Nicolas Sarkozy rend visite à Valdimir Poutine : une faute et 5 aveux de faiblesse

Par LeNouvelObs - Nicolas Sarkozy rend visite à Valdimir Poutine. Une faute et 5 aveux de faiblesse.

Le président russe Vladimir Poutine recevant Nicolas Sarkozy en novembre 2012. (N. KOLESNIKOVA/AFP POOL/AFP).

Par Thierry de Cabarrus
Chroniqueur politique

LE PLUS. Nicolas Sarkozy est attendu à Moscou ce mercredi 28 octobre pour y rencontrer Vladimir Poutine jeudi. L'ancien président de la République n’hésite pas à remettre en cause la diplomatie française et à instrumentaliser sa visite à Moscou à des fins purement politiciennes. Pour notre chroniqueur, cette faute met en relief cinq graves aveux de faiblesse.

Édité par Louise Auvitu
Nicolas Sarkozy s’envole ce soir pour Moscou où il va rencontrer Vladimir Poutine, le nouveau maître du jeu en Syrie qui n’hésite pas à défier l’Occident dans un dangereux bras de fer.

Par cette visite déplacée et irresponsable (la troisième), l’ancien président donne l’occasion au président russe d’affaiblir un peu plus la diplomatie française dans le seul but de tenter d’acquérir, aux yeux de son camp, une image d’autorité et d’homme d’état qu’il avait perdue.

Or, contrairement à ce qu’il espère, Nicolas Sarkozy ne fait que multiplier les aveux sur ses propres faiblesses, et donner aux Français et particulièrement à ses amis de LR, de bonnes raisons de ne pas le choisir lors de la primaire de novembre 2016.

Personnellement, j’en ai relevé cinq.

1. Finalement, il n’est pas gaulliste

François Baroin avait fait naître le doute chez Les Républicains en osant affirmer que Nicolas Sarkozy était plus gaulliste qu’Alain Juppé et que "l’immense majorité" des héritiers du général de Gaulle préféraient l’ancien président à celui que Jacques Chirac appelait "le meilleur d’entre nous".

Ils ont la preuve que le député-maire de Troyes disait n’importe quoi, par pure exécration du maire de Bordeaux. Car ce comportement irresponsable qui consiste à affaiblir la voix de la France est la preuve que Nicolas Sarkozy ne respecte rien, y compris le domaine régalien de la politique étrangère de son successeur qui, selon la religion gaulliste, ne doit jamais être remise en cause sous peine d’affaiblir la France.

2. Il se prend pour le président bis

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy fait un terrible aveu de faiblesse en se prenant pour le président bis alors que les Français ont rejeté sa candidature en mai 2012.

Or, il est à la fois vain et puéril de la part de l’ancien chef de l’État de faire comme si, en dépit des résultats démocratiques qui l’ont éjecté du pouvoir, il avait une quelconque légitimité à se rendre à Moscou.

On dirait que personne n’ose révéler à Nicolas Sarkozy qu’il n’est plus président de la République, lui qui se comporte exactement comme s’il était encore au pouvoir, organisant autour de lui un "shadow cabinet", recevant systématiquement rue de Vaugirard les professionnels qui refusent la politique de François Hollande, et organisant des visites à l’étranger dans le seul but de se faire mousser auprès de ses partisans.

3. Il se disqualifie auprès d’un dictateur

Nicolas Sarkozy devrait se rappeler qu’il n’est pas un citoyen comme les autres et qu’avoir été le sixième président de la République française lui donne des devoirs.

Par exemple, celui de ne pas se comporter en irresponsable égoïste comme Gérard Depardieu qui, pour soigner des blessures d’amour-propre (après tout, les Français l’ont rejeté et il ne semble pas s’en remettre), est allé faire allégeance auprès du dictateur Vladimir Poutine.

Cette irresponsabilité que l’on peut pardonner à un immense artiste qui se sent mal aimé en France, on ne peut l’accepter d’un homme d’État qui prétend avoir les qualités pour être de nouveau choisi par les Français et redevenir leur président en 2017.

4. Il fait de l’anti-France par haine de Hollande

Finalement, chacun se rend bien compte que le moteur qui pousse Nicolas Sarkozy jusqu’au Kremlin n’est autre que sa haine de François Hollande et son désir de prendre sa revanche sans attendre de passer par les urnes.

Voilà qui ne pourra qu’être considéré au minimum comme une maladresse par ses propres amis, voire comme une trahison par des personnalités telles que le gaulliste Henri Guaino.

Car au bout du compte, Nicolas Sarkozy ne fait rien de moins que de l’anti-France en contredisant de tout son poids la politique officielle de notre pays incarnée par François Hollande.

On se souvient que début octobre, après avoir reçu le président russe à l’Élysée, le chef de l’État avait fait ce constat à la fois navré et définitif :

"Vladimir Poutine n’est pas notre allié en Syrie".

5. Il fait de la basse politique intérieure avec BFMTV

Mais alors, puisque Nicolas Sarkozy n’a absolument aucun mandat pour parler au nom de la France avec Vladimir Poutine, qu’est-il venu faire à Moscou ? Tout simplement faire de la basse politique intérieure sur le dos du Kremlin en instrumentalisant sa visite à des fins purement personnelles et politiciennes.

D’ailleurs, l’ancien président ne s’en cache même pas, lui qui a déjà négocié pour demain soir une interview d’une heure sur BFMTV en direct de Moscou, afin de s’adresser aux téléspectateurs français, comme s’il y avait une quelconque urgence à le faire de Russie, autre que son désir irrépressible d’occuper la scène politique française.

Son entourage a beau nous dire qu’il a un programme chargé en Russie, ajouter par exemple qu’il fera une conférence devant les étudiants russes en précisant que, pour une fois, cette dernière n’est pas rémunérée, il ne trompe personne : cette escapade à Moscou n’est évidemment pas gratuite et Nicolas Sarkozy compte sur ses retombées médiatiques pour impressionner les téléspectateurs français les plus naïfs dans la perspective qui l’obsède, celle de 2017.

Reste à savoir si, avec tous ces aveux, elle se révèlera payante aux primaires…

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