Promulgation de la loi sur la CEI: Comment Ouattara veut se maintenir au pouvoir

Par Le Nouveau Courrier - Promulgation de la loi sur la CEI. Comment Ouattara veut se maintenir au pouvoir.

Francis Wodié président de la CEI, et Alassane Ouattara chef de l'Etat.

Alassane Ouattara a promulgué, hier mercredi 18 juin 2014, la loi sur la Commission électorale indépendante (CEI)
adoptée par l’Assemblée nationale le 28 mai dernier. Mais que cache cette précipitation du chef de l’Etat seulement au
lendemain de l’arrêt du Conseil constitutionnel ?
Le chef de l’Etat a promulgué la
loi sur la nouvelle Commission électorale indépendante (CEI).
C’est ce qu’a annoncé le porteparole du gouvernement, Bruno
Koné, à l’issue du conseil des ministres hier. Décidément, Alassane
Ouattara attendait cette opportunité avec impatience. Puisque cette
décision est prise seulement 24 heures après l’arrêt du Conseil
constitutionnel sur sa saisine par groupe de députés – parmi lesquels un bon nombre de parlementaires Pdci – qui contestaient la conformité
de cette loi avec la Constitution. Selon le ministre de la
Poste et des TIC, cette nouvelle
Commission de 17 membres, qui a été contestée par l’opposition, sera
mise en place à la mi-juillet prochain en vue de préparer les élections
à venir. «Nous sommes dans le chronogramme global d’organisation
des élections en octobre 2015. Donc, le message est à nouveau renvoyé à
tous : les élections présidentielles auront lieu fin octobre 2015. Il
convient que tous ceux qui veulent y participer s’y préparent», soutient
Bruno Koné. Le locataire du palais présidentiel, habitué aux passages
en force, a donc réussi à faire passer cette loi controversée, contestée aussi bien par l’opposition que la société civile.
Quelles élections en 2015 ?
Mais de quelle élection parle le régime d’Abidjan alors qu’aucune
volonté n’est manifestée pour envisager les réformes institutionnelles
indispensables pour garantir un scrutin crédible ? Les supplétifs
FRCI et dozos, milices du pouvoir, sont toujours en armes sur l’ensemble
du territoire. Quelle sécurité
pour un scrutin aussi décisif ? Rien
n’est fait. Ouattara veut se maintenir au pouvoir. Et il travaille à cela.
Ne déclarait-il pas l’année dernière sur les antennes de RFI que l’opposition
n’est pas obligée de participer
aux échéances à venir ? C’est son souhait. C’est pourquoi, au lieu de
faire de la réconciliation une priorité et de créer les conditions à cet
effet, le régime persécute par sa politique de terreur, le Front populaire
ivoirien (Fpi) pour l’empêcher de se réorganiser de manière efficace.
Il maintient les cadres du parti de Gbagbo en exil, gèle leurs
avoirs et détient toujours des centaine des prisonniers politiques
pro-Gbagbo plus de trois ans après
la fin de la crise postélectorale.
C’est dans cette même logique que Ouattara a envoyé le président
Laurent Gbagbo à la Cour pénale
internationale (CPI) et continue de manoeuvrer pour le maintenir éloigné
de son pays. Jeune Afrique n’écrivait-il pas il y a quelques mois
que le pouvoir s’inquiétait d’une libération de Gbagbo ? En tout cas,
Ouattara, craignant que le Fpi ne reprenne le pouvoir, met tout en
oeuvre pour l’anéantir. Par la suite, il pourra éventuellement se tailler aisément un challenger factice pour l’accompagner dans une parodie d’élection.
Les calculs de Ouattara Manifestement, Ouattara déroule
progressivement son agenda caché.
C’est pour ne pas avoir d’opposition véritable aux futures élections que
le chef de l’Etat fait de la candidature unique au Rhdp tout un programme. Il a suivi avec un grand intérêt le dernier congrès de l’Udpci.
C’est donc sans surprise qu’il a appelé Albert Mabri Toikeusse pour
le féliciter dès sa reconduction à la
tête du parti. En réalité, il se réjouissait de la déclaration de soutien
à la candidature unique faite par le congrès. Il attendait du Pdci
ce même scénario quand le congrès d’octobre dernier a souhaité que le
parti présente un candidat. C’est désillusionnés, perturbés et en
colère que les caciques du parti au pouvoir brocardent régulièrement le parti d’Henri Konan Bédié – qui refuse jusque-là de donner une
position claire sur cette question de candidature unique.
Ouattara, dont l’état de santé a été particulièrement préoccupant depuis son opération de la sciatique en février dernier, est dans les calculs
à courte vue facilement perceptibles.
Mais le Fpi et ses alliés ont-ils dit leur dernier mot ?
Manifestement pas. L’actualité de la CPI, où est injustement détenu
Gbagbo, ne doit pas être négligée.
Des bouleversements importants
peuvent intervenir à tout moment !

Par Anderson Diédri