Sassandra – Dictature Ouattara : Le village d’Adébem totalement aux mains des dozos. Les villageois en fuite dans la forêt

Par Notre Voie - Les dozos s’installent dans une école, élèves et enseignants se réfugient en brousse.

Adébem encore envahi par les dozos. Ce village godié du département de Sassandra, dont les habitants ont été massacrés par les ex-rebelles avant, pendant et après la crise pos-télectorale, est totalement aux mains des dozos. Le lundi 2 décembre dernier, sous la direction de leur chef burkinabé Ouattara Bamory et de son adjoint Ouattara Wintou, Burkinabé lui aussi, de nombreux dozos se sont rassemblés à l’Ecole primaire publique (Epp) du village, alors que les cours avaient déjà commencé. Paniqués, de peur d’être atrocement tués, tous les instituteurs et écoliers fuient se réfugier en brousse.
Alertés, le chef du village et ses notables se rendent sur les lieux pour demander aux dozos de quitter l’établissement scolaire et le village, d’autant plus que la chefferie n’a pas été informée de leur présence. Ils se heurtent à un refus catégorique, Ouattara Bamory et ses dozos refusent de quitter les lieux, après de longues et vives discussions. Ils profèrent même des menaces de mort à la chefferie villageoise. Koffi Bony Ernest, le préfet du département de Sassandra, est saisi.
Les interpellations du préfet et du sous-préfet sont improductives. Leur autorité est bafouée par les dozos. C’est seulement en milieu d’après-midi de ce lundi 2 décembre que certains dozos décident de partir de cette école primaire tout en promettant de revenir. Le rassemblement s’est terminé en queue de poisson.
« Depuis l’épisode post-électoral de la crise qui secoue encore la Côte d’Ivoire et les massacres de masse qui ont été commis dans le département de Sassandra et particulièrement dans la sous-préfecture de Sago, les dozos se comportent comme en terrain conquis. Ils ont quasiment installé une zone de non-droit dans la partie nord de cette sous-préfecture. En mai 2011, des dizaines de Godié y ont été tués dans les villages d’Adébem (61 morts), Godjiboué (69 morts), Trikpoko (03 morts), Niégrouboué (14 morts) et Gobroko (plus de 08 morts) par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et leurs supplétifs dozos. Adébem est une cible privilégié des dozos, puisque leur chef burkinabé Ouattara Bamory s’y est installé, dans un campement dénommé Lazarekro. Sous sa direction, les dozos font ce qu’ils veulent. Ouattara Bamory est l’Amadé Ouarémi de la région de Sassandra. Il se réclame à tout vent d’Alassane Ouattara. Peut-on imaginer un seul instant qu’une milice d’Ivoiriens armés contrôle une portion du territoire du Burkina Faso ? », témoigne un natif de la région de Sassandra sous le sceau de l’anonymat.
Et un autre de faire ce témoignage poignant. « Les dozos terrorisent constamment les populations autochtones godié avec leurs armes. Le cas d’Adébem où vit Ouattara Bamory est particulièrement édifiant. Sous le prétexte de la présentation de condoléances à leur grand chef Ouattara Bamory, plus de cent cinquante dozos, armés de fusils, ont envahi ce qui reste des quartiers des autochtones Godié d’Adébem, le lundi 16 janvier 2012.
Moins de deux mois plus tard, le samedi 10 mars 2012, des dizaines de Dozos dirigés par le même Ouattara Bamory ont encore envahi Adébem, sous la menace de leurs armes. Cette fois-là, le prétexte des pratiques de maraboutage et des traitements inhumains et dégradants infligés aux Godié était la recherche d’une somme de soixante mille (60.000) francs qui aurait disparu dans la maison de la femme d’un boutiquier nommé Abou.
Quelques semaines plus tard, Ouattara Bamory et ses dozos ont de nouveau pris Adébem d’assaut pour organiser une prétendue « fête » à l’Ecole primaire publique, pendant plusieurs jours. Le préfet de Sassandra s’est contenté d’envoyer quelques gendarmes sans armes qui ont assisté impuissants aux parades guerrières des dozos. Ils ont fini par construire leur camp sur une partie du site de l’Epp et ont installé un barrage à proximité de l’établissement, contre la volonté des parents d’élèves et des autorités coutumières. »

Koukougnon Zabril

NB: Le titre est de la rédaction.