Putsch - Isaac Bangoret: "Les écoutes Soro/Bassolé confirmées et incriminent Dramane Ouattara"

Par IvoireBusiness - LES ÉCOUTES TÉLÉPHONIQUES ENTRE SORO ET BASSOLÉ SONT CONFIRMÉES PAR LES FAITS ET INCRIMINENT D’AVANTAGE DRAMANE OUATTARA, Par Isaac Pierre Bangoret.

Isaac Pierre Bangoret.

Tous les événements politiques en Côte d’Ivoire qui ont trait à des crimes préélectoraux (de 2002 à 2010) ou postélectoraux (de 2010 à janvier 2016) sont indissociables du procès du président Laurent Gbagbo incarcéré à la Haye par le « gouvernement » de Dramane Ouattara. L’acharnement des partisans de Soro et de Bassolé à démontrer que leurs écoutes téléphoniques ne sont que le fruit de prouesses technologiques ont pour but d’empêcher qu’elles servent de pièce à conviction. Une pièce à conviction est, en effet, un élément crucial d’une enquête, conservé au greffe du tribunal. Elle peut, dans ce cas précis, être déposée par la défense de l’accusé Laurent Gbagbo, dans son dossier à décharge (pour sa défense), puisqu’elle pourrait constituer un élément nouveau favorable à l’élaboration d’une conclusion voire de son acquittement. Les accusations portées à l’encontre d’un accusé doivent être toujours corroborées par des faits ou attestées par des témoins à charge pour ne pas que ce dernier ait pour bouclier le bénéfice du doute. Que dire, en effet, des écoutes téléphoniques entre Soro Guillaume et Djibril Bassolé ? Sont-elles corroborées (confirmées) par des faits qui éloigneraient de notre esprit l’éventualité d’un montage grossier? Analysons, de manière objective, le contenu de ces écoutes téléphoniques, à la lumières des faits. [Présumé Soro : Je vous explique que ça ne peut pas marcher ! Diendéré c’est un vaurien, il n’y a personne là-bas ! Blablabla ! Il fallait avoir de la retenue, tu as voulu amener le président dans l’abîme… et tout ça ! J’ai dit mais écoute, le président m’a dit de ne même plus me mêler de cette affaire. Il m’a retiré le dossier. C’est toi qui gère le dossier maintenant donc moi je suis sur le carreau, je ne dis plus rien. Présumé Bassolé : Oui oui ! Soro : Il dit oui mais c’est bouclé ! Il ne faut pas que vous allez vous tromper ! C’est bouclé. C’est Roch. Donc maintenant je vais te protéger parce que Salif dit que c’est toi qui es derrière tout ça. Toi et Mayaki vous avez fait ça tout et tout. Bassolé : Hum hum humm !]. Les paroles introductives de Soro et de Bassolé incriminent Dramane Ouattara parce que les deux potentiels successeurs au trône, Soro Guillaume et Hamed Bakayoko, se disputent, en résumé, l’éventuel « succès » du coup d’État de Diendéré au Burkina Faso. L’un, Soro, est en disgrâce, l’autre, Hamed Bakayoko bénéficie de l’affection du souverain. Un fait confirme cette assertion ; Dramane Ouattara hospitalisé, Hamed Bakayoko peut se rendre à son chevet, Soro, non. Celui qui est admis au chevet d’un souverain mourant est, en général, son digne successeur. Hamed Bakayoko tient, ici, à préserver ses prérogatives, et arrache pratiquement à Soro Guillaume le dossier du coup d’État au Burkina parce qu’ils savent, tous les deux, que leur maître Dramane Ouattara aime se délecter du sang, des souffrances de ses adversaires politiques, considérés comme des ennemis à abattre. Les faits sont nombreux : face à la presse, interrogé sur l’incarcération d’Assoa Adou, Dramane Ouattara se tourne vers son ministre de l’intérieur et lui pose la question suivante : « Assoa Adou est à la MACA ?» son ministre acquiesce et il poursuit : « Ah bon, il est à la MACA ! Voyez je ne sais pas. Ne pensez pas que le président (le chef de guerre Dramane cherche à s’en convaincre) est en train de traquer telle personne pour le mettre en prison. Non ce n’est pas mon tempérament ». (Bref ! Dramane Ouattara est un fieffé démagogue, un grand acteur, père du mensonge légitime). Hamed Bakayoko ainsi auréolé, en a tiré, ce jour-là, une gloire personnelle, parce qu’il connaît le véritable tempérament de son souverain ; la vengeance est pour ce dernier un repas, qui se mange froid. Soro Guillaume ne veut pas être en reste. Celui qui a pu venir à bout du géant IB, décide de continuer d’agir discrètement au Burkina avec l’aide de Bassolé. Hamed Bakayoko arrache « officiellement », quant à lui, le dossier du coup d’État de Diendéré des mains de Soro, et rêve de voir Yayi Boni et Macky Sall installer, de manière diplomatique, Diendéré à la tête du Faso, en vue des élections prochaines. L’on peut ici tirer une conclusion partielle, en affirmant que Dramane Ouattara est, selon une analyse objective des paroles introductives de l’entretien téléphonique, le co-auteur du coup d’État du Burkina puisque son ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko choisit de diriger la suite des opérations. Les revendications du général Diendéré, son refus de désarmer, proviennent, en réalité, d’Abidjan où résident les véritables commanditaires du coup d’État. Que dire de Djibril Bassolé qui,
agréablement surpris par l’initiative de Soro Guillaume, et avide d’informations, acquiesce par un double « oui ! » et par un triple « hum » insatisfait, quand Soro Guillaume affirme que c’est désormais Hamed Bakayoko, le maître des opérations militaires? Le général Djibril Bassolé explique les raisons profondes de son insatisfaction, quand Soro Guillaume lui dévoile les projets politiques de son rival Hamed Bakayoko au Burkina Faso. [Soro : Mon cher, mon cher, je peux même t’envoyer des mails où il est allé chercher Dr Foka du Cameroun qui devait financer Roch. Il a connecté Roch avec Pierre Fakhoury. Ils ont déjà monté des dossiers financiers pour financer la campagne de Roch. Et ça là, c’est dans le dos d’Alassane parce qu’Alassane n’est pas au courant. C’est moi qui sais. Mais je n’ai pas voulu dire à Alassane parce qu’il va croire, peut-être, que je m’acharne. Mais j’ai dit à Ibrahim (frère cadet du président alias photocopie) quand même pour les autres là. Mais le président, lui il ne sait pas. Parce que Hamed a mis la pression sur le président pour recevoir les Roch mais le président a refusé]. La réponse de Bassolé, assez réservé, durant tout l’entretien téléphonique, démontre que l’armée de Dramane Ouattara est divisée en deux blocs ; les pro-Compaoré, les pro-Soro, d’une part, et les pro-Hamed Bakayoko d’autre part : «Bassolé : Ah oui mais lui par rapport à la solidarité fraternelle, mon vieux, ce n’est pas un exemple reluisant hein! ». Des faits rapportés par « Jeune Afrique » attestent, en effet, la « solidarité fraternelle » de Soro Guillaume manifestée à l’endroit de son parrain Compaoré et de ses partisans. « Du 24 au 27 novembre, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne a effectué une visite officielle au Maroc, qu’il a prolongé d’un "séjour privé" de trois jours. Il s’est notamment déplacé à Casablanca, où il a rendu visite au président burkinabè déchu, qui y séjournait à l’époque en compagnie de son épouse Chantal dans une villa prêtée par un ami. Le couple Compaoré a depuis regagné Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, où il avait d’abord séjourné après son départ de Ouagadougou, le 31 octobre dernier. » Si Hamed Bakayoko semble s’éloigner d’un Blaise Compaoré poursuivi par la justice de son pays, Soro Guillaume, sur liste rouge de la CPI, ne s’embarrasse d’aucun protocole pour s’afficher avec Compaoré et favoriser son retour en Côte d’Ivoire, conformément aux désirs de son épouse, Ivoirienne d’origine. C’est aussi par « solidarité fraternelle » que Soro Guillaume tient les propos suivants à l’encontre de Salif Diallo l’ex-conseiller de Compaoré et Sy, certainement l’un des personnages clés de la transition politique au Burkina Faso: «Soro : Mais y a quelqu’un chez vous là que moi je n’aurais jamais (accepté)… En tout cas quand on va finir tout ça là, y a deux personnes que tu dois accepter que moi je règle (le cas). Ya Salif Diallo et y a un Sy là »]. Des faits corroborent le désir de Soro Guillaume d’éliminer physiquement ces deux personnalités politiques, qu’il ne semble pas connaitre véritablement, dans le but de venger, en quelque sorte, son parrain Blaise Compaoré, avec lequel il s’entretient, certainement, de la vie politique burkinabè. Salif Diallo, ancien conseiller de Blaise Compaoré serait, en fait, outre Isaac Zida, l’un de ses proches qui auraient contribué à sa chute. Si le premier ministre de la transition Zida Isaac, ex-officier du RSP, a été « menacé » indirectement par Compaoré, en exil à Abidjan, sa rupture d’avec Salif Diallo, son ex bras-droit, enclencha sa chute malgré l’intervention du président nigérien Mahamadou Issouffou, qui intervint pour mettre fin à leur différend sur des sujets brûlants tels que la question touarègue. Il fallait donc que Soro assouvît les désirs de son parrain, en faisant disparaître toutes les personnes susceptibles d’être un obstacle au retour des hommes politiques de leur clan sur la scène politique burkinabè. En Côte d’Ivoire, l’assassinat du ministre de l’intérieur du président Gbagbo, Désiré Tagro ou celui d’IB, un des proches à Soro, sont d’autres faits, qui démontrent que la philosophie politique des pro-Compaoré, pro-Soro, pro-Ouattara, consiste à se débarrasser physiquement de tous ceux qui ne partagent pas leur idéologie politique propre à celle des terroristes qui gouvernent au moyen de la terreur. L’évocation d’attaques disparates de commissariats, l’assassinat de soldats ou de policiers innocents, par Soro et Bassolé pour venir à bout de l’armée, qui a encerclé le RSP n’est pas étrangère à la stratégie de conquête de la Côte d’Ivoire par leurs rebelles en 2002. Des gendarmes furent égorgés, des policiers tués dans des commissariats, des civils massacrés afin que « rien ne devienne comme avant », selon la logique militaire du général Bassolé. La corruption de l’armée ou des organisations internationales comme l’ONU par les partisans de Dramane Ouattara n’est un secret pour personne. Aïchatou Mindaoudou est quotidiennement au service de Dramane
Ouattara, malgré les arrestations arbitraires du régime d’Abidjan, malgré les assassinats non élucidés de personnes civiles ou d’officiers comme Dosso Massé, étrangement originaire de la région de Mankono comme IB. En conclusion l’on peut affirmer que les écoutes téléphoniques viennent, simplement, corroborer, couronner les faits, qui peuvent même s’en passer… Parler de montage, de prouesses technologiques serait une affirmation aberrante parce que les faussaires les plus aguerris seraient incapables de produire une oeuvre aussi parfaite dont l’analyse pourrait nous amener à écrire un livre d’une centaine de pages ou le scénario d’un film intitulé : « les terroristes en col blanc du régime de Dramane Ouattara (ou de Babi, d’Abidjan) » dans lequel il serait possible de faire ressortir le profil psychologique des partisans du rattrapage ethnique.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)