Municipales et régionales du 21 avril: Le RDR, un parti abonné à la fraude

Par EventNews TV - Ouattara face à son destin (l’analyse de Tidiane Houla).

PHOTO: Une du quotodien Nord Sud (26/04). Amadou Soumahoro, secrétaire général du RDR, bien que battu à Séguela, refuse de reconnaître sa défaite.

« Madame la procureure, je crois que c’est celui qui n’a pas gagné les élections qui sème les troubles…Donc le fond du problème demeure : qui a gagné les élections ? » Cette phrase est de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Il s’adressait ainsi aux juges de la CPI le 28 février dernier lors de son audience de confirmation des charges. Une réaction qui faisait suite à l’exposé liminaire du procureur Fatou Bensouda qui affirmait au cours de cette même audience qu’« ici, il ne s’agit pas de qui a gagné ou perdu les élections en CI. Il ne s’agit pas de question politique... » Alors que la CPI à commencer par le bureau du procureur parle de crimes commis lors des violences postélectorales en Côte d’Ivoire.

Bref. Avec ce que nous vivons actuellement en Côte d’Ivoire après les élections couplées des municipales et régionales du 21 avril dernier, on est tenté de se demander, pourquoi autant de violence ? Qui sèmerait depuis lundi 22 avril des troubles en Côte d’ivoire ? Pourtant, ces élections sont censées mettre en compétitions les alliés politiques réunis au sein du RHDP (RDR, PDCI, MFA, UDPCI…), il est surprenant pour les observateurs que la coalition anti Gbagbo d’hier s’affronte en interne aujourd’hui. Une guerre qui verra certes la victoire de ceux qui ont choisi d’aller à la compétition sous la bannière « indépendantiste » mais aussi qui confirme l’influence du FPI sur la scène politique en Côte d’ivoire.
En effet, depuis sa chute le 11 avril 2011, le parti de Laurent Gbagbo aujourd’hui entre les mains de Miaka Ouretto ne semble pas être en phase avec les nouvelles autorités ivoiriennes. Après le boycott des législatives de décembre 2011, le FPI remet le couvert avec ces élections locales.
L’appel au boycott lancé par Miaka et ses camardes à la veille de ces élections qui bouclent ainsi la liste des scrutins électoraux d’avant la prochain élection présidentielle de 2015 semble avoir produit ses effets non sans donner le sentiment que même sans le FPI de Laurent Gbagbo, la violence continue en Côte d’Ivoire. Inutile de dresser ici la liste des communes touchées par ces violences postélectorales avec son corolaire de blessés et de morts. Entachant ainsi la crédibilité et la fiabilité des résultats. Ici le problème n’est pas tant le taux de participation ou d’abstention. Il faut voir en ces dernières élections le poids véritable des partis politiques en Côte d’Ivoire. Même avec 30% de participation comme annoncé par la CEI, le calcul nous ramènerait à nous poser la question suivante : A qui appartiendrait les 70% restant ? Même à deux, les deux plus grands partis politiques du pays selon le RHDP et la France de Nicolas Sarkozy qui justifiaient ainsi leur victoire aux élections présidentielles de novembre 2010, le PDCI et le RDR n’arrivent toujours pas à faire le plein. Même prenant le pronostic des plus cyniques qui situe le poids du FPI entre 20 à 25% en Côte d’Ivoire, on se rend bien compte que ces chiffres sont toujours au dessus de la moyenne des 30%. Alors, la question de qui a gagné les élections présidentielles de novembre 2010 demeure et elle est essentielle.
Les leçons de ces élections locales

On l’a vu et cela a été relayé par tous les médias du monde, les violences qui ont émaillé ces élections locales, sont du faite des contestations des candidats malheureux majoritairement issus du RDR.
Ce jeudi 25 avril, c’est la chaine de radio française RFI qui annonçait ceci : « Elections municipales et régionales : Tirs des FRCI à Adjamé…Quatorze blessés, dont trois grièvement hier mercredi 24 avril. L’ordre serait parti de la présidence, selon une source policière ». Voilà qui est clair. Le RDR de Alassane Ouattara n’a toujours pas renoncé à ses pratiques de violence. Lui qui a armé la rébellion de Soro Guillaume en 2002 avant d’appeler ses amis de la France pour kidnapper le président ivoirien Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, revient ici avec les mêmes armes et cette fois contre le plus vieux parti de Côte d’Ivoire, le PDCI, sans lequel il n’aurait pas pu justifier son coup de force de 2010.
« Les partisans de Ouattara sont devenus arrogant. Ils se permettent tout. Et je crains qu’ils fassent les mêmes erreurs du passé sous Gbagbo » s’inquiète un diplomate français présent à Abidjan.
En tout cas avec cette nette victoire des indépendantistes à ces élections, il est clair que ni le RDR ni le PDCI ne peuvent mobiliser aujourd’hui en Côte d’Ivoire, un pays encore sous le choque des violences postélectorales de novembre 2010. Pour beaucoup d’ivoiriens y compris dans tous les camps, seule une vraie réconciliation avec la libération de tous les prisonniers politiques, le retour de tous les exilés et surtout la présence de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo à la table des discussions peuvent garantir un climat de sérénité en Côte d’Ivoire.

De H.T /EVENTNEWSTV
NB: Le titre est de la rédaction