Présidentielle de 2015 en Côte d'Ivoire: Voici le document-projet de la nouvelle Coalition que propose Essy Amara

Par Aujourd'hui - Présidentielle de 2015 en Côte d'Ivoire. Voici le document-projet de la nouvelle Coalition que propose Essy Amara.

Essy Amara.

Le presidium de la CNC a reçu la semaine dernière un projet de nouvelle coalition réalisé par des partisans du ministre Amara Essy. C’est un document de six pages intitulé coalition nationale pour le changement démocratique (CNCD). Le document se veut une proposition concrète sur la nature du changement, ainsi que sur la problématique de la candidature unique qui aurait rendu difficile la signature de la charte de la CNC par l’ancien président de l’UA. La CNCD exige également l’organisation des états généraux de la République sur des questions précises ou, dans le cas contraire, la tenue d’un dialogue national sous l’égide des organisations internationales telles que l’ONU, l’Union Européenne, la CDEAO, l’Union Africaine, la France, les Etats Unis, la Grande Bretagne, l’Afrique du Sud et l’Angola.
L’ancien ministre de la fonction publique Atsain Achi, que nous avons joint hier au téléphone en tant qu’un des initiateurs de la CNCD, assure que la coalition nationale pour le changement démocratique (CNCD) n’est pas un projet parallèle à celui de la coalition nationale pour le changement (CNC). Bien au contraire ! Le document de six pages intitulé « Coalition nationale pour le changement démocratique » n’est qu’un projet de déclaration politique qui doit logiquement constituer une deuxième étape après la signature de la charte de la CNC. « Les meetings dans les quartiers, c’est bien mais il faut passer à une autre étape et rendre le changement possible », a-t-il souligné. C’est donc pour cette raison qu’en accord avec le numéro deux du candidat qui n’est autre que le ministre Emile Constant Bombet, cette déclaration politique a été rédigée puis envoyée à Mamadou Koulibali pour avis. « Ce n’était pas pour qu’il atterrisse dans un journal. Mais c’est vous qui voyez », a-t-il encore dit, un brin fataliste. Les curiosités de la CNCD sont pourtant nombreuses. A commencer par son appellation, CNCD, contre la CNC initiale. Mais selon le ministre, il ne s’agirait que d’une simple précision de la nature du changement, à savoir un changement démocratique. Malgré tout, le contenu de la CNCD semble lancer un appel à une union à venir.

« Décidons ce jour………… … de la création de Coalition pour le Changement Démocratique en Côte d’Ivoire en sigle : CNCD et œuvrons à réaliser ce qui suit : Coalition pour le Changement Démocratique en Côte d’Ivoire (CNCD) s’engage dans la mobilisation des partis politiques qui ne sont pas au pouvoir, des candidats indépendants déclarés à l’élection présidentielle 2015 et les forces vives démocratiques de la Côte d’Ivoire et la création de la synergie indispensable pour l’unité et le changement global urgent en Côte d’Ivoire ; Un appel est lancé pour l’union et l’unité sacrés de tout le peuple ivoirien autour de notre mère commune qui est gravement malade et au bord d’un précipice encore sanglant ; L’organisation des états généraux de Côte d’Ivoire qui devient obligatoire pour éviter à la Côte d’Ivoire de sombrer davantage dans l’anarchie, l’arbitraire, le totalitarisme et jeter irréversiblement les base d’une nouvelle Côte d’Ivoire vraiment d’hospitalité, d’unité, de tolérance, de solidarité, de paix, de stabilité et de cohésion sociale plaçant au cœur de sa nouvelle gouvernance la primauté de la loi et la soumission à la loi et le respect et la protection des droits de l’Homme tels que prescrits par notre constitution et traduit par notre hymne national», note le document. Mais Atsain Achi s’en défend et estime que c’est une question de présentation pour ce type de document. Il n’empêche que le document évoque des sujets qui intéressent particulièrement le clan Essy, telle que la question de la candidature unique sur laquelle partisans d’Essy et les autres membres du presidium n’ont pu s’entendre. Le projet de la CNCD estime en effet qu’il « est urgent de mobiliser tout le peuple ivoirien du pays et de la diaspora autour d’un leader responsable et crédible », ce qui n’avait pas été le cas dans la charte de la CNC. Autre changement notable, l’organisation des états généraux de la République pour y résoudre des questions qui vont parfois au-delà de celles évoquées par la CNC, et précisément dans le cadre de la réconciliation nationale. On note aussi que la question de la libération de Gbagbo n’est plus aussi solennisée que dans le préambule de la CNC et que le clan Essy note, de manière précautionneuse, que les affrontements de la crise postélectorale sont le résultat d’un « système pernicieux des cercles vicieux (qui) s’est accentué avec les profonds ratés du processus électoral du 28 novembre 2010, qui a conduit à une confrontation armée entre le camp Alassane Ouattara et le camp Laurent Gbagbo ». On note aussi chez la CNCD sa stratégie d’internalisation de la résolution de cette crise électorale avec un dialogue national qui s’ouvrirait alors, en cas d’échec des états généraux, sous la médiation de la communauté internationale, en plus des deux mastodontes africains, notamment l’Afrique du sud et l’Angola. Pour que chaque lecteur se fasse sa propre idée de ce projet dont le presidium de la CNC a eu copie jeudi dernier, nous reproduisons intégralement le dit document. Le lendemain, nous publierons le document du second groupe, toujours dans le camp Essy qui a également son propre projet de charte.

Déclaration politique

Nous acteurs ivoiriens, filles et fils de la Côte d’Ivoire, émanant de toutes les tendances, à savoir : partis politiques, candidats indépendants, organisations et associations de la société civile, organisations culturelles ; intellectuels et personnalités indépendantes, mouvements divers en Côte d’Ivoire et dans la diaspora ivoirienne à travers le monde ;
Considérant la profonde division et la crise de confiance généralisée dans lesquelles se trouve notre pays, la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, et consécutives aux crises politiques successives des vingt dernières années ;
Considérant que la Côte d’Ivoire se trouve depuis 1960 dans un système d’exercice démocratique du pouvoir où aucun président n’a pas passé ses charges à son successeur dans une transition normale et qu’il y a urgence de remédier à cette situation ;
Considérant que le système pernicieux des cercles vicieux s’est accentué avec les profonds ratés du processus électoral du 28 novembre 2010, qui a conduit à une confrontation armée entre le camp Alassane Ouattara et le camp Laurent Gbagbo et, par conséquent, créé un sérieux doute sur la légitimité du pouvoir en place et alimente jusqu’à ce jour le désir de recherche et de connaissance de la vérité des urnes ;
Considérant la nécessité impérieuse de revenir à la normalité politique par la tenue d’élections présidentielles et législatives crédibles incontestables ;
Considérant que les autorités et leaders notamment politiques ivoiriens n’ont pas été capables, depuis les accords de LinasMarcoussis, de Pretoria et de Ouagadougou de créer un vrai climat de justice et de réconciliation nationale, de construire une armée républicaine professionnelle, d’assurer la sécurité effective des biens et des personnes ;
Préoccupés par les atteintes graves aux droits de l’homme dans notre pays à la lumière de l’instrumentalisation des forces de sécurité, du recours aux forces illégales et aux dozos, des arrestations arbitraires, de la dispersion violente des rassemblements politiques, des manifestations revendicatives des travailleurs et des étudiants, qui contrarient l’avènement de l’Etat de droit et annihile tous efforts dans le cadre de la promotion de la bonne gouvernance ;
Préoccupés par les violations des résidences privées et des quartiers généraux ou domiciles des chefs de partis politiques, particulièrement du FPI et de son leader Laurent Gbagbo ; les attaques contre les candidats indépendants et la séquestration des collaborateurs des candidats indépendants ;
Notant la violation du code électoral par le RHDP dans le démarrage prématuré de la campagne électorale sous couvert de visites d’Etat de son candidat et par l’utilisation abusive des moyens d’Etat par le RHDP au profit de son candidat ;
Notant la subordination de toutes les institutions clés de l’élection présidentielle à la personne du candidat du RHDP ; la confiscation des medias d’Etat par le candidat du RHDP ;
Notant le choix unilatéral du candidat du RHDP de la structure chargée de confectionner les listings et autres documents électoraux au mépris des règles d’appel d’offres instituées par la règlementation en matière de passation des marchés publics ; Notant la multiplication des « barrages » administratifs et financiers pour l’établissement des cartes nationales d’identité ; la confiscation par l’Office National d’Identification (ONI )des cartes nationales d’identité déjà établies ; et la fraude organisée dans l’établissement des documents administratifs pour l’obtention des documents électoraux ;
Soulignant la nécessité de l’application effective de l’article 35 de la constitution relatif à l’éligibilité à la présidence de la république ;
Soulignant la nécessité urgente de démanteler ou désarmer les forces illégales, de retourner les dozos dans leur lieu de résidence originelle, d’identifier et de désarmer les forces combattantes régionales encore présentes en Côte d’Ivoire ;
Soulignant la nécessité urgente de rétablir la confiance entre le gouvernant et le gouverné ; entre l’employeur et l’employé ; entre l’intellectuel et l’analphabète ; entre les forces de l’ordre et la population ; entre le monde rural et le monde urbain ;
Soulignant la nécessité de mettre fin à l’immixtion des gouvernants dans la vie des partis politiques et l’interférence de la justice dans la conduite des affaires des dits partis conformément aux dispositions de la loi relative aux associations et partis politiques, d’une part, et à leurs statuts et règlements intérieurs d’autre part ; Soulignant la nécessité impérieuse d’asseoir la Côte d’Ivoire sur le respect de la loi et la soumission de tous à l’autorité de la loi ; sur une justice impartiale et efficace ; sur l’ordre plutôt que le désordre ; la justice plutôt que l’injustice ; la vertu plutôt que le vice ; la morale plutôt que l’immoral ; la probité et l’intégrité plutôt que les détournements et les enrichissements illicites et la corruption généralisée. Soulignant la priorité, d’une vraie et sincère réconciliation comme l’ont souligné nombre d’interlocuteurs avisés de la crise ivoirienne, particulièrement le président français François Hollande, lors de sa visite en Côte d’Ivoire indiquant qu’ « il y a tellement de pays encore aujourd’hui où il y a des interdictions, où il y a des empêchements, où les élections ne sont pas démocratiques et lorsqu’elles peuvent l’être, il faut saisir cette opportunité pour assurer la réconciliation ».
Et le président français de poursuivre : « la réconciliation, c’est de pouvoir avoir une dispute dans le cadre commun qui est celui du Parlement ou celui de l’élection présidentielle. La démocratie, c’est la dispute organisée. Et quand il n’y a pas de dispute, c’est la crise, la violence » ; tout comme lors de la présentation des vœux de nouvel an à la Présidence de la République, par le Nonce Apostolique, Joseph SPITERI, doyen de corps diplomatique et représentant des organisations internationales, accréditées en Côte d’Ivoire en ces termes : « certainement que nous serions tous plus heureux si nous pouvions constater que la vitesse qu’on observe dans le développement économique est la même dans le processus de réconciliation nationale et dans la réalisation des projets favorisant l’élimination de la pauvreté .
En invitant la Côte d’Ivoire à continuer dans ses efforts pour améliorer le climat des affaires afin qu’elles puissent attirer plus d’investisseurs et réaliser son ambition de devenir un pays émergent, nous réitérons notre souhait que cette croissance soit inclusive pour bénéficier à l’ensemble des Ivoiriens. Pour le traduire en réalité, il sera nécessaire d’avancer encore sur le terrain difficile mais pas impossible de la réconciliation nationale ».
Entendu que la Côte d’Ivoire ne peut parvenir à une vraie et sincère réconciliation nationale sans une justice impartiale et équitable qui doit fonctionner avec célérité afin de statuer sur les cas des prisonniers politiques qui méritent d’être libérés et sans verser des compensations adéquates à tous ceux qui ont perdu des biens ou ont été spoliés pendant les deux crises majeures que la Côte d’Ivoire a connues en 2002 et 2010- 2011 ;
Rappelant que l’heure est à l’union sacrée et à la mobilisation tous azimuts des vrais fils et filles de Côte d’Ivoire et en conciliation et réconciliation profonde pour combattre l’imposture, la dictature et le totalitarisme tels que imposé par le régime. Mus par l’esprit de tous ceux qui ont versé leur sueur et parfois leur sang, esprit inamovible de l’unité et de l’union de la libération, de la dignité, de la prospérité et de la grandeur ;
Convaincus qu’en Côte d’Ivoire, la justice, la paix, le dialogue et la réconciliation nationale valent mieux que la vengeance, la revanche et les règlements de comptes avec l’obligation de la réparation ;
Considérant l’impérieuse nécessité de la réconciliation du peuple ivoirien avec Dieu, avec lui-même, son sol, son espace et ses ancêtres ainsi qu’avec ses voisins et les autres peuples du monde ;
Très attachés aux grandes valeurs de la justice, de la paix, de la liberté, de la solidarité, de la démocratie, de la bonne gouvernance ; du respect des droits de l’Homme et des peuples, proclamés par les instruments internationaux et régionaux des Nations Unies et de l’Union africaine ;
Considérant comme légitime la détermination du peuple ivoirien de bâtir une nouvelle et vraie Côte d’Ivoire inclusive et débarrassée de la misère et de la pauvreté ambiantes ;
Conscients que l’instabilité généralisée de notre cher pays et les crises récurrentes y sont dues à la volonté manifeste des puissances traditionnelles et émergentes d’accéder à vil prix aux ressources stratégiques du pays, pour ne pas dire de les piller avec la complicité des fils du pays ;
Conscients que cette situation appelle le développement d’une nouvelle intelligence qui permette l’harmonisation des intérêts des uns et des autres dans le contexte tendu et angoissant de la mondialisation,
Conscients que la situation grave et urgente de la Côte d’Ivoire appelle l’avènement d’une nouvelle classe politique ivoirienne responsable, compétente, visionnaire, patriote et humaniste, non noyée dans la corruption, la tricherie, les fraudes, les crimes et la trahison avérée du pays et du peuple ivoirien ;
Conscients que le changement doit être préparé maintenant et que demain n’est pas à attendre mais à inventer, dans la mesure où même 2015, c’est demain matin et demain matin se prépare aujourd’hui ;
Attendu qu’il y a urgence de mobiliser tout le peuple ivoirien du pays et de la diaspora autour d’un leader responsable et crédible ;
Attendu que la diaspora ivoirienne doit être associée au processus du grand changement en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’accomplissement du rêve de ceux qui ont versé leur sueur et leur sang ;
Décidons ce jour…………… de la création de Coalition pour le Changement Démocratique en Côte d’Ivoire en sigle : CNCD et œuvrons à réaliser pour ce qui suit : Coalition pour le Changement Démocratique en Côte d’Ivoire (CNCD) s’engage dans la mobilisation des partis politiques qui ne sont pas au pouvoir, des candidats indépendants déclarés à l’élection présidentielle 2015 et les forces vives démocratiques de la Côte d’Ivoire et la création de la synergie indispensable pour l’unité et le changement global urgent en Côte d’Ivoire ;
Un appel est lancé pour l’union et l’unité sacrés de tout le peuple ivoirien autour de notre mère commune qui est gravement malade et au bord d’un précipice encore sanglant ;
L’organisation des états généraux de Côte d’Ivoire qui devient obligatoire pour éviter à la Côte d’Ivoire de sombrer davantage dans l’anarchie, l’arbitraire, le totalitarisme et jeter irréversiblement les base d’une nouvelle Côte d’Ivoire vraiment d’hospitalité, d’unité, de tolérance, de solidarité, de paix, de stabilité et de cohésion sociale plaçant au cœur de sa nouvelle gouvernance la primauté de la loi et la soumission à la loi et le respect et la protection des droits de l’Homme tels que prescrits par notre constitution et traduit par notre hymne national. Les Etats Généraux sont bâtis autour des questions ci-après :
-l’application effective de l’article 35 de la constitution ;
- le retrait des forces illégales des parcs nationaux et des réserves naturelles, ainsi que des villages et campements ;
- la clarification du rôle des forces conventionnelles de défense ;
- le retour des dozos dans leur lieu de résidence habituel ;
- le démantèlement des milices et de toutes les forces irrégulières ;
- la fin de l’accaparement des terres des Ivoiriens par des populations étrangères ;
- la sécurisation des élections, la sécurité des candidats et de leurs états-majors ;
-le respect des droits de l’Homme, des libertés civiles et politiques ;
- la libération des prisonniers politiques et la fin des arrestations arbitraires ;
-la mise en place d’une Commission Electorale Indépendante véritablement consensuelle ;
- le choix consensuel de la structure chargée de produire la liste électorale et tous les autres documents électoraux ;
- le consensus sur le mode de compilation et de centralisation des résultats ;
- la fin de l’interférence de la Justice dans les affaires internes de partis politiques ;
- la fin de l’immixtion du pouvoir en place dans la vie des partis politiques ;
- la révision de la liste électorale ;
- l’accès des partis politiques, des candidats indépendants et des forces vives aux médias ;
- le rôle des forces de sécurité ;
- la tenue des rassemblements des partis politiques tels que consacrés par la constitution ;
- la fin de la campagne prématurée du candidat du RHDP sous le couvert de visites d’Etat ;
- l’interdiction de l’utilisation des moyens d’Etas lors de la campagne électorale.
Les conclusions de ces Etats Généraux vont servir d’input pour la suite des rapports entre le pouvoir en place et la CNCD. Si le pouvoir en place et la CNCD ne parviennent pas à se mettre d’accord sur tous ces points, alors il convient d’exiger le report de l’élection présidentielle du mois d’octobre 2015. La CNCD exige, pour ce faire, la tenue d’un Dialogue National sous l’égide de la Communauté Internationale représentée par l’Organisation des Nations Unies, l’Union Européenne, la CDEAO, l’Union Africaine, la France, les Etats Unis, la Grande Bretagne, l’Afrique du Sud et l’Angola.
Vive la Côte d’Ivoire ! Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

Fait à Abidjan le …..

Par Sévérine BLE (Aujourd’hui / N°899)