Scandale: Simone Gbagbo en route pour la CPI selon le ministre Ahoussou Jeannot. Le FPI roulé dans la farine. Que vaut la parole du régime?

Par IVOIREBUSINESS - Le régime Ouattara change de veste sur le cas Simone Gbagbo. Son dossier est désormais aux mains des juridictions internationales selon le gouvernement. Le FPI de nouveau roulé dans la farine.

Simone Ehivet Gbagbo. Image d'archives.

Le ministre d'Etat chargé du dialogue avec l'opposition, Ahoussou Kouadio Jeannot, a indiqué samedi dernier au cours d'une conférence de presse, que l'ex-Première Dame de Côte d'Ivoire Simone Ehivet Gbagbo, incarcérée à Odienné (nord-ouest) “ne peut pas être concernée’’ par la mesure de libération de prisonniers pro-Gbagbo dont cinquante venaient d'être libérés le jour-même.
Pour le négociateur en chef du gouvernement, “Madame Gbagbo fait l’objet de poursuites par la Cour pénale internationale (CPI). Elle ne peut pas être concernée pas les mesures que nous prenons en interne. Sa situation relève de la juridiction internationale’’.
En d'autres termes, le gouvernement s'apprête à transférer Simone Ehivet Gbagbo à la Cour pénale internationale.
Alors qu'il n'y a pas longtemps, le gouvernement disait à qui voulait l'entendre, que Simone Gbagbo serait désormais jugée en Côte d'Ivoire, car la justice ivoirienne était de nouveau en mesure de la juger.
Le régime Ouattara vient de nouveau de rouler le FPI dans la farine.
Et toute honte bue, il lui demande de lever son mot d'ordre du boycott du recensement. Au FPI, cela s'apparente à une grosse farce, sinon à de la foutaise et du mépris.

Car le Front populaire ivoirien a toujours fait de la libération de Simone Gbagbo, un préalable à tout dialogue avec le gouvernement, et un préalable à la levée de son mot d'ordre du boycott du recensement de la population et de l'habitat (RGPH 2014).
Il se sent roulé dans la farine par le gouvernement. Surtout que pour des "mesurettes" comme la libération de 50 prisonniers politiques sur 749, et le dégel de 50 comptes bancaires, le gouvernement lui propose un honteux marchandage de lever en contrepartie son mot d'ordre du boycott suivi à 90% par la population, et qui fait du parti de Laurent Gbagbo, la première force politique du pays.
Le Comité central du FPI, comme on l'a déjà dit, a décidé samedi du maintien du mot d'ordre du boycott jusqu'à la satisfaction de toutes ses revendications, parmi lesquelles la libération de Simone Gbagbo.
Il ne peut donc pas lever son mot d'ordre du boycott, sa seule arme face à un gouvernement qui le traite par le mépris.
C'est dans cette ambiance déleterre où la parole gouvernementale semble ne plus avoir de valeur (on se souvient du cas Blé Goudé transféré brutalement à la CPI, et du vote unilatéral de la loi sur la composition de la CEI), qu'Affi N'guessan rencontre Simone Ehivet Gbagbo, vendredi prochain à Korhogo.
Le Président du FPI, qui est en phase avec le Comité central organe de décision du parti, va à Odienné prendre les avis et conseils de l'ex-Première Dame, mais aussi la rassurer que sa libération est non-négociable.
Pour rappel, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt contre Simone Ehivet Gbagbo pour crimes contre l'humanité lors de la crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011 qui a fait plus de 3000 morts.

Quant à la justice ivoirienne, elle accuse l'Ex-première Dame de génocide. Le gouvernement ivoirien qui avait toujours assuré que la justice ivoirienne était désormais apte à juger Simone Gbagbo, vient de se parjurer de façon unilaterale, et déclare désormais que son sort dépend des juridictions internationales, c'est à dire de la CPI.
Et de trois donc pour le régime: Après Laurent Gbagbo, Blé Goudé, c'est aujourd'hui Simone Gbagbo qui est en route pour la CPI. Et le gouvernement Ouattara affirme malgré ça qu'il veut la réconciliation, la paix, et aussi le recensement, pour le bien des ivoiriens. Une grosse arnaque.
Le régime Ouattara, comme on le voit, n'est plus crédible. Sa parole ne vaut plus rien.
Nous y reviendrons.

Patrice Lecomte