Scandale - Réconciliation nationale: Ouattara dit non à une visite de Banny à Gbagbo

Par Aujourd'hui - Ouattara dit non à une visite de Banny à Gbagbo.

Charles Konan Banny et Laurent Gbagbo. Image d'archives.

Ceux qui se sont toujours interrogés de savoir pourquoi, en sa qualité de président de la Commis- sion dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, n’a jusque-là pas mis les pieds à la Haye, auront certainement la réponse à cette préoccupation, dans les lignes qui suivent. Selon les confidences faites par l’ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), à une personnalité du Front populaire ivoirien (FPI) avec lequel il entretient un commerce facile, Alassane Ouattara aurait déjà refusé, à trois reprises, que Banny se rende à la Haye pour rencontrer le président Laurent Gbagbo. Car, explique-t-il, dans l’entendement du chef de l’Etat actuel, la réconciliation nationale peut et doit se faire sans Laurent Gbagbo. Charles Konan Banny dit en avoir tiré une grosse frustration. Alassane Ouattara aurait-il voulu saboter ainsi, la mission assignée à l’ancien premier ministre, qu’il ne s’y serait pris autrement. Tel est le sentiment qui anime nombre de partisans du président de la CDVR qui admettent, sur le sujet, qu’aucune action de réconciliation nationale ne peut aujourd’hui, prospérer en Côte d’Ivoire, en écartant Lau- rent Gbagbo du processus. A en croire la source, c’est l’une des raisons majeures pour lesquelles Charles Konan Banny ne souhaiterait plus continuer le bail à la tête de la commission, déçu que l’homme serait, du peu de volonté politique manifestée sur la question par Alassane Ouattara. Des confidences qui donneront certainement du grain du mou- dre à ceux qui ont toujours vu en Ouattara, le principal obstacle à la réconciliation nationale et à l’instauration d’une paix durable dans le pays. Et ce ne sont pas des arguments pour étayer la thèse qui manque. Avec notamment, les centaines de prisonniers politiques qui croupissent depuis trois ans, sans jugement pour la plupart, dans les goulags du régime et les arrestations qui se poursuivent dans les rangs de l’opposition et de la société civile pendant que les mauvais garçons du camp présidentiels continuent de se moquer de la douleur de leurs victimes. Les derniers cas en date restent ceux du ministre Moïse Lida Kouassi, jeté récemment à la Maca, un peu à la surprise générale, pour atteinte à la sûreté de l’Etat et du jeune Samba David, président de la coalition nationale des Indignés de Côte d’Ivoire, interpellé le week- end dernier pour avoir projeté de tenir un meeting à la place CP1 de Yopougon, pour dénoncer le règne de l’impunité sous Ouattara. Une énième violation des droits de l’homme qui a valu au régime ivoirien d’essuyer des coups de griffe du parti communiste français, qui en des termes bien choisis, a dit tout le bien qu’il pensait du pouvoir Ouattara tout en demandant la libération pure et simple de Samba David. C’est la seconde fois, en l’espace de deux semaines que ce jeune leader est ainsi violenté et mis aux arrêts pour avoir critiqué sévèrement le régime Ouattara. Et pendant ce temps, le PDCI et le RDR peuvent tourner et animer tranquillement des meetings à la gloire du chef de l’Etat, déjà en campagne pour un second mandat. Ainsi va la Ouattarandie !

Géraldine Diomandé