Prix Nobel: Le Nobel 2013 de la paix récompense l'OIAC

Par Le Monde.fr avec AFP | Le Nobel 2013 de la paix récompense l'OIAC.

Le prix Nobel de la paix a été décerné, vendredi 11 octobre, à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), chargée actuellement de superviser le démantèlement de l'arsenal chimique syrien, en dépit des pronostics qui donnaient la jeune Pakistanaise Malala Yousafzaï gagnante.
Le travail de l'OIAC, qui œuvre dans la discrétion depuis quinze ans, est sous les feux des projecteurs depuis qu'elle a été chargée par la résolution 2118 du Conseil de sécurité de l'ONU, le 28 septembre, de superviser le démantèlement d'ici au 30 juin 2014 de l'imposant arsenal chimique du régime syrien.

"Je sais que le prix Nobel de la paix nous aidera dans les mois qui viennent à promouvoir l'universalité de la convention", a réagi son directeur général, Ahmet Uzumcu. Il a au passage égratigné les Etats parties qui, comme les Etats-Unis et la Russie, n'ont pas totalement détruit leurs stocks avant la date limite d'avril 2012. "Quand des pays braquent les projecteurs sur les armes chimiques d'un autre pays, ils ont clairement la responsabilité d'accélérer la mise en œuvre de leurs propres engagements", a-t-il dit. "Les Etats-Unis ont fait de gros progrès mais ils sont en retard", a-t-il ajouté.

Anticipant d'éventuelles controverses, l'organisation du prix Nobel a tenu lors de l'annonce du lauréat à préciser que cette distinction n'a "pas été accordée à cause de la Syrie mais pour son travail de longue date".

"Il y a différentes manières d'œuvrer pour la paix", a rappelé le président du comité, Thorbjørn Jagland, en soulignant que que cette distinction n'était pas "eurocentrique" mais "mondiale". "Les événements en Syrie, où des armes chimiques ont été utilisées, soulignent le besoin d'accroître les efforts pour se débarrasser de telles armes", a-t-il déclaré.

"UNE ORGANISATION DÉDIÉE À LA PAIX"

Méconnue du grand public, l'OIAC, dont le siège est à La Haye, a été fondée en 1997 pour mettre en œuvre et veiller à l'application de la Convention internationale sur l'interdiction des armes chimiques signée le 13 janvier 1993.

L'OIAC assure son
application
auprès des 189 Etats signataires. Elle est chargée de superviser à la fois la destruction des armes chimiques déclarées et l'arrêt des installations de production. "C'est une organisation profondément politique, dans laquelle on ne demande rien de moins aux Etats que de démilitariser. C'est, finalement, une organisation dédiée à la paix", affirme au Monde l'une des employées de l'organisation à La Haye.

Des échantillons rapportés par des inspecteurs de l'OIAC de retour de Syrie sont examinés.

Dans des conditions périlleuses, les inspecteurs de l'OIAC sont actuellement à pied d'œuvre sur le terrain syrien depuis le 1er octobre. En combinaison spéciale avec casque et gilet pare-balles, ils vont devoir s'assurer du démantèlement d'un arsenal qui serait composé de plus de 1 000 tonnes d'armes chimiques, dont 300 tonnes de sarin.

En plus de s'assurer que le processus de destruction de toutes les armes chimiques est irréversible, l'organisation prend des mesures propres visant à mettre fin à la fabrication d'armes chimiques. Les inspecteurs de l'organisation rappellent qu'une gouttelette d'agent neurotoxique, pas plus grosse qu'une tête d'épingle, suffit à tuer un adulte en quelques minutes après exposition.
Qui est l'OIAC, lauréate du prix Nobel 2013 ?

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Méconnue du grand public, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), dont le siège est à La Haye, a obtenu le prix Nobel de paix 2013. Elle a été fondée en 1997 pour mettre en œuvre et veiller à l'application de la Convention internationale sur l'interdiction des armes chimiques signée le 13 janvier 1993.

Dans les faits, l'OIAC assure l'application de la convention auprès des 189 Etats signataires. Elle est chargée de superviser à la fois la destruction des armes chimiques déclarées et l'arrêt des installations de production. "C'est une organisation profondément politique, dans laquelle on ne demande rien de moins aux Etats que de démilitariser. C'est, finalement, une organisation dédiée à la paix", affirme au Monde l'une des employées de l'organisation à La Haye.

"ON ARRIVE TOUJOURS AU CONSENSUS"

Les débats devant l'assemblée annuelle de l'organisation, organisée tous les ans, "y sont durs", ajoute un diplomate représentant son Etat à l'OIAC. Des sessions à huis clos, au cours desquelles "les Etats se mettent sur la gueule, mais après des heures de débats, on arrive toujours au consensus". Les Etats se présentent volontairement devant elle et après avoir ratifié, révèlent leurs secrets : les listes des installations de mélange des produits chimiques puis de chargement des armes. Enfin, le stock de leurs arsenaux, qui sont soumis dès lors au regard des inspecteurs.

Au 31 juillet 2013, 81,10 % des 71 196 tonnes d'agents chimiques et 57,32 % des 8,67 millions de munitions déclarées ont été détruits sous vérification de l'OIAC. Les stocks restants sont principalement russes et américains. Seuls la Corée du Nord, l'Angola, l'Egypte et le Soudan du Sud n'ont ni signé ni ratifié la convention. Israël et la Birmanie ont signé le document dès 1993 mais ne l'ont pas fait ratifier par leur Parlement.

Actuellement, les inspecteurs de l'OIAC sont à pied d'œuvre en Syrie et ce depuis le 1er octobre. En combinaison spéciale avec casque et gilet pare-balles, ils vont devoir s'assurer du démantèlement d'un arsenal qui serait composé de plus de 1 000 tonnes d'armes chimiques, dont 300 tonnes de sarin.

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