Mondial : les Bleus récitent leur football contre la Suisse (5-2)

Par Le Monde.fr - les Bleus récitent leur football contre la Suisse (5-2).

Karim Benzema, le 20 juin, face à la défense suisse. | AFP/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT.

Pour leur deuxième match du groupe E, après leurs débuts réussis contre le Honduras (3-0), les Bleus - qui pour l'occasion jouaient en blanc - se sont imposés sur un score encore plus large (5-2) contre la Suisse, vendredi 20 juin, à Salvador de Bahia. Giroud, Matuidi, Valbuena, Benzema et Sissoko ont tour à tour fait vaciller la défense suisse, qui a même failli repartir avec un sixième but à son passif, si M. Kuipers n'avait pas invalidé la lucarne de Benzema, coupable d'avoir déclenché son tir après le coup de sifflet final.

Ce large succès permet aux Français de faire un très grand pas vers les huitièmes de finale du Mondial 2014. L'Equateur ayant battu le Honduras un peu plus tard dans la soirée (2-1), la qualification n'est toutefois pas encore assurée et devra attendre le troisième match des Bleus, mercredi 25 juin, contre les Equatoriens.

Avec ces deux victoires initiales, après les fiascos de 2002 et 2010 où elle avait échoué dès les phases de poule, l’équipe de France attaque cette Coupe du monde sur les mêmes bases qu’en 1998. Année glorieuse où elle avait également remporté ses deux premiers matchs de l'épreuve, contre l’Afrique du Sud (3-0) et l’Arabie saoudite (4-0), avant de filer vers son premier titre mondial.
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Au Brésil, l’objectif revendiqué de la Fédération française de football (FFF) est plus mesuré : atteindre les quarts de finale. Face à la Suisse qui parade à la 6e place du classement de la FIFA, les Bleus doivent pour l'heure se contenter du 17e rang mondial. Ce qui ne les aura donc pas empêchés d'infliger cinq buts, ce soir, à un adversaire qui avait péniblement disposé de l'Equateur lors de son premier match (2-1).

En Coupe du monde, pareille félicité n'était plus arrivée à la France depuis son carton face à l’Allemagne de l'Ouest (6-3) lors du Mondial 1958 en Suède, compétition qu'elle avait bouclée à la troisième place. Mieux : grâce au festival de ce soir, la France dépasse même le cap des 100 buts inscrits dans le tournoi, elle qui en était à 99 depuis la semaine passée. Seuls le Brésil, l’Allemagne, l’Italie et l’Argentine en avaient déjà fait autant.
BENZEMA TANTÔT BUTEUR, TANTÔT PASSEUR

Coup sur coup, l'équipe de Didier Deschamps a ouvert la marque, et tout de suite aggravé le score, passé le quart d’heure de jeu. D’abord par l’entremise d’Olivier Giroud : titularisé aux dépens d’Antoine Griezmann, l’attaquant d’Arsenal a sauté plus haut que tout le monde sur un corner tiré côté droit (1-0, 17e). Sa reprise de la tête est venue se loger dans la lucarne droite de Diego Benaglio, dont le plongeon aura donc été vain.

Sitôt le ballon remis en jeu, la France a corsé le score. Après s’être emparé du cuir sur une mauvaise transmission suisse, Karim Benzema a servi sur sa gauche Blaise Matuidi, monté en contre-attaque. Le milieu de terrain parisien en a profité pour armer un tir puissant à ras de terre, angle fermé (2-0, 18e), laissant de nouveau Benaglio sans réponse.

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A quelques minutes de la pause, d'un plat du pied, le Marseillais Mathieu Valbuena a donné au match une tournure encore plus confortable sur un service d’Olivier Giroud, bien lancé en profondeur côté gauche, après un ballon récupéré dans la partie de terrain française (3-0, 41e).

La France aurait même pu regagner les vestiaires sur le score de 4-0, Diego Benaglio ayant repoussé un pénalty de Karim Benzema que ce dernier s'était lui-même procuré, poussant Johan Djourou à la faute (32e). A la retombée, la frappe de Yohan Cabaye heurtera la transversale de la Suisse.

A l'opposé du terrain, Hugo Lloris aura eu moins de travail à abattre pour préserver les cages françaises. Il s'y est toutefois employé avec succès à l'occasion d'un double arrêt, sur des tentatives de Shaqiri et Seferovic (30e), quelques instants après la frappe de Granit Xhaka, dont le but a été refusé pour cause de hors-jeu (27e)

Au retour des vestiaires, déjà auteur d'un doublé contre le Honduras, Karim Benzema y est lui aussi allé de son but. L'avant-centre a placé le cuir entre les jambes d’un portier suisse au supplice (4-0, 67e), à la conclusion d'une offrande de Paul Pogba, entré en seconde période. Ce même Benzema s’est ensuite mué en passeur décisif pour Moussa Sissoko, libre de tout marquage sur le côté droit de la surface, qui a trouvé la faille dans le petit filet opposé (5-0, 73e).

Dans le temps additionnel, Karim Benzema aurait pu apporter encore plus de relief à la victoire si son but n'avait été refusé par l'arbitre néerlandais de ce vendredi, M. Kuipers, lequel avait déjà sifflé la fin de la rencontre (90e + 4) lorsque le missile du Madrilène nettoya la lucarne gauche de Benaglio.

BLESSURE DE SAKHO

Alors qu’ils auraient pu totalement baisser pavillon, les Suisses ont réduit la marque à deux reprises en fin de rencontre. Perforant le mur tricolore, Blerim Dzemaili a trompé Hugo Lloris sur coup franc, aux 30 mètres (5-1, 81e). Du gauche, le milieu offensif Granit Xhaka a lui aussi pris en défaut le portier français, dans le dos de la défense (5-2, 87e).

Deux buts survenus alors que le défenseur central Mamadou Sakho, touché à la cuisse gauche, avait cédé sa place quelques minutes plus tôt à Laurent Koscielny (66e). Autre point négatif, après un deuxième carton jaune en autant de rencontres, le milieu de terrain Yohan Cabaye sera suspendu contre l’Equateur. Le 25 juin, les Bleus devront alors l’emporter pour s’assurer la première place du groupe E et éviter de croiser en huitièmes la route de l'Argentine, favorite de la poule F.

Il fallait remonter à 2006 pour trouver trace de la précédente – et jusqu’à présent la seule – confrontation franco-helvétique en Coupe du monde : en ouverture du Mondial allemand, la Suisse et la France s’étaient alors quittées sur un score de parité. Sans le moindre but de part et d’autre.

Adrien Pécout
Journaliste au Monde