Scandale/ Soro et ses injures : « POURQUOI SORO GUILLAUME N’A PAS LE SENS DE L’ETAT », Par PRAO YAO SERAPHIN

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Scandale/ Soro et ses injures « POURQUOI SORO GUILLAUME N’A PAS LE SENS DE L’ETAT », Par PRAO YAO SERAPHIN.

Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale. Image d'archives.

« L’occulte a toujours fasciné l’inculte »
(Jacques STERNBERG)

Le Conseil constitutionnel a proclamé depuis le 9 septembre 2015, la liste des candidats à l’élection présidentielle ivoirienne. Les Ivoiriens ne sont pas contents de cette liste car elle contient le nom du Dr Alassane Ouattara, un «candidat dérivé » mais pas constitutionnel. La colère monte et Dieu seul sait l’issue de cette situation. Mais ce qui a fini par exacerber la colère des Ivoiriens, c’est la réaction de Mr Soro Guillaume, le supposé Président de l’Assemblée Nationale de cette Côte d’Ivoire. Pour se donner une bonne conscience, il s’est exclamé en ces termes sur la toile :
« C’est une VICTOIRE HISTORIQUE pour moi et tous les démocrates et une grande œuvre de justice rétablie. Le combat contre l’IVOIRITÉ vient de triompher au plan du DROIT qui vient d’être ainsi dit.
En effet le 19 Septembre 2002, de jeunes ivoiriens ont décidé de combattre cette autre bêtise humaine qu’est l’IVOIRITÉ au prix de leurs vies. Rétablir la dignité de tous les citoyens. Nul ne doit, en effet, être spolié de sa nationalité. Dès lors, le Conseil Constitutionnel vient de consacrer la justesse de notre combat débuté depuis le 19 septembre 2002 en reconnaissant la validité de la candidature de Alassane Ouattara; mettant ainsi un point final et définitif à l’Ivoirité …».
Avec une telle déclaration, il est clair qu’il faut finir sa scolarité pour prétendre occuper de hautes fonctions dans un pays moderne.
Premièrement, M. Soro Guillaume ne comprend rien du panafricanisme. Monsieur Soro Guillaume ose tromper les Africains lorsqu’il écrit « ce combat, il convient de le rappeler transcende les questions endogènes à notre pays et prend une forme panafricaine, personne ne doit être honni parce qu’il est étranger. La construction de l’Afrique unie et intégrée n’est possible qu’en admettant que partout e Afrique, tout Africain est chez lui... ».
Pour niveler sa connaissance, qu’il sache que le panafricanisme est issu d’abord d’un refus de la traite des Noirs, de l’esclavage et de toutes leurs conséquences sur le statut juridique des Noirs, sur l’image de l’Afrique dans le monde et sur le destin que les grandes puissances de l’époque réservaient aux Africains et à leur continent. Etre panafricaniste ne signifie point qu’on peut briguer la magistrature suprême dans un pays étranger. Pour Steve Biko (1971), le panafricanisme devait commencer sur le terrain psychologique : "la Conscience Noire est la prise de conscience par l'homme noir de la nécessité de faire front commun avec ses frères contre l'oppression (...). Elle vise à communiquer à la communauté noire une nouvelle fierté".
Deuxièmement, M. Soro Guillaume n’a aucune connaissance de la sociologie
L’Ivoirité n’est pas un concept à diaboliser car il fonde la construction d’une identité nationale, qui n’est pas incompatible avec le régionalisme ni la mondialisation. L'expression « identité nationale » est d'ailleurs utilisée pour désigner les points communs que partage un ensemble d'individus lesquels reconnaissent leur appartenance à une patrie donnée. Une identité devrait normalement être un sentiment unique et propre à chaque personne.
L’histoire n’a pas retenu si ce jour-là du 21 Novembre 1974, il faisait beau temps. Mais aucun des ivoiriens qui arpentaient les rues d’Abidjan n’a pu se douter que sous la plume de Pierre Niava, vient de naître le mot « ivoirité ». Dans un article intitulé « De la griotique à l’ivoirité », évoquant la pensée du penseur, artiste et écrivain ivoirien Niangoranh Porquet, Pierre Niava promulgue ainsi le concept d’ivoirité dans toute sa virginité. Ramsès Boa Thiémélé (2003) ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit « Dans un article publié en 1974, Pierre Niava, rendant compte des activités artistiques d’un jeune créateur, fait de la Griotique un « des éléments d’approche d’un nouveau concept, celui de l’ivoirité. Il est né d’une prise de conscience d’une gamme de traits et de caractères propres à l’Ivoirien. Ce concept, pour être dynamique se donne une orientation prescriptive, tendant à maintenir, à développer et à renforcer ce qui existait déjà. L’ivoirité est un concept multiforme englobant la dynamique socio-économique, le triomphe culturel dont le tenant artistique est la Griotique, la pensée de l’homme ivoirien dans toute sa profondeur ».
Selon le penseur ivoirien, Georges Niangoranh Porquet, l’ivoirité n’est nullement un concept xénophobe, mais fait au contraire partie d’un mouvement de libération intellectuelle que l’on pourrait mettre en parallèle au mouvement de la négritude de Léopold Sedar Senghor. L’ivoirité est ainsi pour l’auteur une affirmation de l’identité ivoirienne qui se nourrit de l’apport des autres cultures. Pour Niangoranh-Bouah, l’ivoirité doit être considérée comme « des données socio-historiques, géographiques et linguistiques » qui font qu’un ivoirien est ivoirien. Dans ce cas, l’ivoirité c’est « les habitudes de vie, c’est-à-dire les manières d’être et de se comporter des habitants de la Côte d’Ivoire » (Akindès 2003). À notre sens, l’histoire confirme la sincérité du penseur Porquet puisque les années 1970 grouillent d’inventions positives quant aux termes revendiquant la spécificité culturelle de l’Afrique. Senghor a parlé de « Sénégalité » et Mobutu, « d’authenticité africaine ». L’Ivoirité est simplement un concept culturel qu’il faut défendre car il permet dans un pays comme le nôtre de faire une synthèse culturelle utile à la construction de la nation.
M. Soro Guillaume n’échappera point aux griffes de la CPI
Point n’est besoin de faire une longue grille de lecture de la déclaration de M. Soro Guillaume pour épingler sa peur des juges de la cour pénale internationale (CPI). Sachant bien qu’il ne peut plus échapper à un transfèrement à Haye, il se défend comme il peut. En fait, voici le message qu’il envoie à la communauté internationale : « Mon combat a consisté à rendre M. Ouattara Alassane éligible, c’est la raison pour laquelle j’ai pris les armes. Si le conseil constitutionnel a fait de M. Ouattara Alassane un « candidat dérivé », alors vous ne pouvez plus me poursuivre ». Trop facile M. Soro car le verdict de ce conseil constitutionnel ne met pas fin aux poursuites contre vous. Selon vous « il ne peut avoir d’Ivoirien à 100% et d’Ivoirien au ¼.. ». A mon humble avis, vous avez raison mais est-ce que c’est par les armes qu’on peut arriver à défendre une position ? De tous temps, les hommes civilisés ont usé de la force des arguments pour défendre leurs idées et non l’argument de la force. Mr Hamed Bakayoko peut-être pense comme vous cependant, il a préféré militer au sein du Rassemblement des Républicains (RDR) pour faire avancer le combat. Votre déclaration sur le verdict du conseil constitutionnel a montré au monde entier que notre pays manque cruellement d’Hommes d’Etat depuis 2011.

Une contribution de PRAO YAO SERAPHIN