ROYAUME UNI: RENCONTRE AVEC MONSIEUR THEODULE TKOYE, PRESIDENT DE LA VOIX DES WÊ

Par IvoireBusiness - ROYAUME UNI. RENCONTRE AVEC MONSIEUR THEODULE TKOYE, PRESIDENT DE LA VOIX DES WÊ.

ROYAUME UNI, RENCONTRE AVEC MONSIEUR THEODULE TKOYE, PRESIDENT DE LA VOIX DES WÊ.

A quelques jours des élections présidentielles très controversées en Côte d’Ivoire, l’équipe de “Sans détours” est allée rencontrer le Président de “La Voix des Wê”, monsieur Théodule Tikoye pour avoir ses impressions sur cet événement essentiel pour l’avenir de ladite nation. C’est avec joie que le Président Tikoye s’est prêté à nos questions.

Le Président Théodule Tikoye, “La Voix des WE”
“Sans détours”: “La voix des WÊ”, qu’est-ce que c’est et quels sont ses objectifs?
Monsieur Théodule Tikoye: D’abord, il faut dire que “La Voix des WÊ” est une organisation créée au lendemain des massacres commis chez nous en pays Wê, dans l’ouest ivoirien, pendant et après les élections présidentielles de 2010. Ces crimes qui restent jusque-là impunis ont été commis par monsieur Alassane Dramane Ouattara qui a refusé de reconnaitre sa défaite face au Président Laurent Gbagbo.
“La Voix des WÊ” comme son nom l’indique a été créée pour servir de porte-voix à nos parents qui, victimes de la barbarie des FRCI, ne peuvent pas faire entendre leur voix sur leurs propres terres et cela dans leur propre pays. Alors nous, leurs enfants de la diaspora, avons donc jugé opportun et impérieux de créer une structure pour expliquer au monde entier les atrocités que vivent nos parents et obliger les bourreaux à arrêter les atrocités. “La Voix des WÊ” est donc compsosée de tous les fils et filles WÊ du Guemon et du Cavally au Royaume-Uni. Les membres sont de toutes les régions WÊ de Toulepleu à Kouibly en passant par Blolequin, Guiglo, TAI, Duékoué, Bangolo. C’est une association de combat pour la dignité et la justice pour le peuple WÊ injustement baillonné par les nouveaux “justiciers” de la Côte d’Ivoire. Ceux-là mêmes qui, si vous vous souvenez, ont dit qu’ils prenaient les armes pour combattre l’exclusion. Ces mêmes personnes sont en train de nous exclure de nos villages, de nos terres et de notre pays. Pour nous et pour toute personne dotée d’une raison, il n’est pas normal de faire à autrui ce se passe dans notre région. Nous nous battons avec d’autres associations pour que justice soit rendue à ce peuple hospitalier qui a acceuilli tout le monde sur ses terres.
S.D: Que fait excatement votre organisation pour réparer juridiquement et financièrement le désastre humain commis dans l’ouest ivoirien par les tenants du pouvoir?
Mr. T.T: C’est un processus de longue haleine. Ce serait démagogique de dire tout de suite qu’avec un coup de baguette magique, nous obtiendrons la réparation du tort à nous causé pendant plus d’une décennie, c’est quand même depuis 2002 que nous subissons ces traitements qui relèvent des temps nazis et même plus. Dans un premier temps nous avons identifié les vraies raisons qui sont derrière cet acharnement tout azimut sur notre région et notre peuple. Ensuite, nous avons identifié les auteurs qui sont connus de tous et qui, en temps opportun répondront de leurs crimes. Nous sommes en train de constituer nos dossiers qui sont à un niveau très avancé et il y’aura beaucoup de surprises au niveau de ceux qui se croient aujourd’hui intouchables. Il n’y a qu’à regarder autour de nous pour se rendre compte qu’il n’est jamais trop tard pour la justice. 27 ans après l’assassinat de Sankara, la justice se rapproche de Blaise Compaoré. Diendéré et Djibril Bassolé sont déjà au trou, je peux donc dire “qui vivra, verra”. Les bourreaux du peuple WÊ seront rattrapés. Il y’a une expression bien ivoirienne qui dit “ils courent dans sac”. Notre satisfaction aujourd’hui c’est que de par les actions conjuguées de notre diaspora, tout le monde entier sait qu’il y’a un petit peuple dans un petit pays comme la Côte d’Iivoire qui a été massacré juste pour son choix politique, juste parce qu’il a voulu exercer son droit à la démocratie, le droit au vote. Aujourd’hui nous sommes fiers de notre combat et des résultats déjà obtenus. Nous saluons toutes les organisations WÊ de la diaspora qui, malgré les difficultés du terrain et les obstacles rencontrés dans notre combat pour la justice, font entendre notre voix. Je ne parle pas des associations fantoches qui font l’apalogie de nos bourreaux, je ne parle pas non plus des collaborateurs qui posent avec eux pour narguer leur propre peuple meurtri dans sa chair. Ceux qui justifient et expliquent le pourquoi des massacres chez nous auront un jour affaire à la justice, car le mensonge s’écroule toujours devant la vérité qui prend son temps avant de sévir. Chacun aura à répondre devant le tribunal de l’histoire. Il faut aussi saluer toute la diaspora ivoirienne qui a été d’un grand soutien au peuple WÊ depuis le début des attaques et meurtres injustifiés contre les Wê. Pour me résumer, les dossiers de justice avancent à leur rythme et aboutiront absolument. Souffrez que je ne dévoile pas toutes nos cartes sur la place publique.

S.D: Pensez-vous gagner ce combat pour la justice lorsqu’on parle de division et de manipulation politique dans votre propre camp?

Mr. T.T: Toute oeuvre n’est pas toujours parfait, mais on travaille toujours à s’améliorer. Evidemment nos associations ou pour me limiter à la voix des WÊ, notre association est à l’image de la politique dans notre pays, elle n’a donc pas échappé aux sécousses dans nos grands partis. Il y’a des vélleités de divisions qui voulaient s’installer que nous avons rapidement éteintes parce qu’ici on ne cherche pas à prendre le pouvoir d’Etat, nos objectifs étant clairs au début, on n’essaie de contenir les fauteurs de trouble qui voudraient dévier notre organisation de ses objectifs qui sont la défense des intérêts du peuple WÊ, la justice et la quête de la liberté et la défense de notre patrimoine. On est d’accord, on marche ensemble, ceux qui ne sont pas d’accord sont partis, et on avance bien. “La Voix des WÊ” ne servira donc pas de béquille pour des intérêts individuels. D’ailleurs, les dossiers que nous avons sur la table nous dépassent pour aller servir de marche-pied à un individu ou un parti politique. Nous sommes pro-WÊ si je peux m’exprimer ainsi. A ce niveau nous sommes sereins. Je ne nie pas que des dissensions existent, mais nous les réglons en interne et en toute “wêtitude”.

S.D: Un sujet d’actualité, les élections en Côte d’Ivoire, pensez-vous que les Ivoiriens sont prêts pour y aller?
T.T: Si mon avis devait vraiment compter, je dirai non. On n’a pas besoin d’être un expert en politique pour savoir que les gens sont loin d’être prêts. C’est vraiment malheureux que notre beau pays en arrive là. Doit-on passer le reste de notre vie à vivre du mensonge? Qui peut sérieusement penser que ce qu’on va vivre ce dimanche 25 Octobre est une élection? Pourquoi ils nous font ça? Pourquoi vouloir gaspiller l’argent du contribuable dans cette parodie d’élection? Pourquoi monsieur Ouattara ne s’autoproclame t-il pas encore président comme en 2010 parce qu’il a tous les leviers en main. La différence cette fois c’est qu’il ne perdra pas cette fois ci, il n’aura pas besoin d’un second tour et de la force puisque qu’il sera proclamé vainqueur au premier tour avec un score de plus de 60%. Ces résultats sont déjà prêts et Youssouf Bakayoko attend le “jour-j” pour les proclamer et après ils seront confirmés par Koné Mamadou, le rebelle devenu président du Conseil Constitutionnel. Le pire, c’est que Ouattara est accompagné par des Ivoiriens dans cette folie électorale. Qu’ont-ils, ces Ivoiriens, pour agir ainsi? Est-ce la puissance du marabout de Ouattara qui leur fait perdre la raison. C’est incroyable et cynique. Les gens oublient que le problème est trop sérieux et qu’il faut le traiter avec dextérité. Nous demandons aux collaborateurs de Dramane de cesser leur amusement, il y’a une trop de morts et il faut arrêter ce genre de comportement. C’est très fâcheux de voir de jeunes gens qui hier se faisaient passer pour les sauveurs de la nation, se prostituer pour des postes virtuels que leurs parrains leur promettent. Ils utilisent les noms du président Gbagbo et du minister Blé Goudé dans leurs honteuses rendonnnées. Ils oublient que ces deux personnes ont sacrifié leur vie pour notre pays. Pendant qu’eux, seuls leurs ventres les concernent. Ces élections sont un non-événement; attendons les vraies élections ouvertes à tous avec Laurent Gbagbo et tous les exilés au pays, et on verra qui pèse quoi dans ce pays.
S.D: Que dites-vous aux WÊ dans ces élections du 25 octobre?
Je crois le peuple WÊ a déjà compris que ces élections ne le concerne pas. son candidat élu en 2010 a été déporté, le peuple WÊ a tout perdu pour avoir simplement vote pour son candidat. Il n’a pas de candidat dans cette mascarade de Dramane et Affi le traitre. Mon appel au peuple WÊ est de se tenir très loin de cette mascarade. A quoi sert un vote lorsqu’on sait qu’on sera assassiné après ou en sachant que sa victoire sera volée? Le candidat de la majorité du peuple WÊ se trouve à la Haye, les gens le savent, mais s’amusent. On veut nous maintenir dans la misère en nous obligeant à voter nos bourreaux, ce n’est possible, il faut donc vaquer tranquillement à nos occupations habituelles. Ceux qui sont au village peuvent aller faire une extra journée dans les plantations. En ville, aller au restaurant ou à l’église, tenez- vous loin de ces élections. La légitimisation du bourreau d’hier ne viendra pas de nous les WÊ. Aux frères et soeurs qui envoient nos parents suicide, je leur demande d’aller seuls accompagner Ouattara. Pour terminer, je dis que seul l’avenir proche situera les responsabilités.

Propos recueillis par Sylvain De Bogou