Présidentielle: AFFI, MONSIEUR 9% !

Par Aujourd'hui - Présidentielle: AFFI, MONSIEUR 9% !

Affi N'guessan lors de la signature du code de bonne conduite.

De toutes les images, celle-ci restera dans l’histoire. Car Affi N’guessan qui est entré dans une crise ouverte avec le fondateur du FPI pour aller à ces présidentielles n’y a retiré que de l’humiliation.
Visage fermé et défait, Pascal Affi N’guessan est arrivé hier à la conférence de presse avec un discours rôdé. Le boycott lancé par ses anciens camarades du FPI et son succès sur le terrain étaient pour ainsi dire strictement interdits. De fait, lorsqu’il s’est agi d’expliquer la forte abstention sur le terrain, il l’a expliquée par le traumatisme vécu par les populations.

« Appréhendant l'échéance électorale comme une grave menace à leur sécurité, ces populations se sont abstenues d'aller voter», a-t-il dit sans jamais évoquera réalité du boycott.
Le conférencier a également affirmé que «les taux de participation "record de 80 à 100%" dans certaines zones du pays - notamment dans le nord, les fiefs électoraux de Ouattara - ne sont "pas un signe de santé démocratique mais plutôt la traduction d'une prise en otage et d'une absence de la liberté d'expression et d'opinion dans ces régions », ajoutant que notre pays avait un problème de démocratie.
« Tout ça pour ça ? » commentaient pourtant hier la plupart des militants du FPI qui n’ont pas cédé aux chants des sirènes des pro-Affi. Ces derniers étaient largement moqués comme l’ancien ministre des affaires étrangères de Gbagbo Alcide Djédjé, fer de lance du «Tout sauf Gbagbo ».
Ceux qui ont suivi l’ancien président du FPI dans son aventure se montraient ainsi tous déçus hier. Sans doute un peu plus après que Affi N’guessan eut renoncé à dénoncer les prétendues fraudes qui l’auraient empêché d’obliger Alassane Dramane Ouattara à l’affronter dans un deuxième tour.
A Abidjan d’ailleurs, tous les observateurs attentifs attendent désormais avec intérêt le prochain gouvernement d’Alassane Dramane Ouattara.

Les proches d’Affi N’guessan ont en effet recruté la plupart de leurs cadres sur la foi d’une nomination au gouvernement et dans certaines institutions du pays. «Ce serait la seule façon de maintenir Affi N’guessan dans le jeu politique », pronostiquait un homme d’affaires plutôt bien averti. L’ancien premier ministre de Gbagbo a pourtant tout essayé pour inverser la tendance.
Alors qu’il n’avait pas voulu au départ associer l’image de l’ancien président à sa campagne sur le pagne confectionné à l’occasion de son investiture, il a finalement tenté un forcing dans la deuxième partie de la campagne électorale en promettant la libération de Gbagbo à ceux qui le voteraient et en laissant son journal écrire que Gbagbo avait exprimé un soutien en sa faveur.
Mais Laurent Gbagbo avait ensuite fait une déclaration pour démentir ces allégations, affirmant qu’il se concentrait sur son procès qui devait initialement s’ouvrir le 10 novembre mais qui vient à nouveau d’être reporté.

La folle aventure qui a créé la plus grande crise au FPI vient donc certainement de prendre fin. Tout le monde se demande en effet comment l’ancien premier ministre pourrait se relever d’une telle défaite, d’autant plus que sa sévérité met fin au débat sur la légitimité d’Affi N’guessan en interne. C’est pourtant le contraire qu’il fit croire à ses partisans, évoquant tour à tour la jalousie de ses anciens camarades parce que Gbagbo l’avait préféré à eux.
Des ex-camarades qui l’ont toujours accusé d’avoir mis certains d’entre eux en prison en s’appuyant sur la justice du pouvoir qu’Ai aurait lui-même qualifiée d’être son gourdin.
Tout avait en effet commencé par l’appel au boycott du recensement général de la population initiée par Affi lui-même.
Mais alors que le comité central conditionnait la reprise du dialogue avec le pouvoir par la satisfaction
des ¾ des revendications acceptées, l’ancien premier ministre avait demandé à l’issue de la rencontre avec Jeannot Ahoussou Kouadio à mettre fin au dit boycott provoquant ainsi les premières crispations. Celles-ci ne vont plus jamais s’arrêter, chaque jour accroissant la crise.
Affi qui entendait récupérer l’appareil du parti se lança alors dans une vaste opération de chaises musicales. Forcé ensuite de convoquer un congrès extraordinaire, il tenta néanmoins d’en exclure l’ancien président dont il nia tous les actes, y compris l’acte notarié.
Affi supervisa ensuite la répression du congrès de Mama après avoir fait bloquer la tenue les assisses de celui prévu à Treichville. Soutenu par un pouvoir qui réprimait les militants du parti, Affi
est finalement tombé de haut depuis dimanche après avoir organisé un congrès par ses supporteurs et s’être investi comme leur candidat.
Il n’a obtenu que 9%, soit quelque 290.000 voix sur plus de six millions d’électeurs potentiels. Affi est même tombé dans la plupart des fiefs traditionnels de Gbagbo, ce qui montre le niveau de rejet dont il fait l’objet dans le coeur des militants du front populaire ivoirien

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