviction. Et la décision de rejet de la candidature d’Alassane Dramane Ouattara pour «nationalité douteuse» a été prise à l’issue d’un vote comme Tia Koné lui-même l’a plusieurs fois indiqué.

Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr